beabcr beabcr a écrit le 31/08/2020 à 18h23:
@lakchmi sympa la belle mère...
Pour sa défense : tout comme on peut trouver très très relou un petit de deux ou trois ans complètement survolté, on peut aussi trouver un ado très fatigant. Si ça se trouve, ce jour là, ou ce week-end là, j'avais fait plusieurs remarques qu'elle avait trouvé reloues, et puis elle aussi a le droit d'avoir passé une mauvaise journée, d'être agacée, etc.
Nos relations étaient très tendues ces années là, on a eu du mal à se comprendre et à s'accepter l'une l'autre (pas une question de "tu prends la place de maman", vraiment pas, mais plutôt à cause de nos différences de personnalité et de la différence entre l'éducation que je recevais de mon père et celle qu'elle donnait à ses filles), ça joue aussi.
Mais clairement, moi ça m'a heurté ce jour là d'être "accusée" ainsi de fourrer mon nez partout alors que j'avais juste envie de rendre service et de sociabiliser.
leolette A 10-11 ans on entend déjà dire "c'est un ado, il fait sa crise d'ado etc."
Tu mets le point sur un autre truc qui m'agace dans le rapport aux adolescents. "c'est la crise d'ado". Pour moi c'est aussi débile que "mais t'as tes règles ou quoi ?" ou de dire que si un homme trompe sa femme c'est à cause de la crise de la quarantaine.
Un adolescent en colère, triste, frustré, plein de fois on va dire que "c'est la crise d'ado", et je trouve que c'est diminuer considérablement l'importance de ce qui est en train de se passer
(genre pas besoin de travailler sur la cause de sa colère, de toute façon c'était inévitable, c'est une bombe à retardement qui va être en colère dans tous les cas). Ca me hérisse le poil +++ quand auprès de gens qui ont des ados j'entends dire face à quelqu'un de ronchon "c'est la crise d'ado", sinon il a le droit d'être de mauvaise humeur non ?
D'ailleurs
ça peut avoir un réel impact dans la détection et le traitement de troubles psychologiques et psychiatriques. Un adulte qui aurait le même comportement on lui aurait déjà diagnostiqué sa dépression et commencé à le soigner mais non,
"un ado de toute façon, ça fait tout le temps la gueule et ça s'intéresse à rien", donc bah ok tu le laisses avec ses troubles jusqu'à ce que ça déborde. En fait c'est le même type de clichés qui fait que les femmes sont moins bien traitées que les hommes pour certains problèmes cardiaques ("c'est le stress madame"), ou qu'on ne prend pas au sérieux la douleur exprimée par un patient à peau noire ("ils ont la peau plus épaisse, et puis ils se plaignent tout le temps, ils exagèrent"). J'étais tombée un jour sur des articles (dont un scientifique sérieux ++) qui traitait justement de ce lien entre les clichés sur les adolescents et le retard sur le traitement de leurs troubles psychiatriques, c'est juste délirant.
Sinon comme vous parlez de cadre et d'autorité, quand je me revois en ado avec mes copines et que je me vois maintenant dans mon équipe (avec des personnes que je manage, des collègues "=" et des managers), je me rends compte que les adultes sont en fait (presque) pareil dans le travail

: la façon dont j'interprète la demande c'est :
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de la justice, (comme le dit
quiebro13 d'ailleurs)
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de l'honnêteté quand on commet ses erreurs, quand on fait des choix, quand on prend des décisions (les ados comme les adultes comprennent que certaines choses sont "confidentielles" ou "trop compliquées" ou "pas le sujet", mais on préfère que la personne en face le dise clairement plutôt que d'éluder et de tourner autour en inventant des fausses raisons).
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une prise de décision claire avec un axe ferme qui ne change pas toutes les trois secondes : on peut ne pas être d'accord avec la décision, mais au moins on la connaît, et c'est mieux que d'avoir l'impression d'avoir affaire à une vague de brouillard ou à une girouette.
--> de là pour moi on peut accepter qu'un adolescent (ou un enfant) ne soit pas d'accord avec notre décision, ça ne veut pas dire qu'on va en changer.
(en fait je relis le message de quiebro et je me rends compte que je répète ce qu'elle dit

)
Tu parles du comportement en société :
Je suis la première à être dérangée +++ quand je suis mise en contact "confiné" avec un enfant trop bruyant/envahissant (salles d'attentes mais aussi avion, train, etc), clairement je trouve ça super désagréable, mais dans l'immense majorité des cas je me rends compte que si le gamin pleure c'est qu'il passe un aussi mauvais moment que moi, et que le(s) parent(s) aussi, alors bon bah je me contente de souffrir en silence

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Pour toutes celles qui travaillent avec des enfants et ados carencés / cassés : je vous admire de ouf. J'ai de beaux discours sur le papier mais concrètement je serais incapable d'avoir assez de force mentale pour ne pas exploser devant la souffrance et la colère que vous devez avoir en face de vous.
Ce qui me fait peur, c'est que ce sont des adultes et des personnes en devenir. Ces futurs adultes carencés à qui on n'aura pas donné grand chose, qui deviennent grand sans avoir d'outil, et à qui on n'aura pas pu leur apprendre à être une "bonne personne", ça n'aide pas à la construction d'une société telle que j'espère y vivre.
lanamour Honnêtement, vu comme parfois ça m'a fatiguée de m'occuper de mon neveu quelques heures pour soulager les parents, je n'ai pas trop de mal à imaginer qu'on puisse perdre patience .
Ca me fait rire le coup de la cuillère jaune mais pour le coup c'est exactement ça, dans sa tête à elle ça devait être un truc ULTRA important, ça a du être un drame affreux dans son esprit quoi (sauf que toi quand t'as juste envie de calme et que le repas soit terminé rapidement pour pouvoir faire autre chose, ça devient ton drame).