mais tu es sûre que le cheval va finir par comprendre qu'il faut maintenir l'allure tant que je ne demande rien ?
pcq dans les centres équestres, justement, y'en avait des chevaux qu'il fallait porter et pousser... et j'avais beau re-re-re-re-redemander, ils repassaient tjr au pas...
Bah disons que si toute la vie de quelqu'un, tu lui tiens toujours le crayon pour que ça ne dépasse pas, forcément, le jour où tu essaies de le lâcher, ça va déborder de tous les côtés.
Les chevaux ont une capacité d'apprentissage extraordinaire, par contre ils ont besoin de cohérence. Tu es visiblement passée dans des centres équestres dans lesquels la légèreté n'était pas recherchée. C'est un choix souvent économique (dans le sens où travailler correctement les chevaux entre les élèves demande beaucoup de personnel), ou parfois de "manque de compétence" dirons nous.
C'est aussi souvent un choix de "public" : les gens viennent monter à cheval pour passer un bon moment et s'amuser, et pas pour faire de la technique. Donc on leur donne ce qu'ils sont venus acheter

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Une autre chose qui peut arriver fréquemment, et qui est complètement normal quand on a des cavaliers de petit niveau (disons en dessous d'un galop 5), c'est que les cavaliers donnent des indications à leur cheval sans s'en rendre compte. Par leur position, parfois, ils s'arrêtent d'accompagner, ou provoquent un déséquilibre qui va faire que le cheval va ralentir... Pas par paresse, mais parce que c'est ce qu'il a compris de la demande du cavalier ! (qui en fait ne demandait rien)
Mais oui, je t'assure que ça fonctionne, non seulement j'en suis convaincue à 100%, mais j'ai aussi constaté que cela fonctionnait sur les "quelques" chevaux qui me sont passés sous les fesses

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Je constate aussi que beaucoup de cavaliers (et j'en fais partie !!!) ont de réelles difficultées à laisser le cheval faire l'erreur. On a tendance, et c'est aussi une philosophie de l'équitation qui n'est pas la mienne, à vouloir les "entreprendre" avec beaucoup de force, avec beaucoup d'interventions, ce qui fabrique des chevaux "accrochés à nos aides" et qui s'arrêtent ou foutent le zbeul dès que tu t'arrêtes de leur parler.
Pour rajouter une autre image, imaginons que tu es copilote et que tu indiques au conducteur de la voiture quel chemin il va prendre.
- si tu lui dis, dès le début de son apprentissage (par exemple un jeune de 16 ans en conduite accompagnée), tous les 5 mètres "tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit", quand tu vas t'arrêter de parler, il ne saura plus ou aller (bah oui parce que quand il fallait aller tout droit, tu lui disais, donc si tu ne dis plus rien, c'est que ça veut dire autre chose !).
Et d'ailleurs si tu dis d'une voix monotone sans jamais t'arrêter "tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, à droite", tu es sûre qu'il a de bonnes chances de ne jamais entendre ton "à droite" qui sera soigné dans tout le reste tellement tu lui auras embrumé l'esprit

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C'est pareil avec le cheval, si tu es tout le temps en train de lui parler "pour ne rien dire", au moment où tu veux lui dire quelque chose (par exemple "accélère le trot"), bah tu n'auras aucune réponse ou alors une très molle. Du coup si tu veux qu'il t'entende, tu as intérêt à parler bien fort, ou en tout cas à faire une vraie différence avec ton "tout droit" de base.
- par contre, si dès le début de son apprentissage tu restes très très silencieuse et ne parle qu'en cas de changement de direction, ton conducteur va déjà se concentrer davantage sur sa conduite. Ensuite il va prendre en autonomie dans le sens où à chaque intersection, il ne te demandera rien, et considèrera que si tu es silencieuse, bah on va tout droit et c'est tout.
Il te considèrera aussi comme "peu gênante", ton silence va l'aider à se concentrer sur lui, sur ses sensations et sur son "travail" de conducteur.
Et enfin, au moment où tu vas parler pour dire "à droite", il ne pourra pas louper ta parole !
Par contre oui,
développer un conducteur (ou un cheval !) indépendant va avoir pour conséquence que ton conducteur prendra parfois des initiatives qui ne te plairont pas (aller "tout droit un peu à gauche" et pas "tout droit un peu à droite" comme toi tu l'aurais vu par exemple). Mais ça va de pair avec l'indépendance, c'est un vrai choix à faire dans l'éducation de son cheval.
Et, c'est très important, si depuis le début on a favorisé l'indépendance de son cheval, on ne peut pas lui reprocher ses initiatives.
On peut lui dire gentiment "par contre moi je pensais plutôt à l'autre direction, allez faisons demi tour" mais absolument pas "t'es qu'un gros débile de t'être trompé !".
C'est un vrai "switch" psychologique à faire. Ou on "soutient" son cheval en lui donnant en permanence une indication sur ce qu'il doit faire la seconde suivante, ou on attend de lui qu'il se prenne en charge, mais dans ce cas on accepte qu'il prenne des initiatives de lui-même. C'est vraiment ça que j'entends dans "le laisser faire des erreurs". On ne réprimande pas l'erreur parce que c'est nous mêmes qui avons décidé qu'il était "libre" !
[b]On évite aussi de rester dans un entre deux permanent qui met le cheval en inconfort psychologique. Il ne saura plus où s'en tenir, à qui se fier, à quoi se fier, etc... Et ça augmentera considérablement son anxiété.
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D'ailleurs pour des chevaux qui ont été portés, guidés, depuis leurs débuts, il faut opérer ce switch avec beaucoup de tact et de délicatesse, beaucoup de doigté, pour qu'il soit bien vécu par le cheval et non dangereux.
En gros, l'entre deux c'est comme si au travail, ton chef te dit "t'as qu'à faire tes dossiers comme tu veux, je te laisse faire tant que tout est rendu en temps et en heure", et vient te voir deux semaines plus tard pour te dire que c'est de la merde parce que t'as pas fait EXACTEMENT comme il voulait.
Bah coco faut choisir, où tu me montres exactement ce que tu veux et OK je ferais comme ça, ou tu me laisses le champ libre mais dans ce cas faut pas venir râler derrière

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