Je passe donc vous faire un petit (ou pas!!!) compte rendu des retrouvailles de Grostoutou, d'autant qu'il y a eu quelques rebondissements et que je mouline pas mal depuis hier, mettre les choses à plat m'aidera peut-être à y voir plus clair et vos avis et conseils seront les bienvenus.
Je suis donc partie hier en fin d'aprem rejoindre le hameau ou vit la dame qui a retrouvé Grostoutou : il m'a fallu 1h20 pour arriver (et pourtant, je ne suis pas une conductrice plan-plan), dont 45 mn sur des routes de montagne et franchement, je me suis fait la réflexion en roulant que Grostoutou n'avait pas cherché la civilisation mais était resté dans son environnement habituel : le maquis et personne autour!
J'arrive donc dans le hameau (une douzaine de maison, peut-être 20 ou 30 habitants l'hiver...) et je toque chez la dame, le coeur battant.
Elle m'invite à rentrer et là, je reconnais de suite mon Grostoutou
tranquillement couché sur le canapé! En compagnie du chien de la maison et d'un chat, à l'évidence très à l'aise. Je l'appelle, il semble me "reconnaître", en tout cas il descend de son canapé et vient me faire une petite fête (modérée : il remue la queue mais ne saute pas dans tous les sens non plus), puis... retourne se coucher sur son canapé
Bon, passées les petites larmes d'émotions (de ma part), je commence à échanger avec la dame, et je lui explique un peu l'histoire de Grostoutou.
Elle semble se détendre un peu (au début je la trouvais très froide : elle m'a avoué ensuite qu'entre le fait que le chien ne soit ni pucé ni tatoué, qu'il ait eu si peur quand elle l'a emmené chez le véto, et qu'il ait manifesté si peu d'intérêt à me retrouver, elle se demandait quelle genre de maître je pouvais être), et elle me raconte de son côté comment elle a trouvé le chien.
Il est arrivé il y a 6 jours (Il a disparu le 30 janvier, il a donc quand même erré 15 jours avant d'arriver là, et il est à une quarantaine de km à vol d'oiseau de son ancienne maison). Elle l'a aperçu dans son jardin (sa maison est la dernière du hameau, et le jardin donne directement sur le maquis, sans clôture), assez maigre et boîtant, et il est allé boire longuement dans la gamelle de son chien. Elle l'a vu de l'intérieur, elle est sorti et l'a appelé doucement, et il ne s'est pas montré méfiant ni farouche, elle a pu l'approcher et le toucher en quelques minutes.
Vu son état, elle a compris que le chien était perdu, mais elle a pensé que c'était un chien de chasse qui s'était barré de son chenil. Elle l'a nourri, abreuvé, et l'a laissé tranquille en pensant qu'il repartitait probablement... mais il est resté.
Quand il a recontré le chien de la dame (un croisé porte et fenêtre typé chasse comme lui), ils se sont reniflés 2 mn et ça a été plié. Quand elle a vu qu'il ne repartait pas, elle a continué de le nourrir et de le mettre en confiance dans l'idée de l'emmener chez le véto vérifier s'il était pucé et retrouver ses maîtres éventuels.
Elle ne m'a pas dit combien de temps le chien était resté dehors avant qu'elle ne le fasse rentrer avec le sien, mais vu le profil de Grostoutou et celui de cette personne, je soupçonne qu'il n'a pas du passer beaucoup de nuits dehors!
En tout cas, elle s'en est très bien occupé car Grostoutout s'est déjà bien remplumé, il a un beau poil, elle a soigné ses bobos. Et j'ai bien vu qu'il y avait eu un gros coup de coeur réciproque.
Et au fur et à mesure que le moment du départ approchait, j'avais un peu le coeur serré car j'avais l'impression qu'il allait falloir que j'arrache une nouvelle fois Grostoutou à "sa" maison, comme lors du décès de son maître.
Impression subjective et en apparence "idiote", puisqu'il n'était là que depuis 6 jours et donc aucunement chez lui comme il avait pu l'être chez son maître où il a vécu 13 ans de sa vie. N'empêche que...
Une fois qu'on s'est un peu décoincée toutes les deux, on a pas mal discuté et j'ai vraiment senti une vraie amoureuse et connaisseuse des animaux. On a tourné autour du pot un moment, mais à un moment où elle me disait pour la énième fois combien Grostoutou était un chien sympa et attachant et combien j'avais de la chance de le prendre avec moi, j'ai fini par lui poser franchement la question : "en fait, vous aimeriez bien le garder?"
