Mettre en place un code pour brouter

Une chose importante c’est que le cheval est un être de routine. Avoir des habitudes et des zones repères, ça permet d’éviter le stress. Mais ça demande aussi au cavalier d’accepter qu’à un moment, si c’est acté on ne doit plus changer.

Avec ma comtoise, on a des zones précises où on mange. Je lui apprends juste à s’arrêter et attendre que je l’autorise pour brouter.
De fait quand on repart maintenant elle sait que plus loin, il y a une autre zone où elle pourra brouter. Au départ ça les excite mais une fois l’habitude prise, ils ne stressent plus à l’idée de cesser de manger

Intéressant, mais est-ce qu'une gratouille quand il s'est remis en route ne serait pas plus facile à mettre en œuvre que faire cibler qqchose ?

ce que j'ai déjà : quand il a envie de brouter il ralentit, et si c'est non je le renvois en avant avec un encouragement de la voix. ça marche bien. Au bout de trois fois à le renvoyer en avant je gronde. Et quand il avance sereinement et régulièrement je félicite à la voix

Je pense que ce qu'il n'a pas compris c'est quand il a le droit vraiment, parce que comme il teste à chaque possibilité, je n'ai pas pu mettre en place un cadre vraiment clair de "là tu peux". J'essaye avec mon signal "se pencher en disant tu peux manger" mais manifestement ce n'est pas complètement ça.

A l'instant ou je ne suis plus autant attentive, pouf je le perds. (La dernière fois le chemin était trop étroit : j'ai du passer devant. Ben il s'est arrêté pour brouter, et naturellement, n'importe comment, ce qui fait qu'il a été gêné pour repartir correctement)

Quand il ne peut pas je pense qu'il a compris, mais quand il peut non. Ou alors, ça ne l'intéresse pas de ne brouter que lorsque je l'autorise.


Et pareil pour repartir : il a compris qu'on repartait (car il accélère vraiment de brouter) mais il ne veut pas y aller et ne m'écoute pas.

Essayer avec un bonbon quand il est reparti sans rechigner ?

argamelle je pense que me soucis dans cette approche c’est qu’ici on inhibe et punit un comportement inné et naturel. D’autant que dehors il y a des herbes différentes, indispensables au cheval , qu’il va se plaire à déguster. Et le remettre en avant entraîne une contrariété qui implique que la mise en avant et quelque chose de négatif. Alors qu’avec une cible, la mise en avant développe l’intérêt et la curiosité pour détourner l’action en positif. Je ne sais pas si j’explique bien désolée

tartine88 Je comprends le principe et j'aurais bien mis ça en place, mais j'ai peur que cela fasse l'effet inverse chez lui : à chaque fois que j'ai tenté ce genre de truc routiné, le jour ou on a du sortir de la routine je me suis retrouvé avec un cheval difficile à gérer, alors que d'hab c'est vraiment un brave cheval.

Il a une notion assez poussée de la justice : quand il estime avoir bien fait et que ça n'a pas produit l'effet escompté, tu vas avoir des ennuis :) C'est super intéressant comme caractère, mais vraiment un endroit précis j'essaye d'éviter : si on passe devant et qu'on s'arrête pas, ça va être la fête à neuneu

Par contre je prévois toujours une pause broutage oui. Juste pas au même endroit à chaque fois.

Je comprends mieux, c'est intéressant.

Mais on a jamais travaillé avec une cible, comment mettre ça en place ?

argamelle Uneraelle saura mieux t’expliquer que moi les différentes étapes à mettre en place pour apprendre la cible

uneraell ? Si tu peux aider ?

Peut être une piste mais en ce moment je travaille à décoller mon cheval de l’herbe en ayant à tirer le moins possible

Le contexte est un peu différent puisque je l’emmène manger et le but est juste de mettre plus facilement un terme à la séance :de broutage. Mais aussi qu’il arrête de brouter sur le chemin qui mène au lieu (je n’ai pas de souci en balade)

Du coup ça fait deux fois que je bosse avec le code « aller » puis je donne un bonbon dès qu’il lève la tête et me suit. Par chance j’ai récemment acheté des bonbons à la menthe qui sont très facile à découper en morceaux et ils ont l’air plus attrayants que l’herbe.

Bref du coup je me demande si un code pour le faire redémarrer ne pourrait pas être la solution. Puis ensuite ingérer l’autorisation une fois qu’il a bien compris le stop ?

le mien est carrément tombé dans un trou de 2m de dévers...
heureusement j'étais pas dessus mais on a été surpris tous les 2. Lui de se retrouver avec la tête plus bas que mes pieds, et moi de voir qu'il avait "disparu" dans la végétation...

