Reconstruire son rêve, différemment!

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Mimisia

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Reconstruire son rêve, différemment!
Posté le 09/11/2013 à 23h57

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Nota Bene: Le titre initial de ce post était "Je regrette d'avoir un cheval"

"Bonjour à ceux qui auront la curiosité de lire.
Bien que trouvant plutôt pathétique la démarche de chacun d'écrire son histoire avec son cheval (souvent dénuée d'intérêt il faut bien l'avouer) je vais m'y coller.
Je le fais surtout pour moi. Il paraît que ça pourrait m'aider à relativiser etc..
Mais quand j'aurai fini, et si vous m'avez lue dans la totalité, vos commentaires sont les bienvenus. Je pense que des regards extérieurs me seront peut être bénéfiques.

Tout commence il y a un peu plus d'un an :

Octobre 2012 : Après des années d'errance professionnelle, j'obtiens enfin un CDI à plein temps. J'ai alors 28 ans et non je ne pense pas à faire un enfant ou acheter une maison. La première chose à laquelle je pense quand mon employeur m'annonce ce CDI c'est « je vais pouvoir m'acheter un cheval». Cavalière depuis que je suis gamine, ayant déjà été proprio, fonctionnant avec des DP quelques années, c'est juste une évidence..
Je décide toutefois de patienter jusqu'au printemps de l'année suivante pour entamer mes recherches. Plusieurs raisons me motivent pour cela: d'abord la météo sera plus clémente, et ensuite j'ai très peur d'acheter un cheval dermiteux ! (après coup ça me paraît un peu bizarre, mais c'était une grande angoisse pour moi. Je sais les dégâts que ça fait et l'hiver on ne les détecte pas).
D'autre part, j'ai fais le choix de cette période d'attente (bien que longue) pour apprécier l'idée d'enfin devenir proprio. Un peu comme savourer une joie intense à cette perspective. J'ai totalement idéalisé la chose dans ma tête, je m'en mordrais les doigts ensuite car cela sera d'autant plus douloureux..

Février 2013
Depuis des mois, je regarde les annonces. Ca y est, je vais enfin pouvoir entamer les coups de téléphone, les visites, les essais, je suis excitée comme une puce !
Je m'oriente d'emblée sur un poney de sport car j'aime les petits chevaux avec du sang. Je ne regarde que les femelles : déjà parce que je préfère leur tempérament à celui des hongres, ensuite parce que je considère que s'il lui arrive quelque chose qui l'empêche d'être montée elle pourra toujours avoir un avenir de reproductrice. Pour cette même raison je ne regarde que les pleins papiers.
L'avenir me confirmera comme j'avais raison...
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Edité par mimisia le 30-12-2013 à 21h42

Mimisia

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Reconstruire son rêve, différemment!
Posté le 09/11/2013 à 23h58

Amoureuse du physique du Welsh Cob, je recense tous les élevages du grand ouest.. Je recherche une petite jeunette, entre 4 et 5 ans, déjà bien mise.
Très vite je me rends compte que je vais devoir réviser mon budget à la hausse, revoir mes critères à la baisse, bref tout remettre en question !
Je m'intéresse aux New Forest, mais aussi rare que le Welsh..
Peu importe, j'élargis mes recherches et regarde les New Forest, Lusitanien, Français de Selle, Connemara.. J'irai même essayer une Frisonne (totalement à côté de mes critères sportifs, mais qu'est ce qu'elle était belle !).

Mars 2013 :
J'embarque mon copain sur un week-end, direction un élevage de welsh cob dans le 76. Pas la porte à côté mais j'ai repéré une « petite » de 3 ans, qui semble enfin correspondre à mes critères.

Je la vois : pas de « coup de coeur » . Elle a le physique disgracieux d'une ponette en croissance (rien à voir avec la photo). En voyant ses consoeurs plus âgées je suis rassurée car elles sont très belles mais plutôt mastoc, de vrais welsh cob en fait lol. (Est ce bien ce genre de poney que je veux ?)
Je fais l'essai, pas concluant dans le manège, manque vraiment de réactivité. Je suis limite déçue, mais je demande à la tester dehors. Et là, changement total : une nénette avec du caractère, intelligente et motivée. Et surtout un vrai bon fond car j'arrive à partir en ballade seule hors du centre équestre. Juste 5 mn, n'empêche c'est une 3 ans, débourrée il y a quelques semaines !!! Pour moi, un mental à toute épreuve, je suis conquise.
Je lance donc tout le toutim : réservation pension, rdv visite véto, organisation du transport etc etc..
Je lui cherche même un nouveau nom avec mes potes car je n'aime pas celui d'origine. « Astuce » ça ne claque pas assez pour moi, oui je suis pleine de prétention mais mon rêve se doit d'être parfait. Je la rebaptise Altaïne, là c'est parfait.
Les jours qui suivent sont longs, très longs : le véto mets un temps fou à me rappeler pour me communiquer son compte rendu. Vu la distance, je n'ai pas pu être présente lors de la visite.
Enfin mon portable sonne et s'affiche le tél de la clinique : le Dr me dit n'avoir jamais vu une 3 ans aussi bien dans sa tête, elle a acceptée absolument toute les manipulations sans broncher. En fait, textuellement il me dit : « la visite était parfaite jusqu'à ce que je regarde les radios ».
Ah..
Les radios que j'ai demandées pour les antérieurs...
Oui je les ai demandées justement pour voir s'il y avait une merde. Mais je pensais vraiment les faire « pour rien ». Manque de bol : OCD.
Impossible de déterminer les conséquences sur notre activité future, la jument n'a pas assez travaillé pour que le Dr ait du recul sur son cas. Risque de boiterie future.
Pour moi la question ne se pose même pas,
Adieu Altaïne.
Je suis extrêmement déçue. J'avais déjà commencé à me projeter. La chute est lourde. Retour les pieds sur terre : j'ai dépensé 300 euros de véto pour que dalle (je sais que non pas vraiment, mais n'empêche, c'est 300 en moins dans mn budget achat du coup).

suite de l'histoire à venir……...

