Bonjour,
c'est bien que tu postes ce sujet, il est temps de trouver une solution avant que l'un d'entre vous ne soit blessé.
D'après ce que tu décris, tu n'as pas le leadership dans votre relation, et ne l'a jamais eu. Je ne parle pas de dominer et d'écraser l'individu, mais de se placer en guide/chef/référent.
Cela implique plusieurs dangers potentiels:
- s'il prend peur tu n'auras absolument aucun contrôle, car au lieu de se reposer sur toi pour adapter sa réaction, il se sentira contraint de décider lui-même de la manière d'assurer sa sécurité face à ce "danger". Ca peut vouloir dire t'éjecter si tu ne veux pas fuir avec lui, ou te traîner au bout de la longe, etc.
- il va régulièrement remettre en cause l'ordre pour assurer sa position de chef. Pour cela il risque de réagir comme il le ferait avec un autre cheval, dont il veut prendre la place. Et c'est là qu'on remarque l'importance de poser les règles de manière calme mais ferme, quand le cheval ne pèse pas encore 600 kg.
Toutefois, il y a encore de l'espoir.
Un cheval de 7 ans n'est pas encore fini. C'est justement autour de 6 ans qu'ils traversent une phase où ils gagnent en force physique, assurance, qui peut les aider à remettre en cause l'ordre établi pour devenir calife à la place du calife. Il faut y réagir respectueusement mais fermement, et rappeler régulièrement qui est en charge. Dans ton cas il serait souhaitable de faire appel à un comportementaliste.
Mon cheval actuel, acheté à 7 ans et demi, était planté quand je l'ai acheté.
Il a une génétique qui est déjà réputée pour avoir du caractère, son éleveur et ses différents cavaliers d'entraînement n'ont qu'aggravé le cas.
A des moments il était adorable au box, à d'autres menaçant, sans que je comprenne où était le problème.
3 semaines après l'achat je paille, il me menace, je hausse un peu la voix, je le vois viser et je me prends les 2 postérieurs dans le ventre. Sur le coup j'ai réagi fort et il s'est fait pourrir un bon coup, comme l'aurait fait un autre cheval qui se serait fait taper à vrai dire.
Au final j'ai compris ses changements brusques d'humeur au box. Il a des grosses cicatrices rondes sur le corps, qui correspondent à des coups de fourche. Donc à partir du moment où tu as une fourche dans la main, tu es un danger potentiel pour lui. Aujourd'hui je ne réagirais toutefois pas différemment. Je veux bien être diplomate pour plein de trucs, mais il n'a pas le droit de toucher à ma sécurité. Il l'a vite compris et n'a pas retenté l'expérience. De mon côté je prends par contre soin de lui donner un sentiment de sécurité, de ne pas le toucher quand j'ai une fourche dans la main, d'être calme. 3 ans après je peux pailler sans qu'il ne baisse les oreilles, maintenant on se connait.
Si tu le sais c'est facile de comprendre pourquoi il peut devenir agressif. Le tout c'est de chercher à comprendre pourquoi le cheval n'est pas tout seul dans sa tête et quel est le facteur déclencheur. C'est à partir de ce moment-là que tu peux avancer vers une solution.
Peu importe ce que je lui demandais au début c'était toujours non, il était en rébellion totale avec l'Homme, zéro confiance (tu penses, la première personne qu'il a rencontré dans sa vie est un mec qui le frappait avec une fourche...
).
Aussi bien l'éleveur que les jockeys qu'il avait partaient directement dans le conflit dès qu'il exprimait un mal-être...on s'en fout que le cheval ait peur seul, tape dessus jusqu'à ce que ça marche...
A ça il y a une réponse automatique qui se met en place...se mettre debout, éjecter, fuir, bref, mettre en œuvre tous les moyens possibles pour se débarrasser de la contrainte et de cette personne qui ne veut rien entendre.
J'avais zéro marge de négociation au début, il était tout de suite sur la défensive.
Progressivement j'ai su établir une base de communication, il a fini par comprendre qu'essayer de m'éjecter c'était pas la bonne option (il a jamais réussi et se fait gueuler dessus quand il essaie) mais que par contre j'étais prête à écouter ses problèmes. Alors au lieu de se transformer en cocotte minute il reste calme et s'arrête devant le méchant tronc d'arbre. Au pire je descends et je vais moi-même toucher l'affreux tronc.
Et comme le tronc ne m'a pas mangé, à priori c'est pas si dangereux. Mais pour que cela marche il faut que le cheval te voit comme leader et se repose sur toi.
Après 2 ans il est devenu top, appliqué au travail et à l'écoute. Je fais attention à ne pas trop le pousser ni à monter trop souvent, et quand il grogne un coup en fin de séance c'est qu'il est temps d'arrêter ou de faire une pause (je fais encore un bout de l'exo pour qu'il ne s'imagine pas que j'arrête pour ça). Et même si certains cavaliers s'offusqueraient que mon cheval ait le droit d'en avoir marre et de le dire à haute voix...c'est toujours mieux que se mettre debout et mon cheval n'est pas une mobylette.
Le mien adore sauter en liberté, genre je dois me mettre devant l'obstacle pour qu'il arrête de sauter.
Un jour il n'a pas voulu sauter, pas du tout. Au lieu de partir du principe "qu'il voulait me faire chier", je me suis dit qu'il était peut-être coincé, parce que ça lui ressemblait pas. Pas de boiterie pour autant. Le lendemain je veux le brosser et monter pour voir comment il se déplace sous la selle. Il a essayé de me mordre, ne voulait pas que je le touche. Là pareil je prends le temps de me demander pourquoi mon gentil cheval est subitement aussi violent. L'agressivité est plus importante quand j'essaie de toucher le ventre. Tiens une colique gazeuse...et donc rien à voir avec un cheval qui se fout de ma gueule.
Bref, éloigne toi vite des gens qui pensent que ton cheval se fout de ta gueule et que le problème peut se résoudre en écrasant les réactions du cheval par la violence.