à 23 ans je sais toujours pas comment l'empêcher.
Pour garder la ligne il a le panier 24/ 7 , 8 mois par an, qd je l'enlève il ne se "sent " plus.

qd il ne doit pas tirer (s'il porte des gamins ou que j'ai mal au bras) je lui mets un filet tressé style panier de basket avec un fond en cuir. Sinon les gamins passent leur balade sur place, à se faire trimballer d'une herbe à l'autre .

en ce moment c'est quasi impossible de l'empêcher, les herbes lui arrivent au poitrail !

argamelle J'ai parcouru un peu vite, mais en effet la cible c'est un truc qui peut bien marcher et que j'ai un peu utilisé avec le mien. L'apprentissage est assez simple : tu choisis un objet qui fera office de cible. Idéalement, quelque chose de très visuel au bout d'un petit manche (balle de tennis ou grosse éponge fixée sur une vieille cravache ça fait le taf).

Tu présentes ça au cheval, il va plus que probablement aller le sentir. Dès qu'il touche, tu donnes un bonbon. Au début il faut être progressif, garder la cible proche du nez et être sûr que le cheval a compris que c'était toucher qui amenait la récompense. Souvent ils ont l'air d'avoir compris super vite car ils n'ont pas fini d'explorer l'objet... Puis après 15 essais ça ne marche plus car ils ne sont plus intéressés et n'ont pas compris le lien. Si ça t'intéresse de travailler dans une idée de clicker training, avoir un signal qui marque le bon comportement va aider (personnellement j'utilise un claquement de langue, la flemme d'avoir un vrai clicker avec moi).

Il faut faire plusieurs séances pour renforcer la cible très très fort, être sûr que ton cheval y va sans aucun doute dès que tu la présentes. Une fois qu'il n'a plus d'hésitation quand c'est devant son nez, tu peux la proposer en haut, en bas, entre ses jambes, t'éloigner de quelques mètres (puis de beaucoup) avant de lui proposer de toucher. À force, toucher va devenir un de ses trucs préférés au monde. J'ai des vidéos d'entraînement avec mon cheval si ça t'intéresse.

Une fois que c'est acquis, tu peux l'utiliser pour l'éloigner de l'herbe. Je conseille, surtout au début, de le faire régulièrement avec des récompenses à forte valeur (typiquement moi ça sera une carotte alors que j'entraine avec des bouchons de foin en situation normale). Histoire que ça vaille le coup de lever le nez. Une fois la routine installée, tu pourras probablement redescendre vers des récompenses plus basiques (et pourquoi pas une poignée d'herbe d'ailleurs).

Tu peux utiliser ta main ou ton poing comme cible, mais je trouve que ça marche un peu moins bien car c'est une association plus "diluée", dans le sens où on fait plein de choses avec nos mains qui ne sont pas toucher et obtenir un truc cool. J'ai mis en place mon poing comme cible une fois que c'était acquis avec un objet, je l'utilise plus souvent pour le rassurer quand il a peur que pour gérer l'herbe cependant.

Cela dit, comme l'a très bien fait remarquer Erell, manger de l'herbe c'est un des comportements qui a le plus de valeur pour le cheval. Personnellement, pour éviter que mon cheval ne tire avant de rentrer au pré... Je le laisse brouter. On mange 5-10mn avant d'entamer le chemin et on fait des pauses à des endroits désignés (et là pour le coup, je lui demande de cibler mon poing là où je l'autorise à manger, c'est un signal de "là tu peux"). C'est un assez bon compromis. Quand je sens que la tentation devient trop dure, je l'autorise à manger avant qu'il ne tire. Peu à peu, il devient plus patient.

Très intéressant, peux tu détailler la phrase ci dessous ?





Tu fais quoi ? Tu mets le poing au sol ? Tu as un code vocal associé ?

Question subsidiaire : la cible, ça te sers à quoi d'autre ?