Edité par mimisia le 13-11-2013 à 22h50



Mimisia

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Posté le 10/11/2013 à 00h19

Avril 2013 :
Mon envie d'acheter un cheval devient carrément obsessionnelle à ce stade.
J'ai une semaine de vacances : je passe pleins de coups de fil, je programme des rendez-vous et je passe des heures sur la route. Mon copain a depuis longtemps arrêté de me suivre, je fais mes kilomètres en solitaire...
Ce jour là, je roule en direction du Lion d'Angers. Au programme : une pfs (mignonne sur les photos mais non débourrée ! Pas vraiment dans mes critères mais le vendeur peut inclure le débourrage avant la vente donc bon, pourquoi pas..) et une welsh : jolie, débourrée, trop chère pour moi mais perdant toute raison je suis prête à mettre le prix.
Dès mon arrivée, mauvaise blague: on ne me présentera que la pfs, ils n'ont pas eu la possibilité (volonté !?) de rentrer la welsh du pré !
Bon, je digère tant bien que mal la nouvelle, je viens quand même de me taper 2 heures de route quoi... En même temps, je commence à avoir l'habitude de ce genre de coup. Nombreux vendeurs m'ont déçue déjà.
Bref, je fais bonne figure et on va voir la ponette.
Elle est dans un box, la première chose que je remarque est sa couleur, on dit alezan brûlé mais moi je l'ai vue caramel avec son poil d'hiver. Elle est choupi comme tout, je suis plutôt surprise !
Comme elle n'est pas débourrée, on me la présente en liberté dans une petite carrière. De suite, la ponette choupi se montre très vive, un peu stressée même. Immédiatement le vendeur installe une barre au sol, qu'elle saute comme un droit. Elle semble avoir de belles allures bien que je la vois peu trotter car elle galope presque tout le temps. La barre au sol se transforme vrai droit, puis en oxer. La ponette les franchit tous sans broncher. Elle est très au dessus, y retourne même toute seule quand on discute.
Je fais stopper la séance d'obstacle : inutile de continuer à augmenter la hauteur je ne suis pas cavalière de cso !
2ème étape : j'inspecte sous tous les angles la ponette qui a présent m'intéresse. Oui, elle m'en a mis plein la vue en liberté, j'avoue. Je dénote un petit peu de tempérament. Elle essaie même de me chiquer à un moment mais je m'en fous complètement, j'aime les chevaux avec du caractère. Et comme je l'ai déjà dit, elle me plaît.
Je reprends la route vers chez moi. Une amie m'envoie par sms « alors ? », je réponds « elle est magnifique ». Je sais déjà que je la veux. Elle me parle bien plus que toutes les autres que j'ai vu. Elle est chic.



Je repense à Astuce, je suis presque contente que la visite véto ait échouée.

Le plus drôle c'est que cette fois la ponette a vraiment un prénom merdique, mais j'arrive à le trouver joli et ne songe même pas à le changer !

Suite à venir…….

Edité par mimisia le 13-11-2013 à 23h14



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Posté le 10/11/2013 à 01h01

Les choses s'enchaînent vite à ce stade :
Nouvelle visite véto à 300 euros programmée. Nouvelle attente du résultat.
Mais cette fois ouf, tout va bien ! Un petit bémol sur son caractère mais je la prends avec, comme dis précédemment ce n'est vraiment pas un critère rédhibitoire pour moi.
Je réserve la ponette (V) et le vendeur entame le débourrage. Nous avons convenu que je l'achète si je peux la monter aux trois allures et que ça se passe bien.
Et là je peux vous dire que les semaines sont looooongues. Je ne veux pas le harceler sur l'avancement du débourrage, ni précipiter ce travail délicat, mais qu'est ce que j'ai envie qu'il m'appelle. J'attends un truc de ce genre : « ça y est, vous pouvez venir l'essayer ».
J'ai de la chance dans le sens ou le dit vendeur veut autant que moi que ça avance. Rendement oblige, plus elle reste chez lui, plus elle coûte bien sûr !
Le mercredi 1er mai, hallelujah, l'essai monté se fait. Le gars a fait du beau boulot : V. se comporte très bien, elle accepte le cavalier aux trois allures sans broncher. Elle n'a rien appris d'autre, mais le peu qui a été fait a été bien fait. C'est l'essentiel pour moi. Concernant la suite, je me ferai encadrer de toute façon.
Et là les choses s'enchaînent encore plus vite.
La livraison de V. est prévue pour le week-end. Mais le jeudi, dans la matinée alors que je suis au boulot le vendeur me demande s'il peut me l'emmener cet aprem, ça l'arrange !! Non en fait il ne me demande pas, il me l'impose : elle est déjà quasi chargée dans le camion. Ok, ok. Comment dire ? Je suis ravie mais là je bosse moi ! Rien n'est prêt, le gérant de la future pension n'est même pas prévenu, je dois passer à ma banque, bref tout un bordel quoi... Je n'ai rien le temps d'anticiper.
Heureusement j'ai une patronne qui a été formidable sur ce coup là et m'a laissé prendre mon après midi.
Tout se bidouille pas trop mal au final et enfin je vois ma poonsette sortir du van. L'oeil vif, pas un poil de mouillé, elle a voyagé comme une fleur ! Son image sur le pont à ce moment là est inscrite dans ma tête. Ca me fait mal d'y penser.
Elle était tellement parfaite. J'aime la perfection.
Un petit souffle d'admiration a parcouru chaque personne présente autour du van à cet instant (en tout cas j'aime à le croire).
La maniaque du pansage que je suis n'a pas relevé de défaut. Sa crinière s'ordonnait parfaitement de chaque côté de l'encolure. Les crins de sa queue ondulaient, c'était joli. On aurait dit un « petit poney » comme j'en collectionnais gamine. Sauf que là c'était pour de vrai.
Elle a redressé la tête, il y a eu un coup de vent dans sa crinière trop bien rangée, et je suis devenue propriétaire.

