Bonjour,
Je me doute que peu de personnes sur le forum sont touchées par ces troubles, si ce n'est pas votre cas ne vous embêtez pas à lire ce post, vous n'y comprendriez pas grand chose, moi-même je m'y perd.
Voilà, suis atteinte d'anorexie/boulimie depuis près de 2 ans maintenant. Jamais pendant ces deux années je n'ai eu le courage d'en parler sincèrement, de mettre des mots sur la maladie, c'est donc aujourd'hui que j'ai décidé de dire m*** a cette dernière et de balancer tout ce que j'ai sur le cœur. Cela me permettra, je l'espère, de faire un point avec moi-même et du tri dans mes pensées, je suis assez perdue en ce moment...Recueillir des témoignages de parcours similaires m'aiderait sûrement aussi, même si encore une fois je me doute que la grande majorité des membres de CA n'est pas concernée.
Je vous présente mes excuses par avance, je vais tenter d'organiser au mieux mon message mais c'est tellement confus dans ma tête que j'ai bien peur que ça le soit tout autant une fois retranscrit...
Ce conflit avec la nourriture remonte assez loin, puisque dès mes premières années d'école primaire, les autres enfants se sont moqués de mon poids et m'ont immédiatement prise pour cible. Assez ronde à l'époque ( jamais en surpoids d'un point de vue médical, et pas de "malbouffe", mais au dessus de la moyenne des "brindilles" de 6-7 ans ), ça a continué jusqu'à mes 12 ans environ, la classe de 5ème donc, et ce malgré un changement d'établissement : j'étais bien souvent sujette à de nombreuses moqueries. Ce poids était dû à un grand stress : durant mon enfance, la seule réponse que j'ai trouvée pour palier au stress qui régnait dans ma famille a été de manger, et ce en de trop grandes quantités pour mon âge.
Puis mes parents ont commencé à me faire des remarques sur mon poids eux aussi, telles que "À ton âge je n'avalais pas le quart de ce que tu manges" etc. C'est venu s'ajouter aux moqueries de mes camarades de classe, et m'a amenée à complexer davantage sur mon poids. Je ne me souviens pas du chiffre exact de ce dernier à cette période, ni de ma taille, mais ça devait tourner autour de 58/59 pour 1m60.
Puis lorsque j'étais en quatrième, mon père est décédé (maladie). Évidemment, j'ai trouvé quantité de moyens de culpabiliser : pas assez de temps passé avec lui, trop peu de visites à l'hôpital, trop de disputes, pas assez de services rendus par "flemme", pas assez aimable... Enfin tout ce qu'il m'avait "reproché" de son vivant, même sans le penser réellement, m'est revenu en pleine figure au fil des mois. Et évidemment, au bout d'un certain temps, la question du poids...
Un an après son décès, j'ai donc pris la décision de perdre du poids, sans en parler à qui que ce soit. Je mangeais en quantités insuffisantes, et faisait plus de sport. Je suis donc descendue à 52kg pour 1m72 (à 14 ans). Ça a duré quelques mois (août à février env), puis j'ai pris conscience que ça n'allait pas grâce à des amies notamment, et me suis forcée à m'alimenter un peu plus, jusqu'à atteindre 56-57kg pour 1m72. À l'époque, pas trop de "casse" donc.
Mais l'année dernière, lorsque je suis entrée en seconde, j'ai totalement décollé... Lycée privé extrêmement exigeant, une charge de travail énorme, et moi déjà mal dans ma peau, je n'ai pas fait un pli, j'ai rechuté immédiatement. J'ai pratiquement totalement cessé de m'alimenter, commencé à faire des crises de boulimies et à me faire vomir. J'étais perpétuellement angoissée et passait mes soirées à travailler, toujours à la recherche de la "perfection" (bah tiens, si j'étais loin de l'être physiquement, fallait bien que je compense quelque part...). Un horrible mal-être, cette sensation d'être en obésité morbide, de peser deux fois plus que mes amies, de manger comme "une grosse vache", de me noyer dans la graisse. Insomnies, crises d'angoisses, automutilation, obsession de la nourriture, de la balance, fixation sur mes cuisses, mes bras, mon ventre... J'ai fini par me laisser submerger par la maladie peu à peu, jusqu'à tomber à 45kg fin novembre, pour 1m75. Evidemment, ma mère a tenté de comprendre pourquoi j'avais tant perdu, et s'est posé beaucoup de questions, mais j'ai toujours eu une telle facilité à persuader les gens que "tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes", que j'ai toujours réussi à atténuer ses interrogations. Mais j'en ai souffert, elle n'a pas été spécialement douce avec moi "ça ressemble à rien", "tu flottes dans tes vêtements", "c'est pire qu'à Auschwitz", "eh mais faudrait peut-être songer à manger un jour!". Ça m'a beaucoup blessée, mais au lieu de me faire réagir (comme elle l'espérait), ça m'a enfoncée : je me suis cataloguée de malade, point barre, et une anorexique ne mange pas, donc je n'avais pas à manger. (raisonnement très alambiqué je vous le concède, j'ai moi-même du mal à me comprendre...)
