klavel
Ah mais je suis bien d'accord avec ça : l'histoire de l'art c'est passionnant, drôle, émouvant, surprenant.
Je trouve juste que le parcours oeuvre -> contexte est plus stimulant que le parcours contexte -> oeuvre.
Dans l'éducation à l'art notamment, je trouve ça plus fort de partir de la sensibilité à une oeuvre pour stimuler la curiosité et aller vers une culture artistique que l'inverse.
C'est comme ça que j'ai procédé avec mes enfants : je les emmenais dans des musées, expo, monuments, etc. je les laissais découvrir (ou pas) selon leurs envies, et quand quelque chose les touchait, d'une manière ou d'une autre, on allait ensuite vers une contextualisation à leur portée.
Je trouve ça assez fascinant l'approche brute que les enfants peuvent avoir de l'art.
Je me souviens de mon petit cousin, 4 ans, déambulant avec indifférence dans les salles du musée des Offices à Florence, plus intéressé par sa petite voiture majorette que par ce qu'il y avait autour de lui, s'arrêtant soudain devant une Pietà et restant là, fasciné, pendant plusieurs longues minutes... c'était une vraie rencontre, totalement inexplicable (à son âge, et né dans une famille athée, il n'avait aucune notion de ce que pouvait signifier ou représenter ce tableau) et incongrue. 30 ans plus tard, il est ingénieur statistique, mais à ses heures perdues il a suivi un cursus en histoire de l'art et il rédige actuellement une thèse sur Giotto... comme quoi les expériences de l'enfance laissent des traces.
Je regrette d'ailleurs que les musées d'art soit souvent des lieux si compassés, où on exige le silence, le calme, la pondération. Je comprends que certains aient besoin de cette atmosphère, mais il devrait y avoir des heures réservés aux visites plus libres et actives.
Ceci dit, cette approche a bien marché avec mes enfants, qui sont aujourd'hui des jeunes gens avec une vraie sensibilité artistique et un intérêt pour l'art (mais ils sont nuls en math, comme leur mère : je n'ai pas tout réussi
), mais il est vrai que certaines personnes ont un fonctionnement totalement différent.
Mon chéri, par exemple, c'est exactement l'inverse : il ne peut pas apprécier quelque chose qu'il ne comprend pas. Donc il a besoin de faire le parcours dans le sens contexte -> oeuvre.
D'ailleurs, c'est assez marrant de nous voir "ensemble" dans un musée : moi en mode "aberration muséographique", restant 1h devant un tableau, zappant complètement certaines salles, ignorants les panneaux explicatifs, revenant sur mes pas, et lui suivant scrupuleusement le sens de la visite, s'intéressant à chaque objet l'un après l'autre, lisant tous les cartels... lors de nos premières visites communes, on essayait de se faire plaisir mutuellement et on finissait nos visites moi frustrée, lui déboussolé. Maintenant on rentre ensemble et on se donne rendez-vous à la sortie! Ce qui ne nous empêche pas de nous retrouver par moment et d'apprécier quelque chose ensemble.