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Contexte :
Mon voisin m’appelle ce matin pour me dire que ma vieille est « en mauvaise posture ». Il m’explique où et j’y rapplique dans les 40sec. qui suivent.
Je vois ma jument couchée dans le talus, sur le flanc gauche, le ventre pris dans le barbelé du bas (3 hauteurs.) En l’approchant je vois des entailles au niveau du genoux/flanc droit puis intérieur de la cuisse. Mon premier réflexe est de lui caresser la tête et l’encolure, observer la respiration. Elle me regarde et ne bouge pas, elle attend. Je soulève le barbelé pour le coincer dans celui du haut. En faisant ça la jument essaye de remonter le talus, glisse. Je lui parle, la calme, lui repose la tête au sol.
J’appelle par téléphone ma voisine parce que Cheri qui dormait, ne répond pas. La voisine arrive. La jument nous regarde, sans broncher mais elle a mal. Toujours dans son talus. « On la sortira jamais comme ça. Vas chercher une pince monseigneur ou un truc qui coupe ». Elle y court et je reste avec mamie qui me regarde, les gros yeux. Dès que je m’éloigné légèrement elle s’énerve, alors je la caresse et je lui demande un peu de patience.
La voisine revient, coupe la hauteur du bas, puis celle du milieu. Je lui dit de couper celle du haut, désolée pour sa clôture mais c’est impossible autrement. Elle le fait sans hésiter.
Je me mets devant la jument à hauteur de sa tête, j’ai un petit licol dans la main.
Là, elle essaie d’un coup de remonter le talus, je glisse et tombe sur le dos, elle glisse et manque de m’écraser. Le temps de me relever elle recommence et revelotte mais cette fois elle tape un poteau (gros) feraille énorme, il casse. Elle manque de s’empaler mais finit couchée sur le flanc gauche avec ce poteau au milieu du ventre ...
Il est 08:17. On se regarde. Elle est coincée. Le poteau est scellé dans le sol. Pas le choix, je préviens la voisine : on va lui mettre le licol autour de l’encolure, on va la tirer et la faire glisser jusqu’au trottoir « comme une aiguille autour du centre ». 450kg. Elle doute. Je m’approche de Golfite et je lui parle. « Tu bouges pas, tu fais le mort, tu me fais confiance et tu attends. Dans 10minutes t’es sortie d’affaire. Tu bouges pas !! » je caresse, je regarde la voisine et on y va.
On tire. On tire. Ouai, en tirant ça obstrue un peu la respiration. Tant pis, on tire, on relâche, on tire, on relâche. Comme ça, jusqu’au trottoir. Les membres tendus, faut plus qu’elle touche ni le talus ni la clôture. On tire, on relâche.
Là, je pleure. Pas parce qu’elle est blessée, mais parce qu’elle me regarde, je vois qu’elle comprend. Elle me regarde, elle se laisse faire, elle souffle calmement à chaque pause, elle repose sa tête quand on reprend. Elle a confiance. Mon cœur saigne d’amour et de culpabilité.
On arrive à l’avoir sur le trottoir. En vache, les gros yeux, elle montre ses plaies. Plusieurs fois. Je la caresse, je survole la plaie, elle voit que j’ai compris, elle pose la tête au sol et souffle. Ok.
Elle essaie une première fois de se relever mais elle tient pas, elle est épuisée et son corps est transit. Chéri ne répond TOUJOURS PAS, je préviens la voisine « restes avec elle, j’arrive, je cours chercher T. »
Je l’appelle dans la maison, le temps de ressortir aussi vite, la voisine crie « c’est bon elle est debout je l’ai j’arrive avec elle ça va ça va ».
Mes nerfs à ce moment là ont lâché et, le téléphone en main, tremblante, j’appelle illico la clinique ...
(Suite à venir ...)
