Alimentation du cheval

Par   |   Le 20 Janvier 2015

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Nourriture cheval foin
Le cheval est un herbivore qui passe environ 60% de son temps à brouter quand il vit en totale liberté, avalant jusqu'à 50 kg d'herbe par jour. Malheureusement les conditions de vie à nos côté ont chamboulé son rythme et nous devons adapter les contraintes (manque de pâture, travail) à ses besoins fondamentaux. La diététique équine est une science complexe qui fait appel à la chimie, la biologie et les sciences vétérinaires en général. Le but de cet article est d'en donner quelques bases pour en comprendre la complexité.

Les besoins alimentaires du cheval : rappels de base :

Nous avons déjà évoqué les bases de l'alimentation du cheval dans un article et nous allons pousser les recherches un peu plus loin. L'alimentation du cheval vivant au pré diffère de celle du cheval au box (ou paddock sans herbe). Le cheval doit recevoir une alimentation équilibrée en fonction de ses besoins et de son mode de vie.

Cette couverture sera faite à l'aide de fourrage, grains ou aliments composés industriels. Son petit estomac ne lui permet pas d'assimiler de grandes quantités d'un coup, il faut donc lui fractionner les repas. N'oubliez pas que le cheval ne dort pas spécialement pendant la nuit, il doit donc pouvoir s'occuper avec du fourrage s'il n'est pas au pré.

Pour un cheval ne vivant pas au pré en permanence l'ordre de distribution doit être :
  1. foin (20 à 30 mn avant le grain) La quantité de foin minimum pour un cheval de 500 kg est de 5 kg par jour/
  2. eau (en permanence et propre). Un cheval adulte boit environ 40 litres, et bien plus en été.
  3. grains ou granulés

L'énergie

L'UFC : Unité Fourragère Cheval

Les besoins énergétiques des chevaux sont exprimés en UFC (Unité Fourragère Cheval). Cette unité correspond à la valeur énergétique nette d’1 kg brut d’orge de référence:

1 UFC = 2250 Kcal. On compte 0,85 UFC par 100Kg de poids vif.
.

L’énergie est apportée principalement sous forme de glucides (amidon, cellulose et sucre). Les lipides sont aussi un apport énergétique, ils favorisent la digestion des glucides et des protides, et peuvent être stockés sous forme de graisse.

Les besoins énergétiques sont présentés dans les tables des apports journaliers recommandés éditées par l’INRA, en fonction du type de cheval et de sa production.

Les protéines

Les protéines sont un des constituants principaux de l’organisme (muscles, hormones…) et constituent jusqu'à 20% du poids du cheval. Elles sont apportées à l'organisme sous forme d'acides aminés (molécules azotées), produits par la digestion. Cependant certains acides aminés ne sont pas fabriqués par le cheval et doivent être fournis par l'alimentation.

Les protéines de l’organisme sont en permanence dégradées et remplacées. De plus:
  • - contrairement aux lipides, les protéines excédentaires ne peuvent être stockées dans des tissus spécialisés pour être remobilisées plus tard.
  • - le cheval ne peut pratiquement pas compter sur une éventuelle production d’acides aminés par sa flore microbienne digestive, comme le font les ruminants.
Les besoins en protéines sont accrus pour :
  • - les poulain en croissance.
  • - les poulinières produisant du lait.
  • - le cheval au travail (augmentation de la masse musculaire).
poulain
Les poulains et leur mère ont des besoins protéiniques accrus

Besoins en Acides Aminés Indispensables (AAI)

Le cheval n’est pas capable de synthétiser totalement les 9 acides aminés indispensables : leucine, isoleucine, valine, méthionine, phénylalanine, thréonine, tryptophane, histidine et lysine (cette dernière étant la plus déficitaire). Il faut donc que son alimentation lui apporte suffisamment de matière azotée pour produire ces acides aminés.

Besoins en MADC (Matière azotée digestible cheval apportée par la ration)

Les besoins sont exprimés sous forme de MADC (en g/j) et doivent être considérés par rapport aux besoins énergétiques. Pour ajuster les apports protéiques d’une ration, on se réfère donc autant au rapport protido-énergétique (MADC / UFC*) qu’à la quantité de MADC apportée par la ration. Ce rapport varie en fonction du type de cheval.