La suite à venir...

mais là je vais dormir,
bonne nuit tout le monde !

Mimisia

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Posté le 10/11/2013 à 12h11

V. est lâchée dans le rond de longe pendant qu'on fait les papiers. Je vais mettre beaucoup plus de temps à la récupérer dans le rond et lui passer un licol qu'à signer mon chèque. Ca me fait sourire aujourd'hui.
Pour elle j'ai choisi la pension pré, c'est ce qui correspond le mieux à mes convictions concernant son bien être. Je connais la pension depuis longtemps pour y avoir eu ma DP. Les chevaux sont en binôme sur des petites parcelles, V. sera avec S. J'en suis ravie, S. est une gentille ponette. En plus, elle est déferrée des postérieurs, ce qui me tranquillise sur un éventuel conflit. Je les laisse au pré toutes les deux dans le calme et je rentre chez moi. Ce soir là je pense vraiment que je peux prétendre être la personne la plus heureuse de la terre.
Dès le lendemain matin, je fonce au pré. J'ai un mélange de joie et de fausses impressions. Je suis allée des dizaines de fois à cette pension mais cette fois c'est la mienne à qui je rends visite. Je ne réalise pas encore que je suis propriétaire !
Il me faut quelques minutes pour approcher V. qui ne me calcule pas et visiblement apprécie la liberté. Visuellement, je fais un tour rapide de son corps pour détecter d'éventuels bobos en rapport avec la nuit passée. Je vois juste une éraflure sur son postérieur droit, juste du poil enlevé et une petite bosse.
V. pète le feu, je ne m'inquiète absolument pas. Ce sont les aléas de la mise au pré avec un/des inconnu(s).

Le jours suivant, je la découvre : V. est un peu explosive quand elle a peur et pleins de choses l'effraient ! Elle tire au renard plusieurs fois, m'abîme ma selle et me crée quelques émotions. D'un tempérament calme, je ne m'en formalise pas. C'est simplement du boulot de désensibilisation. La miss tout juste sortie de son élevage est un peu brute quoi. Il lui faut aussi s'adapter à son tout nouvel environnement.
En quelques jours, ça va déjà mieux. En prenant une série de précautions, j'arrive à la seller sans aide extérieure. Je vais même monter dessus seule dans le rond de longe. Ce jour là ça ne sera que 10 minutes : du pas, un peu de trot, mais je suis enchantée son comportement est irréprochable. Je prends mon 1er cour particulier avec elle. RAS, une ponette top qui a tout à apprendre.
Enchantée je le suis, je le reste, mais un petit quelque chose me contrarie. Son « bobo » sur le postérieur ne désenfle pas. La bosse visible est presque insignifiante, V. ne ressent aucune gêne mais je décide quand même de la laisser au repos. Je lui applique de l'argile pendant ma pause de midi, ça me fait ch... d'être déjà en train de lui faire des soins !



Un peu inquiète, je suis partagée : je vais quand même pas voir le véto 1 semaine après avoir acheté ma jument pour un truc qui n'est probablement qu'une broutille?! Je fixe quand même un rendez-vous, au pire si ça va mieux j'annulerai..
Mais non, ça ne s'améliore aucunement : j'ai l'impression que la zone est devenue chaude et que V. boîte légèrement. Autant vous dire que je suis verte à ce moment là.

Edité par mimisia le 14-11-2013 à 22h49



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Posté le 10/11/2013 à 14h12

Le vétérinaire examine V. et me confirme qu'elle boîte. De suite, on décide de faire une radio de son postérieur pour savoir ce qu'il s'y passe. En fait, le véto a déjà son idée... et moi aussi vaguement car j'ai fouiné sur internet et dans mes bouquins de médecine équine.
Une copine nous file un coup de main, V. est mignonne comme tout et ne bouge pas au moment du cliché. C'est un appareil de radiographie numérique, l'image apparaît en quelques secondes sur l'écran. Le Dr me dit : « j'aurais préféré vous annoncer autre chose, votre jument présente une fracture multiple du métatarsien rudimentaire ».





Ma première réaction est : je le savais.
En fait non, j'en savais rien. Enfin si. Les symptômes correspondaient, mais je voulais que ce soit autre chose. Ca aurait pu être autre chose. C'est pas juste, merde, pas une fracture quoi ! Tout cavalier sait comme c'est catastrophique...
Je n'ai même pas le temps de penser, de respirer, de m'asseoir : la consultation se poursuit. Le véto lui fait des anti-inflammatoires en IV : ma petite V. se comporte une nouvelle fois de façon exemplaire, elle est surprenante?! Il me donne ses consignes : enfermement strict au box, médicaments par voie orale et en application locale, double bande de repos pour éviter que la fracture ne se déplace... Mon dieu quand je pense que je l'ai montée. J'en suis malade, j'ai envie de vomir...
Je suis désemparée, je me sens bête et inutile en train de pleurer : il faut préparer un box tout de suite (tous les chevaux de la pension sont au pré à ce moment de l'année), je n'ai pas de bandes, je n'en ai jamais posées... Les autres filles de la pension m'aident pour tout ça et me soutiennent comme elles peuvent.
V. est bouclée au box et semble ne pas comprendre. Je suis dans mes pensées : je n'ai pas bien compris ce que m'a dit le véto. En gros il se peut que ce soit réglé en 15 jours de box, ça fera un suros et basta. Mais pour moi c'est juste super grave un suros et je lui dis lol. J'ai acheté une ponette en parfait état et elle est déjà abîmée ? Je ne peux pas imaginer que son postérieur soit déformé par un suros disgracieux. J'aime la perfection, le physique de ma ponette a énormément d'importance à mes yeux. Je sens que le vétérinaire ne me comprend pas.
Il me dit qu'il va quand même montrer le cliché à son patron parce que la fracture est située assez haut et c'est ennuyeux... Le discours devient paradoxal, rien n'est clair en fin de compte. Tout se mélange dans ma tête, mais une chose est sûre : je sais très bien que c'est grave et que ça ne va pas se régler en 15 jours quoi qu'on m'en dise.

