J'arrive à la clinique en même temps que le transporteur. Je me présente à l'accueil et nous nous dirigeons vers le box de V. Quand je la vois je suis stupéfaite : elle est transformée. Son physique trahit ce qu'elle a traversé. Elle, si grassouillette à se gaver de foin depuis des semaines... elle a littéralement fondue ! De plus, son poil est partout collé de sueur séchée. J'imagine que les 48 dernières heures ont du être un calvaire.
A ma demande un vétérinaire lui injecte un tranquillisant pour le voyage. Le produit fait effet instantanément, V. marche au ralenti vers le camion et titube presque. J'espère qu'elle va réussir à se camper sur ses 4 sabots lors du trajet, manquerait plus qu'elle tombe !
Je reprends ma voiture et me place derrière le transporteur. Les deux heures qui vont suivre comptent parmi les pires de ma vie. Je roule derrière le camion qui contient ce que j'ai de plus précieux à cet instant et les autres usagers de la route se comportent n'importe comment sous mes yeux. Tout ce qui importe pour ces conducteurs c'est d'aller vite, ne pas rester coincé derrière ce camion lent et encombrant. J'hallucine des risques qu'ils prennent et surtout de ceux qu'ils font prendre à ma jument.
Il faut que je garde le contrôle étant moi même au volant. Pendant deux heures je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'accident. Je pense juste « pourvu qu'on arrive à la pension ». Je me demande aussi comment V. vit son voyage retour. A l'aller je la voyais dans la caméra du camion, c'était tellement rassurant. Là je dois faire confiance au transporteur pour détecter un éventuel souci. Sur une route étroite on croise un tracteur, je n'ai pas besoin de caméra pour savoir ça fait paniquer V. Je me sens impuissante à la protéger.
Pour finir on arrive quand même en un seul morceau à la pension. Je débarque V., le gérant est également frappé par son changement physique. Je ne me suis donc pas fait des idées. Elle reconnaît la pension et semble contente de revenir, ça me fait plaisir. Bien réveillée elle mange, son petit ventre ne devrait pas tarder à se reformer.
Je crois pouvoir souffler un peu à présent mais je me trompe.
A suivre