MADC = Matières azotées digestibles cheval.
On compte au moins 70 G de MADC par UFC des besoins totaux

Les minéraux

Parmi les minéraux les plus importants : calcium et phosphore (squelette), potassium (enrichissement des glandes, des tissus nerveux et des muscles), sodium (élimination des toxines par l'urine et la sueur), magnésium (empêche les tétanies et les contractures musculaires), les oligo-éléments (zinc, cuivre, fer, sélénium...).
Ils ont tous un rôle et les déséquilibres peuvent avoir de lourdes conséquences (comme le rachitisme). On les trouve dans tous les aliments ( dans le foin par exemple) mais à dose très variable, ce sont des substances inorganiques.

Les vitamines

Les vitamines sont des substances organiques qui servent à activer les réactions chimiques métaboliques. Elles doivent êtres apportées par l'alimentation ou synthétisées. Leur carence peut entraîner une anémie, un poil piqué, des problèmes de vue... mais le surdosage est aussi néfaste. Il faut donc être vigilant. Les plus importantes sont les vitamines A, B et E.

Classification des besoins

Les besoins d'entretien

C'est la quantité d'énergie que doit absorber un cheval pour assurer sa survie (respiration, lutte contre le froid..). On la mesure en UF, mais ça ne tient pas compte des capacités de digestion et d'assimilation.

On compte 4 UF / 400 KG, puis 1/2 UF par 100 KG supplémentaire.

Exemple : pour un cheval de 600 kg : 4 UF + 1/2 + 1/2 = 5 UF. Evidemment chaque cheval est une individualité et ses besoins varient avec la saison aussi.

Les besoins de production

Ils jouent sur les besoins d'entretien, on distingue :

  • Les besoins de reproduction : étalon à la monte, jument allaitante
  • Les besoins de croissance : le poulain grandit et le pic se situe vers 18 mois
  • Les besoins de travail : quand le travail atteint une certaine intensité, une diététique d'athlète est nécessaire.

pré
Au pré, le cheval choisit les herbes qu'il consomme.
cheval de trait
Il n'y a pas que les chevaux de sport qui ont des besoins de travail

Les différents aliments

Les pâtures

Naturelles ou gérées par l'homme, elle offrent une diversité de plantes et légumineuses qui varie selon les régions. L'herbe de printemps ou l'herbe jeune en général a une valeur nutritive importante permettant potentiellement de couvrir les besoins de tous types d'équidés. On veillera au contraire à limiter les quantités accessibles aux animaux à faibles besoins (risques d'embonpoint ou de fourbure). Leur valeur fourragère est d'environ 0.15 UF/kg. Attention à la gestion des parasites et aux plantes toxiques. On compte souvent 1 hectare par cheval pour qu'il soit autonome (c'est à dire non complémenté en foin hors hiver), mais cette estimation varie en fonction du couple cheval / type de sol.

Les fourrages

Les fourrages peuvent être à l’origine de coliques ou de problèmes respiratoires s’ils sont de mauvaise qualité. C’est pourquoi il faut veiller à choisir son fourrage correctement.

On distingue plusieurs types de fourrages :

Le foin
foin de crau
Le foin de Crau possède une AOC (appellation d'origine contrôlée)

Le foin qui est un mélange sec de graminées et de légumineuses. On distingue les foins naturels (graminées pures, comme le foin de Crau) des foins artificiels (raygrass, luzerne). Attention le foin doit être gardé au sec, et sa valeur peut passer de 0.23 UF/kg à 0.45 UF/kg selon sa qualité.

La quantité de foin minimum pour un cheval de 500 kg est de 5 kg par jour
La luzerne et le trêfle

Elles sont riches en protéines et en calcium et peuvent être distribuées fraîches, déshydratées ou sous forme de foin (mais difficile à récolter). Les deux (surtout le trêfle) ont une forte capacité à fermenter, avec des risques de coliques par la suite. A manier avec précaution.

La paille

La paille est constituée des tiges de certaines graminées coupées lors de la moisson, la paille n’a qu’une faible valeur nutritionnelle sauf en ce qui concerne les fibres. La paille a toutefois un rôle : si elle reste un élément de la litière, elle permet de réguler le transit du cheval. Elle l’oblige également à boire régulièrement et limite l’ennui au box. Mais on veillera à distribuer la paille en quantité limitée car, riche en fibres non digestibles, elle risque de provoquer des désordres digestifs (coliques de stase). L'idéal est la paille d'avoine ou de blé, celle d'orge peut provoquer des accidents (brins entrecoupés de dents).

Chaque fourrage est donc différent et le faire analyser par un professionnel (nutritionniste ou vétérinaire) permet de coller au mieux aux besoins de votre cheval.