Peu de temps après le véto « chef » me téléphone et m'expose la situation. D'après les clichés radios et la date estimée du choc, on peut constater que V. a déjà commencé à fabriquer un suros à toute vitesse. Voici le risque principal : si le suros continue à ce rythme il va toucher le ligament suspenseur et ma ponette sera boiteuse à vie. Le vétérinaire m'explique qu'il existe une technique de chirurgie qui grosso modo consiste à retirer le suros débutant et tous les morceaux cassés. Le métatarsien, un os non porteur, peut être diminué en grande partie sans conséquence sur la locomotion. Au contraire, selon le vétérinaire c'est même l'idéal si je veux offrir le meilleur avenir sportif possible à ma ponette. Le Dr. ne sait pas encore à qui il va faire appel mais ce n'est pas lui qui fera la chirurgie : ah, donc en plus c'est une chirurgie complexe ?
J'ai raccroché. Je suis dans ma voiture sur le parking de la pension et je viens de me prendre un nouveau coup de massue sur la tête. Je visualise : l'anesthésie générale et les risques qu'elle comporte, l'hospitalisation en clinique équine, la logistique à mettre en œuvre...Je me sens très seule et ça ne sera pas la dernière fois.

Edité par mimisia le 14-11-2013 à 22h55



Mimisia

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Posté le 10/11/2013 à 21h14

Je prends plusieurs autres avis auprès de vétérinaires équins réputés. L'un deux me dit : « soit c'est un cheval de loisirs : vous le mettez six mois au box et vous voyez ce que ça donne à la reprise, soit : il a de la valeur et dans ce cas la chirurgie est la meilleure option ». Ah bon, parce que les chevaux de loisirs on ne les soigne pas ? Drôle de raccourci non ? Ma ponette a la valeur que je lui accorde et ça ne regarde que moi. Evidemment, je veux ce qu'il se fait de mieux pour elle.
Ce qui compte avant tout c'est qu'elle est le meilleur avenir possible. Avant même de l'acheter j'y avais pensé. J'avais choisi une femelle, pleins papiers de surcroît et cela dans le seul but de l'armer du jocker de la reproduction. Je savais très bien qu'elle aurait plus de chance qu'un hongre ONC si jamais... C'est la seule raison pour laquelle j'ai acheté une ponette hors de prix par rapport à ma modeste activité équestre de loisir.

De toute façon, la chirurgie me semble une évidence. Pour la ponette et aussi car je suis dans l'incapacité de rester dans l'inaction. L'enfermer six mois au box pour voir si le suros gène le suspenseur à la reprise d'activité? Ce n'est même pas envisageable pour moi. Le choix est d'autant plus aisé que j'ai assuré V. le jour même de son achat. Les frais vétérinaires engendrés seront pris en charge.
Je travaille en clinique vétérinaire (NB : clinique chien/chat : aucune activité en rapport avec les chevaux) et des drames j'en vois toutes les semaines. La souffrance de mes clients je l'absorbe et j'en tire mes leçons. Le plus dur pour un propriétaire c'est de renoncer aux soins sur son animal faute de moyens. Ayant un salaire modeste, je ne voulais surtout pas être confrontée à ce genre de dilemme.
Je souhaitais précisément que la question de l'argent n'entre pas en jeux s'il arrivait quelque chose à ma ponette.

Les jours qui suivent le diagnostic je suis en vacances et ça tombe bien car j'ai beaucoup de choses à gérer. Je fais le box moi même : arrangement avec les gérants de la pension et de toute façon il n'est pas question que quiconque manipule ma ponette. (Les employés ne sont pas des professionnels du monde du cheval, je décide donc de tout prendre en charge de A à Z). J'entame les soins quotidiens en solitaire : moi qui n'ai jamais mis de bandes je vais être servie.
V. ne comprend pas son enfermement. Dès qu'elle me voit elle est très agitée malgré le Vetranquil que je lui donne plusieurs fois par jour ! Je l'observe en mon absence : elle ne bronche pas et a l'œil triste. Quand je suis dans son box, au lieu d'être abattue, elle se rebiffe. Les bandages deviennent un calvaire en quelques jours. Je ne peux pas l'attacher car elle tire au renard et je ne veux surtout pas qu'elle force sur sa fracture. Au fur et à mesure, elle me coince contre le mur, je me fais mordre et j'esquive plusieurs fois son postérieur. V. me tient pour responsable de son enfermement et visiblement me déteste, cela m'attriste énormément. J'en pleure le soir et je n'ai pas fini de pleurer…

