Bien me voilà rentré.
Un vaste sujet !
Je me permets de commencer par une citation :
"L'encapuchonnement est à considérer comme une défense... et la pire des défenses. C'est une faute équestre grave." Philippe Karl, DVD dressage classique n°1 "L'Ecole des Aides"
Rappelons qu'un cheval est considéré encapuchonné dès que le chanfrein est "ramené en arrière de la verticale" (Ph.Karl, Dérives du dressage moderne, p.24) par ce grand homme et beaucoup d'autres.
Tu me permettras de reprendre ta photo Lnacalamity :
oui bon ok, je l'ai un peu retouchée.
Constatons deux choses : Le chanfrein, doit j'ai simplement suivi la ligne grâce au trait rouge, et ben en deça de la verticale, matérialisée par le trait vert.
J'y vois malheureusement un cheval encapuchonné.
Deuxième chose : le point rose pointé par la flèche de même couleur est, anatomiquement, la nuque du cheval.
La ligne bleue est posée sur le point le plus haut de l'avant-main de ton cheval, on constate qu'une partie de son corps, en dehors du point sur lequel repose cette ligne bleue, ne se situe au dessus de cette ligne.
Par contre, on constate que la nuque est bien en dessous de cette ligne : la nuque n'est ici, absolument pas le point le plus haut.
Mes excuses, mais c'est pour moi un cheval encapuchonné, ramené vers le poitrail, et vu que la nuque est très loin d'être le point le plus haut, dont le poids est loin d'être derrière, mais bel et bien sur les épaules, puisque la nuque au point le plus haut est une condition nécessaire (mais pas suffisante, attention) du relèvement REEL et UTILE de l'encolure.
Enchainons sur d'autres citations pour développer mon propos :
Jean d'Orgeix, "Dresser, c'est simpl"
"Dès le début de l'éducation d'un cheval, il faut commencer à lui apprendre à relever son encolure en conservant sa nuque en point le plus haut" p.69
"Pourquoi ? (parlant du relèvement de l'encolure)
Pour de nombreuses raisons. Tout d'abord ce cheval est alors dans la plus complète légèreté, puisqu'il ne peut pas s'appuyer"
"Si l'encolure est complètement relevée, c'est toute la masse qui répondra aux actions demandant des reports de poids sur l'arrière main.
Enfin, le relèvement est l'évident et indispensable préparation à l'abaissement des hanches qui est la seule forme efficace de l'engagement des postérieurs"
p.70
"L'encolure haut, c'est les jarrets s'engageant aisément sous la masse, c'est la hauteur des actions de l'avant-main... la première condition du bon équilibre" James Fillis
"Le relèvement de l'encolure constitue un des points fondamentaux de l'équitation, le meilleur moyen de régler à volonté la vitesse du cheval et d'abréger immensément la durée du dressage" Gustave Le Bon
Bon ben... je peux aller me coucher, il n'y a plus rien à dire.
Non, je plaisante, un peu. Nous voyons bien, ici expliqué par bien plus compétent que moi en matière d'art équestre, l'intérêt, l'utilité et la nécessité de relever l'encolure dans le TRAVAIL du cheval. Nous parlons bien ici d'une attitude de TRAVAIL, et non de MUSCULATION ni de DÉTENTE, où les données sont différentes. Beaucoup ont parlé de musculation, d'assouplissement, etc...
Mais le sujet est ici le relèvement de l'encolure dans un cadre de travail, et donc, d'équilibrage du cheval.
Dans ce même cadre, considérons la position basse :
"Si l'encolure est basse ou tendue, il n'y a plus d'action possible du cavalier sur le cheval parce que toutes celles qu'il exerce ne sont ressenties que par l'encolure seule et n'agit pas sur le reste du corps" François Baucher
(pour pallier à toute question à ce sujet, j'ai mis plus d'une heure à taper ce message et j'ai actuellement une pile de livres posée sur le bureau !)
Poussons le raisonnement autour de cette magnifique phrase, et voyons tout ce qu'elle implique.