Les grains

Les grains de céréales les plus utilisés dans l'alimentation du cheval sont l'orge, l'avoine et le mais. Ce sont des aliments concentrés riches en glucides (amidon) et pauvres en protides. On peut les distribuer aplatis, concassés, moulus, germés ou trempés afin d'augmenter leurs digestibilité.
Attentions aux carences en calcium si on nourrit exclusivement aux céréales.

L'orge : 1 UF/KG
orge chevaux
Orge aplatie ©Haras Nationaux

Composant ancestral de l'alimentation du cheval. Il est préférable de l'aplatir ou de la faire tremper. Certains chevaux le supportent mal à cause de la quantité d'amidon indigeste qu'il contient. L'orge germée est très appétissante et digestible, mais perd une partie de ses qualités nutritives et n'est pas facile à bien gérer.

L'avoine: 0.85 UF/KG
avoine chevaux
Avoine noire ©Cheval annonce

L'avoine a la réputation de faire chauffer les chevaux, mais son apport énergique n'est pas supérieur aux autres céréales. Elle est donc moins utilisée, alors que ses vertus excitantes n'ont pas été démontrées scientifiquement cependant elle peut avoir un effet irritant sur l'organisme si l'équilibre alimentaire (et fourrager) n'est pas respecté. Elle peut se donner entière ou concassée en deux variétés : noire ou blanche.

Le maïs: 1.05 UF/KG
mais
Mais concassé

Utilisé depuis longtemps aux U.S.A. il est très énergétique. Plus riche en matières grasses (lipides) que les autres céréales avec une très faible teneur en cellulose, il faut l'introduire dans la ration progressivement. Très appétant, il doit être concassé ou broyé. Attention : à haute dose il peut empêcher le calcium de se fixer.

Les aliments industriels

floconnés
Aliment floconné@Destrier

Il faut bien lire les étiquettes et ne pas hésiter à demander des conseils. La liste des ingrédients y est notée par ordre pondéral décroissant.

Destrier synchro
Composition de l'aliment complémentaire Synchro© Destrier
Il existe trois types d'aliments
  1. les aliments dit complets : ayant un taux de cellulose supérieur à 15 % ne nécessitant pas d'apport de fourrage (attention alors à l'ennui si le cheval est au box). On les trouve sous forme de granulés ou de floconnés.
  2. les aliments dit complémentaires : ayant un taux de cellulose inférieur à 15 % nécessitant un apport de fourrage.
  3. Les compléments / aliments minéraux vitaminisés (CMV ou AMV): Il sont à à ajouter à une ration de concentrés. Ils sont constitués principalement de matières premières minérales (macro et oligo-éléments) et de vitamines. Ils visent à corriger les déficits éventuels des rations.

Les friandises

Carottes, pommes et betteraves sont des aliments rafraîchissants qui stimulent l'appétit et sont déconstipant. Ils sont très riches en eau, en vitamines et en glucides mais très pauvres en protides, lipides et celluloses. Ils ont des actions plus psychologiques que nutritives mais jouent un rôle important soit dans l'appétence, soit dans l'absorption de médicaments. Attention toutefois à ne pas dépasser certaines doses (3 kg/jour de carottes pour un cheval au travail par exemple). Attention avec le pain qui contient du blé (peut provoquer des allergies ou des fourbures, surtout chez les poneys), il doit être donné bien sec.
On peut également remplacer la ration par un mash (préparation rafraîchissante, obtenue en faisant macérer dans l'eau chaude des grains, des fourrages hachés, des farines, du sel et du sucre etc...) une fois par semaine.
Carottes
Les carottes, toujours bon pour le moral © Chevalannonce

Le calcul de ration

Nous avons vu que les besoins du cheval sont subtils et l'équilibre alimentaire primordial. Pour élaborer une ration il faut donc :

  • Connaitre les besoins du cheval
  • Connaitre les valeurs nutritives : UF, MADC, rapport calcium/phosphore (entre 1,5 et 1,8 fois plus de Ca que de P ) des aliments à disposition.
  • Calculer les quantités d'aliments en commençant par le fourrage, qui doit être de bonne qualité (on peut le faire analyser).
  • Ajuster la ration si besoin

Il existe des logiciels de calcul de ration pour vous aider à équilibrer son alimentation et des sites comme celui des Haras Nationaux pour avoir encore plus d'informations. Il faut être particulièrement vigilant avec les poulains dont le bon développement passe par une ration adaptée. Un cheval en carence ou en surpoids peut développer des maladies graves. Enfin, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste de la nutrition pour élaborer vos rations ou détecter un déséquilibre.

Et vous, comment calculez vous vos rations ?

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