A suivre, j'en suis toujours qu'au moi de Mai

Mimisia

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Posté le 10/11/2013 à 23h20

Mon vétérinaire (le Dr R.) a envoyé les clichés radios à plusieurs de ses collègues afin d'avoir leurs avis sur la meilleure technique de chirurgie. Les infos me parviennent au compte goutte car ils communiquent beaucoup entre eux, pas tellement avec moi.
Je fais part au Dr R. de mes difficultés à soigner V., je ne pense pas pouvoir la maintenir durablement comme ça. De plus, je reprends le boulot dans quelques jours ! Je ne sais pas comment je vais gérer le box et tout le reste car parfois je finis tard le soir. D'après le Dr R., V. va s'adapter à son enfermement, ce n'est pas la première qu'il voit dans cette situation. Ce qui pêche c'est qu'elle est seule presque en permanence et isolée. En dehors des moments où des cavaliers viennent s'occuper de leurs chevaux, V. n'a ni contact visuel, ni tactile avec des congénères.
D'autre part, cette pension n'est adaptée ni pour un cheval blessé, ni pour un cheval en soins post op' (je ne détaille pas pourquoi afin de ne pas mettre en cause l'endroit en question, mais bref ce n'est pas optimal). La conclusion est facile : il faut déménager V. et au plus vite.
Je visite deux pensions susceptibles d'accueillir ma ponette dans de bonnes conditions. Une pension classique assez « haut de gamme » et une pension convalescence plus simple. Que ce soit l'une ou l'autre, leur prix dépasse largement mon budget prévisionnel, mais ai-je vraiment le choix ?
Le surlendemain, avec V. nous sommes sur le départ. J'ai choisi la pension convalescence pour sa situation géographique entre mon boulot et chez moi. Je sais déjà que je vais devoir y aller tous les jours et que ça va durer longtemps.
Le van arrive, je suis stressée. V. n'est pas sortie de son box depuis plusieurs jours. Je l'ai shootée au Vetranquil plus fort que d'habitude, j'espère que ça va aider un peu. Tout de suite mon nouveau gérant (J) me demande si j'ai déjà monté un cheval dans un van. Pas de bol, la réponse est non. Il souhaite que ce soit moi qui l'embarque, de façon à pouvoir refermer la porte derrière. (Je ressortirai ensuite par l'avant, enfin vous connaissez le principe mais moi je découvrais plus ou moins.)
Il me demande si elle monte bien en van : je n'en sais rien. Avec sa fracture, la dernière des choses à faire serait de se chamailler pour qu'elle monte, je stresse encore plus.
V. sort du box dynamique mais calme. On se met bien face du van, j'avance sans me retourner et... elle me suis comme un petit chien ! Sur ce coup là je suis épatée, elle n'a pas que des mauvais points la bougresse. Elle panique un peu quand la porte se ferme mais en gros on peut dire que ça c'est super bien déroulé.
Sa nouvelle pension se situe à 10 mn de l'ancienne, j'ai à peine le temps de m'angoisser pendant le trajet. A l'arrivée, V. gigote dans le van et s'impatiente, on ne traîne pas pour lui ouvrir. Elle sort comme une flèche en marche arrière : on aurait dit un bouchon de champagne. J'apprécie peu la « blague », si seulement elle pouvait être plus pondérée dans ces moments là !
V. est installée dans un grand boxe, propre et très bien paillée, ça me plaît.



Comme convenu elle a une voisine de galère. C'est une petite pouliche elle aussi accidentée, condamnée à l'enfermement H24 comme la mienne. Elles peuvent se sentir et se toucher du bout du nez, ça me ravie. V. lui fait la grimace et se montre menaçante. Peu m'importe : je préfère ça que de la voir seule.
Nous sommes alors le 22 mai, je suis propriétaire depuis 20 jours seulement.

Edité par mimisia le 14-11-2013 à 23h10



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Posté le 11/11/2013 à 01h55

Les jours qui suivent me font du bien. Je ne suis plus seule, le gérant m'aide tous les soirs pour les soins : il la tient et moi je fais mes bandages. V. est remarquablement sereine lorsqu'on s'occupe d'elle. Elle lèche les mains, s'amuse de ce qu'il y a autour et ne montre plus d'agressivité. Par contre, elle ronge les parties en bois de son box. J'essaie la pierre à sel, le ballon, mais ça n'y change rien bien sûr. Elle a du foin à volonté car c'est la seule chose qui l'occupe. V. prends du volume de jour en jour mais je n'y peux pas grand chose.Tanpis, on verra plus tard pour le régime.

Les jours passent et mon vétérinaire ne m'a pas encore dit qui allait opérer ma ponette, ni quand. Consciente qu'il ne s'agit pas d'une urgence vitale, je ronge mon frein et patiente. Jusqu'au jour où je m'énerve et lui envoie un mail salé. Ca m'insupporte de garder V. en box « pour rien », plus vite la chirurgie sera programmée plus vite elle en sortira !

Le Dr R. me recontacte enfin : il propose de faire venir un collègue à lui de Belgique pour opérer ma ponette. Selon lui c'est quelqu'un de très compétent, il lui confierait son propre cheval les yeux fermés. Je fais quelques recherches et en effet ce véto belge me semble qualifié : il a une clinique de référés et opère dans différents pays étrangers. A priori il est familier de ce type de chirurgie, c'est un bon point. Le métatarsien de V. lui serait en grande partie retiré car cela paraît être la meilleure option. J'écris tout cela au conditionnel car dans le fond en tant que proprio lambda qu'est ce que j'en sais de ce qui bien ou non ? Les avis divergent sur la technique la plus appropriée. Je suis paumée. Je choisis donc de faire confiance à mon vétérinaire et valide son idée.

L'opération est fixée au 11 juin, elle se fera au sein d'une clinique équine dans le Morbihan à laquelle nous louons un bloc opératoire et tout le reste. Le 11 juin, ça m'en fait des jours à attendre... Je prends mon mal en patience, V. ne me semble pas trop malheureuse, c'est surtout moi qui trépigne. Je continue à me dire, le plus vite ça sera fait, le plus vite elle guérira.

En fait le temps passe très rapidement : il me faut trouver un transporteur pour le voyage à la clinique, je dois gérer mon compte en banque pour payer la chirurgie (l'assurance n'avance pas les frais et j'ai commencé à toucher de l'argent de leur part que bien plus tard), mais aussi échanger des jours de boulot avec mes collègues etc etc..

Le 10 juin j'ai rendez-vous à 16h30 avec le transporteur. Je dois laisser V. à la clinique en soirée et la récupérer 48 heures plus tard. Je suis dans un état de stress monstrueux, j'ai très peur que quelque chose se passe mal. Je n'identifie pas clairement ce qui m'effraie mais ça me tétanise. Quand on a eu son cheval accidenté une fois, par la suite on flippe de tout ce qui pourrait lui arriver en permanence. Alors un transport de presque 2 heures suffit à me mettre dans tous mes états. Ca me fait même davantage peur que la chirurgie mais ça c'est sûrement ma vie professionnelle qui prend le dessus.