Puis les fêtes de fin d'année sont arrivées, et la boulimie a pris le dessus à partir de mi-janvier. Mais les vomissements n'ont pas suivi, je n'arrivais plus à me faire vomir du tout. Irrémédiablement, j'ai repris du poids peu à peu, avec un énorme sentiment de culpabilité. J'ai atteint 56kg assez rapidement, vers fin avril/mai. Prise de poids très rapide donc, totalement contre mon gré. Et la "goutte d'eau" : ma mère qui commençait à me lancer des piques comme "ahah, t'as pris des cuisses!", "eh, mais t'as plus de fesses!". Je me sentais terriblement mal dans ma peau... (et pourtant au regard du "poids santé", à 56kg pour 1m75, j'étais dans la limite basse)
Quoi qu'il en soit, j'ai passé un très mauvais été. J'ai pris un ou deux kilos supplémentaires, atteignant environ 58kg. Néanmoins, de moins en moins de crises, une alimentation un peu plus équilibrée, mais un profond mal-être, rien n'avait changé de ce point de vue là, je n'osais pas sortir en short, de peur d'être qualifiée de "grosse".
Puis à la rentrée (cette année donc), ça a empiré, j'ai de nouveau perdu toute envie de m'alimenter et d'essayer de m'accepter. Je suis donc entrée dans une phase de restriction, je suis obsédée par ce que j'avale, tout doit être le plus sain possible, pas de graisses, de viande... Au final, je ne mange ni le matin, ni le midi (self, donc je travaille au cdi à la place), mais seulement le soir, et peu. (= hier, 250 - 300 calories à tout casser sur la journée, mais je ne vais pas détailler ce que je mange sur le forum, aucune envie d'influencer d'autres personnes...) Malgré ça, depuis la rentrée, pas plus de 2 kilos de perdus à priori (et encore, je ne me suis pas pesée depuis 2 semaines, rien que de penser à la balance je suis au bord de la crise d'angoisse). Les insomnies ont repris de plus belle, la recherche de l'excellence dans les cours, la scarification, le dégoût de mon corps...Je me déteste, je déteste cette image que le miroir me renvoie.
Avec tout cela + le stress des cours, je suis juste épuisée et de plus en plus faible, j'ai failli m'évanouir plusieurs fois encore hier (je m'assieds rapidement à chaque fois pour ne pas tomber). Le médecin m'a donc prescrit des analyses de sang. Je ne vous raconte pas ma joie, mes veines sont un calvaire à piquer, et moi toujours terriblement angoissée par les actes d'ordre médical, je sais bien que je suis capable de faire une crise d'angoisse, voire de m'évanouir (si vous avez des idées pour gérer ça au mieux, je suis preneuse..). De plus il y a les quelques cicatrices violettes présentes sur mon poignet gauche que je n'ai pas nécessairement envie de montrer. Je ne vais pas avoir le choix, il faut bien que je les assume, j'en suis consciente. Simplement, j'ai toujours du mal avec le regard des autres, alors pour ça...
Enfin, je crois que le principal est dit, ça ne va vraiment plus en ce moment, j'ai envie de tout lâcher. Ces rechutes dans la restriction par "cycles", me minent. Je pensais finir par réussir à m'accepter avec le temps, eh bien non, voilà que l'engrenage se remet en marche...
Voilà, merci à celles et ceux qui ont eu le courage de me lire - ou de lire entre les lignes - malgré la longueur et la formulation très lourde, j'ai vraiment eu du mal à m'exprimer...
(compte "provisoire" créé pour ce post, je n'ai pas trouvé le courage de poster sous mon vrai pseudo

)