lydo Pour citer Fandada, et je suis loin d'être une puriste, l'art n'a pas à être beau. Ce n'est pas parce que c'est beau que c'est de l'art et réciproquement.
L'art peut aussi être extrêmement dérangeant... D'ailleurs, la vision d'une oeuvre varie beaucoup.
Ça, fut un temps, ce n'était pas beau et c'était choquant. Maintenant on encense son peintre (Courbet).
Alors qu'à cette même époque, il n'aurait pas été choquant de suspendre un cheval vivant, puisque c'était quotidien dans les mines. On se serait même dit «oui, bon, ok, le mec il refait ce qu'on fait partout dans les bassins houillers quoi. Super pas original!».
Personnellement, j'ai été touchée par des oeuvres bien plus thrash que ça, dont je me garderai de donner les titres sur un forum public sinon les jeunes du forum en auront pour 10 ans de psychanalyse. Et que les autres aiment ou non, soient dérangés ou non, je m'en fiche...
Donc je ne suis pas choqué que certaines personnes puissent trouver ce spectacle interpellant, voir même beau... A titre personnel, je ne cautionne pas Ex-Anima, à cause de la souffrance que ça engendre. Pas à cause de l'esthétisme dont je ne sais rien puisque je ne l'ai pas vu.
Et je pense que c'est le seul argument recevable à propos de Ex-Anima: la souffrance, le danger de certaines scènes pour les animaux voir les employés, les limites de l'art équestre etc...
L'argument de la beauté est d'office caduque dans l'art. C'est subjectif et jamais personne n'a réussi à se mettre d'accord sur une définition de la beauté dans l'art... D'autres dirons que le boulot de l'art c'est d'interpeller, pas d'être beau. Partir sur cet argument face à des gens qui soutiennent Ex-Anima se soldera toujours par un échec.
Ils diront «Ce sont mes goûts, j'ai le droit d'aimer ce que je veux». Et c'est pas faux, les goûts, les couleurs, même douteux...
Ce qui va vraiment compter, c'est l'information autour de la douleur que cela crée, la sensibilisation autour du bien-être animal. Ça, ça peut faire réagir. Et là, le public prendra ses décisions, en accord avec sa conscience... Quand on dit à quelqu'un que ce qu'il aime est laid ou mauvais, généralement il se braque. Et à raison, je ferai exactement pareil si on venait critiquer une oeuvre que j'aime en disant juste «c'est pas beau, c'est pas normal que tu trouves ça beau». Bah je t'emm..., mon petit Michel.
«Est-ce que mes divertissements doivent être beaux aux yeux de tous?». Bah non. C'est impossible, de toutes façons et on se ferait carrément chier si on aimait tous les mêmes choses, si chaque oeuvre devrait être belle pour le plus grand nombre.
Si on dit au public que ça pose question d'un point de vue moral, en expliquant (tu vois, ça c'est stressant et douloureux pour un cheval parce que... Et on le voit à...), déjà on ouvre le dialogue et on pose des petites graines dont chacun fera ce qu'il veut. «Est-ce que mes divertissements valent plus qu'une douleur? Est-ce que je peux fermer les yeux sur cette douleur imposée?». A chacun de trouver la réponse qui lui convient.
Plus simple: j'aime les films de Polanski, je les trouve superbes, ce sont de vraies sources d'inspiration pour moi... Mais je ne cautionne pas le bonhomme qui a fuit la justice de son pays, donc aucun centimes de ma part n'atterira dans ses poches. J'ai fait mon choix pour allier mes goûts et ma conscience vis-à-vis de ses déboires avec la Justice. Et j'ai le droit de trouver ses films beaux alors que mon voisin les trouve à chier...