V. n'a jamais portée de protections de transport. Ne voulant pas prendre le risque qu'elle me fasse des bonds j'ai opté pour une solution de secours et lui ai acheté des guêtres fermées. Je me dis que c'est mieux que rien et je ne veux pas la laisser partir les jambes nues. Je bande aussi le postérieur sain, ça ne coûte rien. Bien entendu V. est de nouveau shootée aux tranquillisants, j'ai minutieusement calculé l'heure à laquelle lui donner pour qu'elle soit « bien » au moment du transport.

L'heure passe, il est 16h45 pas de transporteur en vu ! Pour moi l'heure c'est l'heure, et ¼ d'heure de retard c'est déjà trop, je téléphone direct. La dame a eu une urgence et aura une demi heure de retard. Gloups, je m'y attendais pas du tout à celle là. J'ai plus que du mal à digérer l'annonce. Mon gérant présent essaie de me détendre, il a du mérite car c'est peine perdue. Le temps passe, la demi heure passe et je me décompose littéralement derrière mon café. Je retiens avec difficulté mes larmes car des gens que je ne connais pas m'entourent. Je ne peux même pas parler, blême de fureur contre ce transporteur et inquiète au possible d'arriver avant la fermeture de la clinique.

Le camion se pointe enfin. J'ai envie de frapper sa conductrice, de lui balancer en pleine face ce que je pense de son retard mais ce n'est pas le moment, j'ai d'autres priorités. En 2 minutes V. est attachée dans le camion et on se met en route. Très vite elle gratte avec son antérieur. Ca ne m'étonne pas, je ne l'ai pas mentionné mais elle fait très souvent, dès qu'elle s'impatiente en fait. C'est parti pour 2 heures, elle maltraite le passage de roue du camion et je me félicite pour les guêtres.

Peu à peu je me détends vis à vis de la conductrice qui est très précautionneuse. Son professionnalisme me rassure, elle fait vraiment bien attention aux détails pour ne pas avoir à freiner et risquer de déstabiliser V. Nous évitons les grands axes car c'est l'heure des embouteillages autour de Rennes, ce qui rallonge le temps de trajet. J'appelle la clinique pour les informer que je vais arriver avec du retard.

Pour finir, on débarque à 19h15. La clinique a fermé bien entendu, mais des vétos m'attendent à l'arrière. Je suis ennuyée de passer pour la relou en retard. J'ai envie de leur dire que je n'y suis pour rien mais c'est inutile.

On débarque V. en douceur, merci le camion... Elle est très excitée, j'ai un peu du mal à la tenir. Elle est très belle à cet instant et oui je prends le temps de le remarquer. D'autres chevaux sont hospitalisés, des poulains aussi, ça hennit dans tous les sens. Je ressens leur appels au secours, ils sont tous aussi apeurés que V. et moi. La clinique c'est mon univers, mais là pour le coup je ne me sens pas du tout à l'aise. Je rentre V. dans un petit box avec des copeaux. Elle a peur et me bouscule presque. Sous pression, je lui enlève vite bandes, guêtres, licol et sors du box. Je ne peux pas m'attarder davantage car la clinique est fermée, tout le monde attend que je décolle.

J'ai quittée la clinique sans une caresse pour ma ponette. Pourquoi je ne lui ai pas dit au revoir ? D'une part je n'ai pas osé m'attarder après être arrivée en retard, mais surtout d'autre part j'ai eu le sentiment que V. s'en fichait éperdument de moi. J'ai bien vu que ma présence ne la rassurait pas. A ce stade, elle ne me considère pas encore comme digne de confiance et vu ce que je lui fais subir depuis plusieurs semaines je peux la comprendre.

A suivre...

Edité par mimisia le 11-11-2013 à 11h52



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Posté le 11/11/2013 à 11h48

Je ne peux pas répondre à tout le monde individuellement car vous êtes super nombreux à réagir mais tous vos messages me touchent.
Vos regards sont plein de justesse par rapport à une situation sur laquelle je n'arrive plus à prendre du recul.
Ca m'aide beaucoup donc: merci.
Et comme il fait un temps pluvieux au possible, je vais avoir du temps libre pour vous écrire un petit bout supplémentaire!

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Posté le 11/11/2013 à 14h31

Le lendemain c'est le jour J, V. va être opérée. J'ai choisi de bosser de 8 h à 19 h pour pouvoir penser à autre chose. Un vétérinaire m'a dit qu'on me téléphonerait en fin de journée pour me donner des nouvelles. La journée se déroule à peu près normalement, mes clients m'occupent l'esprit. J'ai plus de compassion que d'habitude pour eux ce jour là.

De temps en temps des images me traversent l'esprit : l'anesthésie à l'induction, le couchage de V., sa jambe ouverte avec des champs opératoire posés dessus... Ca n'a pas que des avantages d'être du métier, j'aurai préféré de ne rien connaître. Mais j'ai déjà vu une chirurgie sur un cheval. Le moment du réveil est encore plus délicat que le couchage. L'équidé grand craintif qu'il est, peut réagir n'importe comment (c'est pourquoi on les mets dans un box capitonné). Je ne peux m'empêcher de penser aux réactions explosives que V. a déjà pu montrer et j'angoisse.

Mon téléphone portable a passé sa journée dans la poche de ma blouse au cas où. Pourtant, il est 18h55 et il n'a pas encore sonné ! Evidemment ça m'énerve que le Dr ne respecte pas sa parole, je suis fâchée contre lui . Oui sous tension depuis plusieurs semaines, un rien m'énerve. Comme je sais que la clinique va fermer à 19h je prends l'initiative d'appeler. Là on me passe un véto : tout s'est déroulé sans encombre, V. vient de rentrer dans son box. Ouf..

