La société est encline à caser les individus (autisme, troubles de l'attention, hauts potentiels, etc), conduisant souvent à l'adoption de comportements typés, tant par les concernés que par leur entourage informé, comme s'il existait une attitude normée lorsque l'on est porteur de cela, et une démarche standard lorsque l'on est face à ceci. Je m'explique.
Deux exemples me viennent en tête.
Mes conclusions suivent.
Le premier, une fratrie de cousins à la mode de Bretagne, dans l'ordre : troubles de la personnalité schizoïde, trouble de l'attention et hyperactivité, présomption d'autisme. En amont de notre première rencontre, j'ai reçu une valise de recommandations sur la manière de les aborder et leur parler à chacun, comment gérer une crise, etc. Il y avait un cadre et, au départ, je m'y suis conformée ; sauf que j'ai vite compris que je n'obtiendrais rien en les abordant comme des bêtes sauvages, alors je suis redevenue moi même et je les ai pris comme ils venaient. Jackpot.
Dans ce contexte, mes cousins restaient eux-mêmes et c'est moi qui adoptais/devais adopter une attitude typée. Sauf que mes cousins, comme toutes les autres personnes atypiques, je suppose, demandent juste que l'on soit sincère avec eux, qu'on les accepte dans leur individualité, faites de particularités. Pour eux, je suis également un individu particulier, pourtant ils sont honnêtes avec moi et m'accueillent comme je suis. Alors pourquoi je ferais différemment?
Je les ai rencontré assez tardivement (pour diverses raisons) mais je les adore, et pas seulement parce qu'ils sont amusants dans leurs genres, mais surtout parce qu'ils sont intéressants au travers de leurs réflexions, de leurs centres d'intérêts, de leurs réalisations, etc. Et je suis certaine que c'est réciproque.
Et ça m'amène à mon second exemple, plus récent, où j'ai accompagné une personne afin de rendre son véhicule de service à l'entreprise qu'il quittait. N'étant pas concernée par la transaction, je suis restée en retrait mais j'ai quand même prêté une attention discrète à l'échange. L'homme qui assurait la réception était clairement haut potentiel ; autant que cela puisse prêter à sourire, il le portait sur lui ; puis c'est un truc que je vois facilement. En soi, mon observation se serait limitée à cela si ce pauvre monsieur n'avait pas été hautain et agressif envers son interlocuteur. Et là encore, autant que cela puisse être marrant, ce monsieur m'a renvoyée au cliché populaire sur les hauts potentiels, vus "depuis la rue" comme des gens condescendants et acrimonieux.
Dans ce contexte, c'est la personne particulière qui marque sa différence et cela pourrait être passionnant, dès lors que l'intéressé le fait profitablement ; mais ce bonhomme répond aux vilaines idées reçues en les incarnant, sans doute inconsciemment, je le souhaite pour lui (sinon c'est grave) ; il joue un rôle et ne fait que renforcer les clivages voulus par la société.
J'ai beaucoup d'autres exemples, menant tous aux mêmes conclusions.
Personnellement, je pense qu'il est préférable de rester soi-même et, lorsque l'on porte une différence, de rechercher à en faire une force collective, plutôt qu'une arme individuelle, ou pire encore une circonstance aggravante. La société veut que nous soyons comme ci ou comme ça mais moi, est-ce que j'en ai envie? C'est la question qu'il faut se poser.
Parallèlement, il faut conduire les personnes qui portent une différence à en faire une force utile.
Pour répondre à la préoccupation d'ensemble, je pense que, sous les angles médical et social, il vaudrait mieux appréhender ces particularités comme des diversités, au lieu de les traiter immédiatement comme des différences. C'est plus concret et puis cela me semble ouvrir un plus large champ d'opportunités. Je songe notamment au domaine de la formation, où le raisonnement par la diversité permettrait de mieux aménager les cursus respectifs, plutôt que vouloir enfermer tout le monde dans une catégorie assignée.
Voilà, voilà.