Bonjour!
Moi j'ai eu un coup de foudre pour ma jument. On s'est un peu trouvées toutes les deux. J'explique le contexte : Perle est née en montagne, loin des humains, d'une jument qui appartenait au ranch où j'allais tous les ans (pour info, c'est un ranch ou les chevaux ne travaillent qu'en été à faire de la rando, et repos en montagne le reste de l'année. Trop dure la vie!).
Perle avait très brièvement cotoyé les hommes pour la première fois pendant la transhumance quand elle n'avait pas 1 an, elle avait refusé de transhumer à 2 ans (et avait donc passé un hiver en altitude avec les shetlands), et avait fini par être attrapée à 3 ans. A cette époque là, elle était confinée dans un coin du ranch , avec interdiction à quiconque de l'approcher : elle était agressive. Quand on lui donnait un morceau de pain dur (posé à sa portée, jamais en direct!) elle le mettait au sol et le piétinait en te regardant méchamment. Tout un programme.
Dès le départ, je l'avais adorée cette espèce de furie gris pommelée qui donnait du fil à retordre aux humains. Physiquement je la trouvais jolie avec ses crins de cheval de barbie, mais ça n'était pas ça le plus important. Bon, je ne l'approchais pas, c'était interdit, mais je restais souvent pas très loin, à l'observer. Pendant l'hiver qui a suivi, elle a été débourée par un ''chuchoteur'' de passage. L'été suivant, je la retrouvais dans la cavalerie. Avec un peu d'insistance, parcequ'ils ne lui faisaient pas du tout confiance, les proprios ont accepté de me laisser la monter. Première sortie (en groupe), je découvre une jument sur l'oeil, mais VRAIMENT sur l'oeil, et qui fait des écarts pour un rien. Elle a aussi peur de l'humain, et reste assez sauvage. Pendant cette première sortie, à cause d'un "monstre" (réel, un type qui sort la tête d'un trou qui n'était pas là la veille...) elle m'envoie au sol alors que j'étais déjà pied à terre, et se barre au galop, heureusement pas trop loin. Super approche! Je lui remonte dessus, et je sens qu'elle est encore complètement paniquée. Je décide de la faire volter, tourner, avancer, ralentir pendant une bonne minute... Elle arrête de paniquer et là, je la sens enfin qui m'écoute.
C'est là que j'ai eu la confirmation que notre duo c'était une évidence. Il lui fallait un cavalier zen, calme, qui s'adapte à son caractère, bref, il fallait la comprendre. Cet été là, j'ai passé mon temps à la sortir, à lui montrer des choses. Patiemment, rênes longues, quitte à prendre le temps. Années après années. J'avais une façon à moi de l'appeler, et elle se détournait du troupeau pour venir à ma rencontre, même de loin. On avait nos codes à nous. Dès la saison suivante, ses propriétaires la surnommaient "la jument de Delphine". C'est resté. On en a eu des histoires ensemble, on en a fait des kilomètres. Elle a continué sa carrière au ranch, de plus en plus calme avec mes années mais en étant toujours un peu compliquée du coup pas tellement montée (et jamais par des débutants). Comme promis bien des années avant, ses propriétaires ont fini par me la donner et je l'ai ramenée dans ma (nouvelle) région. Elle finira sa carrière de randonneuse et passera une heureuse retraite à mes côtés.
2003
2004
2005
2009