On a été soulagée toutes les deux d'aborder franchement la question, et elle m'a répondu que oui, elle avait un vrai coup de coeur, et que vu son histoire elle pensait qu'il n'était pas arrivée chez elle par hasard et qu'il avait choisi sa maison. Et ça rejoignait exactement la sensation que j'avais en le regardant : qu'il avait choisi cet endroit et qu'il y était bien, et que le ramener avec moi c'était lui imposer encore un changement et un déchirement.
Mais... c'est très compliqué pour moi moralement, parce que je me suis quand même engagé auprès de son maître avant son décès, et que le laisser là me donne l'impression de trahir cette promesse.
En même temps, l'environnement qu'il a chez cette dame (nature, calme absolu à l'extérieur, foyer assez calme : la dame vit seule avec ses animaux) est beaucoup plus proche de ce qu'il a toujours connu que ma propre maison.
Et je pense (autant qu'on puisse en juger après une petite heure de conversation) que cette dame est quelqu'un de confiance concernant les animaux : elle a 3 chats et un chien, m'a dit en avoir toujours eu. Elle a fait soigner Grostoutou quand elle l'a amené chez le véto (le véto a du venir lui faire les soins sur le parking car le chien était en panique complète à l'intérieur), il avait une plaie pas très jolie qui ne cicatrisait pas bien et le véto lui a donné des antibio, elle m'a dit de suite qu'elle l'avait fait de sa propre initiative pour le bien du chien et qu'elle ne voulait pas que je la rembourse, enfin j'ai l'impression que c'est quelqu'un à qui on peut confier un animal en confiance.
Mais ça reste une impression subjective (je n'ai croisé cette dame qu'une heure, et comme m'a dit quelqu'un de mon entourage : il y a des criminels qui passent auprès de leur voisinnage pour des gens charmants)
Tout ça tourne en boucle dans ma tête depuis hier soir.
Je lui ai dit que dans tous les cas, je ne pouvais pas prendre de décision sans en avoir parlé à son ancienne maîtresse auprès de qui je me suis engagée.
Elle m'a proposé de le garder encore quelques jours le temps qu'il se rétablisse bien, que ça me laissait le temps de contacter son ancienne maîtresse, d'emmener celle-ci voir le chien et l'environnement où il pourrait éventuellement vivre, et que quand on aurait réfléchi on pouvait venir récupérer Grostoutou ou le lui laisser (sans cacher qu'elle avait une préférence pour cette deuxième option, mais en étant très claire sur le fait qu'elle ne ferait aucune difficulté pour nous le rendre si nous décidions de l'emmener)
J'ai fait un gros câlin à Grostoutou et je suis repartie sans lui (et paf : re petite larme)
Ce matin, j'ai appelé son ancienne maîtresse (et youpi!, re-petite crise de larme pour tout le monde
) et après la joie de l'annonce de la bonne nouvelle, je lui ai expliqué la situation.
J'ai eu l'impression qu'elle était un peu déçue que j'envisage de laisser Grostoutou là-bas, et ça a réactivé ma culpabilité
(même si elle ne m'a rien dit de tel, c'est moi qui l'ai interprété ainsi)
Dans tous les cas, elle veut revoir Grostoutou : comme je suis absente jusqu'à vendredi, on a convenu qu'on laissait le chien là-bas cette semaine, et qu'on allait le voir ensemble le week-end prochain. On prendra notre décision à ce moment-là.
Voilà. Je suis pas mal chamboulée, je voudrais le meilleur pour ce brave chien, et je passe en boucle de "on ne connaît pas cette dame je ne peux pas être sûre qu'elle s'occupera bien de Grostoutou et en plus ce serait trahir ma parole" à "Grostoutou semblait tellement bien là-bas ce serait cruel de l'arracher au nouveau foyer su'il a choisi après tout ce qu'il a vécu ces derniers jours"
J'ai demandé l'avis de mon entourage, qui est partagé (du coup ça ne m'avance à rien)
Si vous avez un avis sur la question, je prends aussi.
J'ai une semaine pour réfléchir et prendre une décision (pas toute seule bien sûr, l'avis de l'ancienne maîtresse de Grostoutou comptera aussi)
Merci à celles et ceux qui auront lu le courage de lire mon pavé