Nous sommes mardi soir, normalement, V. doit rentrer jeudi ou vendredi au plus tard.
Je me demande si je prends mon mercredi après midi pour aller lui rendre visite. Je suis très partagée : est ce valable de faire 3 heures de route pour passer 5 minutes avec elle ? Ma visite va-t-elle lui apporter quelque chose de positif ? La voir va-t-il me faire du bien à moi ?
Je décide de bosser toute la journée car chaque moment que je me libère au boulot devra être rattrapé. Hors je pense que je vais avoir besoin de temps libre pour la suite. Par ailleurs, je suis convaincue que V. ne me reconnaitra même pas. Sa situation demeurera la même je lui rende visite ou non.

Mais en soirée j'ai le Dr R. au téléphone, V. se porte bien et peut rentrer « à la maison » dès le lendemain! Une nouvelle fois, je jongle avec mes collègues pour me libérer une demi journée. Si V. peut revenir dans son environnement habituel sans contre indications médicales, je préfère ne pas attendre. Je suis certaine que c'est le mieux pour son mental malgré la chirurgie toute fraîche.

Cette fois je ne pourrais pas être dans le camion avec le transporteur. Je vais devoir faire la route seule en direction de la clinique. Pour me soutenir, j'embarque ma chienne dans la voiture. S'il y a quelqu'un qui me suis depuis 10 ans dans mes galères c'est bien elle : sa place est légitime au pied du siège passager.

A suivre

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Posté le 11/11/2013 à 15h50

J'arrive à la clinique en même temps que le transporteur. Je me présente à l'accueil et nous nous dirigeons vers le box de V. Quand je la vois je suis stupéfaite : elle est transformée. Son physique trahit ce qu'elle a traversé. Elle, si grassouillette à se gaver de foin depuis des semaines... elle a littéralement fondue ! De plus, son poil est partout collé de sueur séchée. J'imagine que les 48 dernières heures ont du être un calvaire.
A ma demande un vétérinaire lui injecte un tranquillisant pour le voyage. Le produit fait effet instantanément, V. marche au ralenti vers le camion et titube presque. J'espère qu'elle va réussir à se camper sur ses 4 sabots lors du trajet, manquerait plus qu'elle tombe !

Je reprends ma voiture et me place derrière le transporteur. Les deux heures qui vont suivre comptent parmi les pires de ma vie. Je roule derrière le camion qui contient ce que j'ai de plus précieux à cet instant et les autres usagers de la route se comportent n'importe comment sous mes yeux. Tout ce qui importe pour ces conducteurs c'est d'aller vite, ne pas rester coincé derrière ce camion lent et encombrant. J'hallucine des risques qu'ils prennent et surtout de ceux qu'ils font prendre à ma jument.

Il faut que je garde le contrôle étant moi même au volant. Pendant deux heures je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'accident. Je pense juste « pourvu qu'on arrive à la pension ». Je me demande aussi comment V. vit son voyage retour. A l'aller je la voyais dans la caméra du camion, c'était tellement rassurant. Là je dois faire confiance au transporteur pour détecter un éventuel souci. Sur une route étroite on croise un tracteur, je n'ai pas besoin de caméra pour savoir ça fait paniquer V. Je me sens impuissante à la protéger.

Pour finir on arrive quand même en un seul morceau à la pension. Je débarque V., le gérant est également frappé par son changement physique. Je ne me suis donc pas fait des idées. Elle reconnaît la pension et semble contente de revenir, ça me fait plaisir. Bien réveillée elle mange, son petit ventre ne devrait pas tarder à se reformer.



Je crois pouvoir souffler un peu à présent mais je me trompe.

A suivre

Edité par mimisia le 14-11-2013 à 23h18



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Posté le 11/11/2013 à 17h23

Le lendemain je travaille toute la journée. Et oui la vie continue malgré tout, il me faut un salaire même si mes nuits sont courtes. Je finis vers 19 h, et là le Dr R. me téléphone. Je décroche, il semble soulagé de m'avoir et me demande si V. est vaccinée contre la rhino pneumonie ?! Ben non, pourquoi ? Parce que durant son séjour en clinique elle a pu potentiellement être contaminée.

Des vétérinaires soupçonnent un cas dans un élevage breton. Une jument très mal en point là bas se dégrade. Des tests sont en cours pour déterminer si elle est porteuse du virus. Un cheval de ce même élevage a été hospitalisé au même moment que V. Cette maladie est réputée extrêmement contagieuse, le risque se montre bien réel.
L'Herpès Virus Equin se présente sous plusieurs formes et celle que l'on soupçonne est la plus grave. En effet, nous ne parlons pas de la forme respiratoire, la rhino pneumonie « classique », mais de sa forme neurologique.
Je sens que mon vétérinaire s'inquiète vraiment et ça je n'aime pas du tout.

Son salarié (Dr. L) déjà à l'écurie vaccine ma ponette en mon absence. J'arrive quelques minutes plus tard : V. n'a plus de voisine de box, elle doit rester en quarantaine. Pauvre chouchou, c'est pas juste pour elle. Le véto m'explique les symptômes qui doivent m'alerter : fièvre, baisse d'appétit, jetage nasal...
En dehors du vaccin, on ne peux rien faire de plus. Le Dr L. me demande si j'ai bien compris de quelle maladie il s'agit. Lui aussi s'inquiète. Pour ma part je réagis peu. A bout de forces je me dit que V. peut potentiellement mourir dans quelques jours, après tout ce qu'on a fait c'est écoeurant.

Je rentre chez moi et me plonge dans ma bible de la santé équine (le Nouveau Manuel Vétérinaire de N.S. Loving). Ce que je lis me désespère : « de nombreux chevaux atteints de rhino pneumonie paralytique se couchent et ne sont plus en mesure de se relever », « un cheval affecté restera en décubitus et pourra se blesser au cours de ses tentatives infructueuses pour se relever ». Ma V. a été opérée de sa fracture l'avant-veille, elle ne pourra jamais s'en sortir si elle est atteinte ! Je poursuis ma lecture « la mortalité atteint un taux de 25%, cependant les chevaux qui récupèrent présentent un pronostic favorable de retrouver un fonctionnement normal »

A présent oui, j'ai parfaitement compris de quelle maladie il s'agit.

