Je rebondis sur votre discussion au sujet du lien plus ou moins explicite avec bébé que ce soit pendant la grossesse ou après l'accouchement. Je suis la dernière de 5 enfants, jusqu'à ce que je travaille avec des enfants je disais toujours que je n'aimais pas ça. Finalement, j'ai travaillé dans les écoles et j'ai adoré, puis quand mon neveu est né, j'ai pas spécialement adoré ou détesté ou j'en sais rien, mais c'était super naturel de prendre soin de lui. Les bébés, leur développement, la maternité, l'éducation des enfants sont des sujets qui me passionnent depuis plusieurs années et d'ailleurs j'ai toujours travaillé exclusivement dans ces domaines. C'est une évidence, les enfants c'est mon truc. D'ailleurs actuellement je suis prof mais je ne sais pas quand, ni pour combien de temps, je passerai un jour par la case Ass mat' à défaut de retourner bosser en crèche.
Je désire avoir un enfant depuis longtemps maintenant, le désir était déjà très présent il y a 5/6 ans, bien avant que mon mari en ait réellement envie. Et pourtant, enceinte aujourd'hui je rentre dans mon 5ème mois cette semaine, on ne me verra jamais toucher mon ventre ni parler à mon ventre, là où j'ai vu tant de nanas cramponnées à leur ventre dès 2/3 mois de grossesse.
Je me dis que ce sera peut-être différent quand je sentirai bébé bouger. Je me dis que c'est parce que j'ai trop peur de le perdre, parce que je sais que ça arrive, parce que j'ai fait une fausse couche y'a 6 mois (pourtant, j'étais pas plus... extravertie que maintenant on va dire, par rapport à la grossesse) et que ce qui me terrorise le plus, c'est d'être restée sur cette impression de "c'est normal, tu méritais pas d'avoir autant de chance, qu'est-ce que tu croyais", parce que ci, parce que ça... Et même une amie m'a dit "c'est bizarre, on a presque l'impression que tu t'en fiches, tu fais comme si t'étais pas enceinte" (je précise que c'est une bonne amie, très franche, qui s'exprime comme ça vient m'enfin ce n'était pas une critique) et c'est vrai que même si j'ai jamais été du genre à faire un foin de ce genre de choses (pareil, à mon mariage y a peut être des gens qui ont pleuré mais j'en faisais pas partie lol), je m'attendais moi-même à autre chose de ma part, vu comme je bassinais tout le monde avec mon désir de bébé depuis des années.
J'ai encore du mal à réaliser, à me projeter, à faire de ce bébé le mien. C'est d'ailleurs hyper frustrant voire culpabilisant en ce qui me concerne. On a tellement l'habitude de me voir maternante, bienveillante, j'aspire à tellement de choses pour notre bébé, à tellement d'amour, que finalement le fait d'être aussi distante me fait culpabiliser. Je me demande déjà où sont passés les grands principes auxquels je tiens tant si je ne suis déjà pas capable de créer un lien avec mon fils dans mon ventre? Il m'est arrivé même de ressentir de la colère envers lui, parce qu'il est là alors que ma première grossesse s'est terminée en fausse couche et que ce bébé-là, lui, n'a jamais vu le jour.
Et puis finalement, j'essaie de prendre du recul et de faire preuve de tolérance envers moi-même, non seulement parce que le corps et l'esprit sont chamboulés par les hormones, les angoisses, etc etc... et puis parce que tout est très intense et je pense que chacune vit les choses à sa façon et surtout,
on fait toutes de notre mieux.
Tout ça pour dire que peu importe comment on se situe par rapport à la maternité et aux enfants tout court avant la conception, finalement, je crois qu'aussi bien pour la grossesse que pour l'après, on ne peut pas savoir comment on réagira