Merci à toutes pour vos messages ! Isaure dort depuis 15h30 après avoir un peu tété… Et comme j'ai eu du temps, j'ai tout écrit tant que c'est frais en tête :) Mon récit est bien moins serein et glamour que certaines haha ! Je ne suis pas une warrior, j'ai même honte d'avoir autant hurlé mais c'est fait. Arrivée à la mat à 10h, Isaure née 2h plus tard. Accouchement express.
Il est 5h, Paris, s’éveille et mes contractions aussi. J’ai un peu l’impression de répéter l’histoire de Théophane mais c’est celle d’Isaure qui sera contée. Bref, ce sont des petites douleurs qui me réveillent tranquillement. Pierre dort, ou somnole, je ne sais pas trop. Il doit repartir dès 8h30 pour prendre son avion direction des Etats-Unis. Je ne le dérange pas, et je regarde l’heure : toutes les dix minutes. Encore une histoire de « déjà-vu » 14 mois pile auparavant. Car oui, je suis en train d’accoucher au même terme que le premier.
7h30, l’aîné se réveille. C’est Pierre qui descend s’en occuper juste avant de partir, et moi je reste un peu au lit avec le chrono en main. Les contractions sont désagréables mais, je dirais un petit 2/10 niveau douleur. J’ai une faim de loup et je décide de prendre mon petit-déjeuner vers 8h30. Un dernier aurevoir pour ces trois dernières semaines de séparation. Pierre me demande si je pense que c’est pour aujourd’hui. J’ai envie de lui dire « oui, je ne me trompe pas » mais je sais qu’il est déjà peiné. Je réserve donc mon avis avant de faire un petit tour à la maternité. Je prends mon temps tant que je ne passe pas sous les 10 minutes. Une heure après je varie entre 5 et 8’, la douleur est crescendo, elle m’empêche de marcher ou de parler, c’est bon signe. Brossage de dent, bisous à Théophane, appel détente d’une amie, départ pour la maternité.
A 10h sur place, je suis prise en charge par une sage-femme adorable, « bonjour vous venez pour quoi ? » « Pour accoucher ! ». L’ambiance est décontractée, nous sommes dimanche matin. J’ai du répit entre 2 contractions et je ne suis qu’à 3/10 pour la douleur. On plaisante, on me demande mon projet d’accouchement : sans péri si c’est possible et que j’y arrive. Les sf sont toutes formées à la méthode de Gasquet, c’est rassurant. Premier bilan du col : je suis à 5cm. Ces contractions depuis ce matin ont été efficaces. Parfait, ça rebooste le moral. Heureusement car 1ere mauvaise nouvelle : le monitoring sans fil ne fonctionne pas. Je n’aurai pas le droit à la baignoire. Bon, ce n’est pas ce qui me faisait le plus peur. Je suis donc branchée à mon monito, les fils sont longs, cela me permet de bouger de quelques mètres et de danser sur ma musique en bougeant bien le bassin. Je repense à mon amie sf à Mayotte qui me racontait comment les femmes africaines dansaient au rythme du monitoring. Je tente de faire pareil. Je suis définitivement une piètre danseuse, c’est officiel.
Je suis seule un petit moment le temps que ma sage-femme fasse la paperasse nécessaire. Seule physiquement mais pas psychologiquement. J’ai du soutien précieux : famille qui est à la messe de Pâques, amies proches qui sont au taquet. La sage-femme revient quand je commence à augmenter en intensité dans les contractions, qui sont un peu anarchiques mais qui me laisse le temps de parler et de récupérer. Je perds évidemment la notion du temps jusqu’au prochain examen. Il est 11h30, je suis à 8 déjà mais je commence à jongler et à moins bien gérer la douleur. La sage-femme est très encourageante, elle me soutient à fond, me félicite sur les respirations et les mouvements de bassin. J’ai deux injections de spasfon sur des contractions afin que le col ne se referme pas et que cela permette à bébé de moins forcer. Elle me propose de venir à quatre pattes sur le ballon qui est sur la table d’accouchement. Je grimpe et tout s’accélère. Littéralement. Les poussées et contractions se font plus fortes. Je ne fais plus des râles de son graves… non je commence à décharger tout simplement la douleur en grognant très fort (oui c’est l’étape avant le cri, qui est celle qui précède le hurlement/beuglement). Je vois la sage-femme et l’auxiliaire puéricultrice qui mettent une blouse : attention ceci pressent le carnage. Je repasse sur le dos pour un dernier examen … enfin, je tente entre deux contractions. Je suis passée au stade du cri. Désespérance ? douleur ? expiation ? … heure de décès ? Encore une contraction. Ma peur de m’uriner dessus disparaît. Je me suis vidée. Pudeur du jour bonjour. Je suis à dilatation complète. La poche des eaux se rompt juste avant que la sage-femme ne le fasse. Mes poumons s’arrêtent de fonctionner… ma voix aussi (répit de 30sec pour les oreilles du personnel). Je suis paralysée dans ma respiration tellement la douleur est insupportable. Je sens mes yeux sortir de leurs orbites tel Raspoutine dans Anastasia (bonjour la référence Disney). Combien de temps vais-je tenir. Ah bah non, c’est la poussée. Je ne compte pas vraiment, il faut juste que ça sorte. Je bascule instinctivement sur le côté, la puer me tient la jambe et ça me soulage. Le cercle de feu est là mais au contraire il me fait presque « du bien », je sens une touffe de cheveux (so glam, ça chatouille et me change les idées… un dixième de seconde). La tête passe, j’arrête la poussée, la sage-femme replace l’épaule, une 2ème poussée, les épaules sortent et le bébé avec. C’est fini. Je découvre que c’est une fille. Shoot d’hormones, d’ocytocine, c’est ma fille que j’accueille dans les bras. Ma délivrance est proche, le placenta sort sur une petite contraction. Il est complet. Impeccable. Petite couture, 1 seul point avec une anesthésie locale en spray (lol… ceci est un effet placebo haha). La sage-femme est douce. La puer est toujours là à me donner la main le temps que ce soit finit.
Isaure est sur moi, je déborde de bonheur, de soulagement, de tout. J’ai tous les sentiments qui se mêlent. Je reste 2h30 en peau à peau avec la petite qui dort sur moi. Quelle joie, quel bonheur. L’équipe me félicite encore pour le projet sans péridurale. Je m’excuse de leur avoir percé les tympans.
Pierre n’est pas là, alors je prends autant de photos et de vidéos que possible. Il découvrira tout en sortant de l’avion. Je sais déjà qu’il est triste mais heureux. Seul avantage d’accoucher seule : ne pas s’afficher devant son mari et lui montrer ce qu’est un animal qui beugle (et au passage j'ai du traumatiser la prochaine génération de femme enceinte… il y avait deux déclenchements dont un en salle nature… so sorry). Au moins je ne me serai pas ridiculisée auprès de tout le monde.
ZE END
Je vais quand même aller solliciter la ptite parce que je sens qu'elle confond un peu trop la nuit et le jour et que je vais passer une belle nuit blanche haha. Et puis fait qu'elle mange la belette.
leapn : je pense très très fort à toi