A suivre

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Posté le 11/11/2013 à 20h48


cudowny a écrit le 11/11/2013 à 18h02:


Le problème de la rhinopneumonie, c'est que c'est contagieux et qu'il peut y avoir un porteur sain (qui a transité dans la clinique) et a contaminé plusieurs chevaux, sans qu'on le sache à son arrivée. Même avec des infrastructures niquel et la mise en place d'une quarantaine, il peut y avoir contamination, c'est les aléas des structures hospitalières et les vétos n'y peuvent pas grand chose, même en prenant toutes les précautions possibles (d'autant + qu'on ne sait pas qui peut être LE porteur sain, s'il y en a un)...

La vaccination est utile, car si la jument n'a pas été contaminée, ça peut booster son système immunitaire si elle vient à rencontrer le virus à nouveau.

Ah, ah je vois que tu es du milieu toi

Tout le monde a encore lu trop vite: la clinique n'y est pour rien dans cette histoire. Aucun cheval contagieux n'a été hospitalisé avec ma ponette, c'était un cheval en provenance d'un élevage où il y avait potentiellement un cas. Et ça ils ne l'ont su que quand V. était déjà partie.
Mon véto a été très réactif et a fait ce qu'il fallait, je vous invite tous à relire le message de Cudowny ci dessus qui explique tout.

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Posté le 11/11/2013 à 21h49

Je passe donc chaque soir (comme d'habitude) voir V. et je scrute son état général. Elle se porte comme un charme, dévore son foin et garde l'oeil vif. Ca me semble juste impossible qu'elle soit malade. Mais je ne me réjouis pas, avec mon expérience professionnelle je sais très bien que les apparences sont parfois trompeuses.

Vendredi, samedi, dimanche, lundi, mardi.... toujours pas de résultat d'analyse !! Mais qu'est ce qu'ils foutent au labo bordel ?! En fait le véto m'explique que plus on tarde à trouver quelque chose, plus on a de chance de ne rien trouver.
Et d'ailleurs, ils ne trouveront rien.
Je peux vous dire que depuis cet évènement V. a eu son rappel de vaccin rhino et que je ne compte pas louper les prochains. Cette maladie de plus en plus répandue me fait peur, puisqu'il existe un vaccin efficace pourquoi en priver ma jument ? Avant j'aurais répondu « pour des raisons financières », aujourd'hui au point où j'en suis un vaccin de plus ou de moins...

Ca fait deux semaines que V. est revenue de la clinique. Le vétérinaire a enlevé son pansement il y a quelques jours, la plaie est belle. Sa jambe est très engorgée mais c'est plutôt logique après être restée plus d'un mois au box.



Il est temps que ma jument attaque sa rééducation. Au programme, 4 semaines de marche au pas quotidienne. On commencera par des sessions de 5 minutes et on augmentera progressivement jusqu'à 30 minutes.

Je me réjouis d'offrir une sortie à V. car j'ai enfin l'impression de faire quelque chose avec elle. Pour le moment nos contacts se résument à un pansage quotidien et un lot de soins sur son postérieur. En même temps j'appréhende cette première sortie, je crains que V. pète un plomb tout simplement. Je n'ai qu'un champ pour la faire marcher, si je l'échappe c'est la cata. Encore une fois je lui fais prendre des calmants pour avoir un coup de pouce. Je décide aussi de la sortir avec un filet, la longe passée dans le mors. C'est très dur comme système, je déteste, mais tanpis je préfère assurer le coup. V. n'a pas encore appris à céder à la pression, la sortir en licol serait une aberration.

En fin de compte la « promenade » se déroule au mieux. A peine un écart, elle est shootée et semble plutôt indifférente à ce qui l'entoure. Les 5 minutes passent vite, je la remets au box. Les deux semaines suivantes je vais enchaîner exactement de la même façon. Bien sûr, je continue en parallèle l'application de produits divers localement et la pose de bandes de repos. Je rentre tard chez moi les jours où je travaille. Mais ça en vaut la peine, j'escompte qu'elle récupère bien vite après cette période contraignante.

A suivre, nous sommes le 9 juillet

Edité par mimisia le 15-11-2013 à 21h27



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Posté le 13/11/2013 à 13h30


krow a écrit le 13/11/2013 à 11h08:
Si je peux me permettre (sans aucune agressivité de ma part), tu as choisi ta ponette avant tout sur le physique et non pas, par coup de cœur mutuel . ………. . A la mise en pâture, même si on veux que son animal ai un compagnon on prévoit tout de même de délimiter le temps d'un ou plusieurs jours la parcelle en deux morceaux pour que les deux chevaux fassent connaissance sans se blesser , c'est indispensable

C'était un coup de coeur physique certes mais un vrai coup de coeur pour moi. Ca m'étonne que plusieurs personne pensent que j'ai choisi une ponette qui ne me convient pas, je n'ai jamais regretté son tempérament, j'ai vu tout de suite comment elle était.
édit: je ne crois pas au "choix mutuel"

Concernant la mise au pré: enfin quelqu'un qui en parle Depuis le début de mon récit je m'étonne que personne n'ai relevé ce point. Pour moi il est évident que j'aurai du la mettre en fil à fil. Je m'en veux terriblement de ne pas l'avoir fait car je le savais et j'étais convaincue que c'était le mieux. Je n'ai simplement pas osé le demander au gérant. C'est impardonnable. (pour info: une étude publiée par les HN prouve que les rencontres se déroulent mieux quand on prends le soin que les chevaux fassent connaissances "de loin").

J'essaie de vous écrire un chapitre ce soir, bonne journée à tout ceux qui me font le plaisir de lire!

Edité par mimisia le 13-11-2013 à 13h37



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