Qu'un cheval bas, dans le cadre d'une attitude de TRAVAIL, rappelons-le, ne travaille QUE de son encolure : toutes les actions du cavalier agissent directement sur l'encolure et délaissent le reste du corps.
On perd ainsi le travail des postérieurs, le cheval n'engage plus, il a les postérieurs au loin, il est donc sur les ÉPAULES, il n'est plus léger. Comme le dit si bien d'Orgeix dans ses DVD (Équitation de Saut d'Obstacles, n°6, l'exemple des grands cavaliers) : "CQFD dit-on en mathématiques !"
Mais j'aimerais revenir sur un point important que tout le monde semble (je dis bien semble, car je sais que certains l'ont très bien en tête, ils se reconnaitront aisément !) oublier un petit élément :
"La légèreté n'est pas une théorie, elle n'est ni plus ni moins qu'une nécessité absolue."
"La grande équitation implique la volonté de pouvoir obtenir la quintessence des possibilités physiques du cheval et cette quintessence exige, elle, une totale souplesse"
" La décontraction, donc la souplesse" (pour expliquer que les deux sont indissociable l'un de l'autre, la décontraction est mentale, la souplesse est physique, mais l'un va de paire avec l'autre dans le sens où un cheval ne PEUT PAS être souple, donc libre physiquement s'il n'est pas décontracté).
Jean d'Orgeix, "Dresser, c'est simple"
"La décontraction est le PRÉALABLE A TOUT TRAVAIL" Ph. Karl, "Dérives du Dressage Moderne"
Ceci établit que la DÉCONTRACTION et la LÉGÈRETÉ sont le PRÉALABLE A TOUTE CHOSE. Il n'existe RIEN sans la décontraction, et la légèreté n'est pas une FIN, mais un MOYEN.
J'insiste énormément là dessus parce que ces deux grands hommes, qui ont tous les deux basé leur travail d'abord sur leur ressenti personnel à cheval, et ont ensuite démontré que leurs conclusions après des années de monte et d'éducation de chevaux étaient dans la plus parfaite concordance avec les écrits de l'Hotte, Baucher, Fillis et bien d'autres, ont placé la décontraction du cheval comme étant LA chose la PLUS importante à obtenir d'un cheval, AVANT TOUT LE RESTE !
Pourquoi ?
Parce que sinon, effectivement, si on remonte l'avant SANS DÉCONTRACTER, (et uniquement si le cheval n'est pas décontracté), alors dans cet unique cas le cheval va se figer, se bloquer, se creuser, etc etc etc.
Si le cheval est décontracté, alors ceci ne PEUT PAS arriver !
Mais, c'est quoi la décontraction ?
Elle vient de trois éléments :
-la plus parfaite légèreté aux aides, toutes les aides !
-la mobilité de la mâchoire
-la cession de la nuque
Si on n'a pas ces trois éléments, alors, toujours d'après Karl et d'Orgeix, on est dans le faux (je ne cite ici aucune phrase, car on ne peut tirer une phrase dans ce domaine du contexte sans en fausser la signification. Je vous invite à lire leurs livres, ou mieux, visionner leurs DVD pour bien comprendre les tenants, les aboutissants, et les moyens de la chose).
Finissons donc sur une photo, tout différente de la première :

(Nancy Heiber, Instructeur diplômée de l'Ecole de Légèreté)
Ici, la nuque est bel et bien le point le plus haut. C'est ainsi que nous entendons le relèvement de l'encolure, et pas autrement.
Nous constatons aussi, bizarrement, que le chanfrein est très légèrement ouvert... à méditer.
A votre bon coeur, à vos critiques, vos accords ou désaccords, j'attends juste que ce soit un minimum, argumenté.
Lnacalamity, ne soit surtout pas ce que j'ai dit comme une atteinte personnelle, mais comme une illustration de mon désaccord, amical, avec tes propos et ta façon de faire, une image parlant bien mieux que des mots. J'ai argumenté mes premières observations, ceci dans le but de nourrir le débat pour faire avancer les choses, rien d'autre