J'aime bien ce post. J'essaie de "coder" aussi mon DP au broutage. Le mot est "ok brouter" avec comme toi un geste de la main qui va vers l'herbe. Mais je l'ai toujours en longe, sans je n'imagine même pas, ce serait direct brouté.
Par contre j'ai bien remarqué que selon l'état du pré il est plus ou moins facile de l'empêcher de brouter. Dans l'ancienne pension parfois il avait vraiment faim je crois, et là, rien d'autre ne comptait que l'herbe. Je le laissais brouter assez longtemps.
En ce moment il y a pleeeeein d'herbe dans le pré. Donc parfois je n'autorise pas du tout de broutage. Mais je donne des carottes. Et là, pareil je code, sinon il vient me faire les poches ou me pousser du nez. Donc quand il fait cela c'est "non, attends". Et tant qu'il n'est pas calme, rien. Ensuite je m'arrête, je dis "carotte" et il sait qu'il a le droit.
Il devient plus fin dans ses demandes au fur et à mesure. Il me pousse encore parfois du nez, mais c'est beaucoup plus doux.
Quand je vois que le poney de Ardennesachevl veut tout le temps brouter, je me dis qu'il n'a pas dû avoir le gêne de la satiété dans son patrimoine génétique
(bon, mon DP une fois s'est arrêté en balade en plein trot pour plonger la tête dans l'herbe, j'ai failli passer par dessus l'encolure . C'est aussi une des raisons qui font que je ne veux pas le laisser brouter toujours au même endroit : routine, quand tu nous tiens...

argamelle en vérité je pointe l'endroit, mais il fait pas la différence entre mon poing et pointer :D . Je m'en suis rendue compte un jour par hasard, il était planté dans un chemin alors que je voulais l'emmener brouter et j'ai pointé un carré d'herbe en lui disant "mais vieeens pourquoi tu bloques, je propose juste de brouter !" Et... Il est venu toucher ma main mdr. C'est resté. Vu que je le fais cibler bas, il a eu vite fait de coller son nez dans l'herbe ensuite

J'ai aussi le code vocal "touche" mais qui n'est pas super bien intégré. Ça attire son attention, mais ça ne suffit pas sans mon poing (forcément quelque part, il a besoin de savoir ce qu'il doit toucher). Pour un objet-inconnu-monstre-qui-fait-peur je fais pareil : je pointe l'objet, je dis "touche" et je récompense quand il va pour explorer le monstre (souvent il vient toucher ma main d'abord puis commence à explorer autour)

La cible c'est super versatile, avec de l'imagination tu peux faire tout avec. Apprendre à reculer (cible sur le poitrail, à un moment, le cheval va avoir un mouvement vers l'arrière pour toucher), déplacer les épaules (cible proposée sur le côté juste assez loin pour qu'il se déplace au lieu de juste étirer son encolure), chasser les hanches (souvent on attire le nez avec la cible vers la hanche, ce qui cause le mouvement des hanches). Tu peux aussi enseigner la cible avec d'autres parties du corps : toucher avec les fesses pour apprendre l'aspiration des hanches ou mettre un pied sur un trépied de parage.

Personnellement, la cible pour la cible je l'utilise pour déclencher le mouvement en avant quand il est planté (souvent quand il est inquiet ou hésitant) soit pour le canaliser quand il a peur (ça le recentre sur moi et le rassure en même temps). Sinon, je l'utilise comme dans les exemples mentionnés ci dessus, pour déclencher un comportement sur lequel je vais ensuite mettre un autre code plus pratique vu que mon but dans la vie n'est pas de me trimballer avec une cible tout le temps.

Sinon en utilisation inutile mais drôle : cet hiver quand les paddocks étaient fermés je me mettais en bordure du manège, il venait toucher et repartait plein pot dans l'autre sens. Il se remettait face à moi et attendait que je repropose la cible. Ça lui faisait une excuse pour se défouler. C'est un truc qu'il a proposé de lui même et vu que je suis contre le fait de faire courir à la chambrière, ça m'allait très bien de lui donner cette excuse pour faire l'andouille. (Ok le mieux ça reste qu'il puisse aller dehors. Mais objectivement, je pense qu'il me ferait la même maintenant alors qu'il vit h24 dehors. Il reconnaît l'objet, quand je le sors il est au ta-quet, c'est devenu un de ses trucs préférés dans la vie)

globs C'est très important ce que tu soulignes sur le fait d'attendre d'être tranquille avant de donner des carottes. Quand on travaille avec des récompenses alimentaires, c'est souvent un point qui passe à la trappe (on connaît tous quelqu'un qui a un cheval qui fait des jambettes n'importe quand).
Mon cheval était infernal avec la bouffe quand je l'ai acheté, il apercevait une carotte et il aurait gratté jusqu'à creuser en Chine. J'ai beaucoup travaillé sur le calme autour de la nourriture, installer un comportement par défaut qui est de se tenir tranquille où de détourner la tête. Maintenant je peux venir au pré des carottes plein les poches et jamais il ne va me toucher. Au pire il me fait très ostensiblement remarquer qu'il regarde ailleurs :D . Mais il a une super politesse désormais. Ça aide pas tellement avec l'herbe mais avec le reste de la nourriture c'est quand même un sacré confort

uneraell, ce que tu racontes me fait penser au comportement d'un chat quand tu sors son jouet canne à pêche préféré