De quoi meurent les vieux chevaux

Je suis d'accord avec Tonya: il est impératif d'accompagner son animal jusqu'à la fin, il en va de notre responsabilité.
Ce n'est pas une question que l'on n'y arrive ou pas, c'est notre devoir un point c'est tout. Je suis assez catégorique, mais on leur doit bien ça. C'est un peu lâche de laisser les autres se débrouiller.

Mon poney était en clinique et la décision a dû se faire à distance, je regrette de ne pas avoir pu me déplacer. Lieu inconnu, personnes inconnues, sans repaires, même si je sais que toute l'équipe a très bien travaillé.

Papy a pu être euthanasié dans son parc, entouré de ses copains, sans stress. Avec l'aide du voisin on l'a tiré au tracteur dans le van, ça par contre j'aurai bien aimé ne pas le voir.
C'est lui qui l'a amené aux déchets carnés, ça je n'aurai pas pu le faire. (Nous n'avons pas de système de passage d'équarissage).

Pour mon autre papy l'euthanasie c'est mal passée, ça arrive mais c'est pas beau à supporter. Pourtant fait par mon véto habituel. Il faut assi s'attendre à ce genre de situation délicate.

Je plussoie totalement les messages de marlin et tonya, je trouve indispensable d'être là au moment où nos animaux s'en vont.

Les vieux finissent par mourir...oui (les jeunes aussi parfois)
au bout d'un moment quand ils ont de la bouteille, un truc qui aurait pu passé, et ils s'annoncent vaincus...simplement parce qu'ils sont âgés et que l'organisme ne suit plus.
J'ai eu une colique sur un 21 ans, les reins ont lâchés...
Une de 26 ans cushing attaquée par le copain, épuisée le lendemain, qu'il a fallu euthanasier car on n'a jamais réussi à la relever...
Une de plus de 30 ans, qui devait mourir depuis plus de 6 ans car en très mauvais état...mais qui a tenu contre les avis du véto mais a fini par lâcher l'affaire (debout près de l'abreuvoir à 12h...morte le long de l'abreuvoir 10 minutes plus tard)

Et comme tous les autres animaux domestiques, tu prends sur toi, tu chiales autant que tu veux quand il faut les euthanasier...bah tu restes avec eux, en essayant de leur dire que c'est ce qu'il y a de mieux pour eux (même si le poilu est un poulain de 2 ans....)

gitane85

Oui. Il n'était pas question pour moi de ne pas être auprès d'elle jusqu'au dernier souffle, la rassurer, lui dire ma reconnaissance et mon amour et l'accompagner jusqu'au bout. Même si c'était une des pires épreuves de ma vie, j'aurais vécu comme un abandon de la laisser seule avec le véto dans ce moment. C'est très personnel, chacun fait comme il peut dans de telle situation.
Par contre, je n'ai pas voulu regarder ou participer à la sortie du corps du box, même si je l'ai fait pour d'autres, ni le chargement du corps dans le camion même si j'étais présente à l'enlèvement. Je ne voulais pas avoir ces images d'elle en mémoire. Mais là encore, ce sont des choses propres à chacun. Nous avons, je crois, chacun notre façon de "gérer" la mort et les morts.
Je trouve bien d'y réfléchir avant, je crois que ça aide à gérer le moment venu pour faire des choix avec lesquels on se sentira le mieux après.

Quand il faut euthanasier un animal il s'agit surtout d'abreger ses souffrances le plus vite possible. Je trouve que c'est plutôt ça notre devoir et pas forcément de les accompagner si on ne peut pas pour des raisons physiques (distance) ou psychologiques. Les animaux sont des éponges à émotions, leur rends-t'on service à craquer devant eux?

Pour mon chien, quand la décision a été prise après des heures à accompagner son agonie, en nous voyant il ne voulait pas lacher et souffrait encore plus...
Pour certains, d'autres et moi sommes sûrement d'horribles propriétaires laches mais je pense lui avoir épargné un peu de souffrance en plus en partant pour qu'il se sente enfin le droit de partir.

Mon vieux cheval allait sûrement mal mais ne le montrait pas même au vétérinaire, il a décidé de lacher prise la nuit, seul, loin du troupeau et de nous.
Quelques heures avant, il mangeait volontier ses friandises.
Je pense que certains "se cachent pour mourir" comme on dit.

pistachio




Pour moi "accompagner" ne signifie pas "craquer devant eux".
La douceur des caresses, des paroles, le parfum familier de celui ou celle en qui le cheval a confiance,... Oui l'euthanasie est bien le choix pour libérer l'animal d'une souffrance sans issue et inutile.

Quand je vois comment mes animaux viennent spontanément chercher assistance, réconfort et sécurité en venant se blottir contre moi dans des situations difficiles. Comment ceux que j'ai accompagné dans la mort cherchaient contact visuel, olfactif et tactile avant de perdre conscience.
J'ai assisté aux mêmes échanges entres d'autres animaux et leurs propriétaires dans ces situations.

Il ne s'agit pas pour moi de juger le choix de chacun. Ces questions sont si délicates et personnelles. Je pense surtout qu'il est important d'être en accord avec soi et de faire ce que l'on pense être le mieux dans la mesure de ce qu'il est possible de faire.

Les animaux ne sont pas stupides biensûr qu'ils ressentent nos émotions. Il ne leur est pas interdit de leur parler, cela les apaisent beaucoup. Chacun fait comme il veut, pour moi c'est un devoir d'être présent.

C'est une jolie excuse de se dire on le fait le plus vite possible, dans certaines configurations (accidents) cela est certes une question de minutes. Mais pourquoi toujours attendre dans l'urgence, la der des der? ANTICIPER est une preuve d'amour.

Un animal malade ou épuisé se voit, c'est nous qui poussons l'issue à son maximum, car nous ne sommes souvent pas prêts. Je dis toujours qu'il faut piquer son animal lorsqu'il est bien: c'est-à-dire ne pas laisser aller son mal jusqu'à l'urgence.

Prévoir le moment permet:

- de se préparer à d'être posé le plus possible, à la séparation
- de "préparer" son animal, que le jour J tout soit calme

Il suffit d'être clair dans ses décisions sans être bousculé dans la précipitation, si cela nous est permis le faire

C'est exactement ce qui c'est passé pour ma très vieille, 36ans, j'avais fait euthanasier sa demi soeur suite à une fracture haute de l'antérieur

marlin

Endormir quand il est bien, je ne sais pas... je suppose que c'est une façon de parler.

La maladie, les blessures, engendrent des souffrances. Même certains traitements engendrent des souffrances. S'il y a des chances de guérison, il ne s'agit "que" de médecine et de périodes douloureuses à traverser pour retrouver un confort de vie. Même un animal âgé peut avoir cette chance de retrouver du confort et poursuivre sa vieillesse dans de bonnes conditions.
Vieillir implique des dégradations dans le confort de vie, des dégradations acceptables, des petites douleurs, des aléas... Tous les animaux, humains inclus, acceptent ce genre d'inconvénients en gardant le plaisir de vivre.
Ce qui peut nous apparaitre parfois comme une douleur ou une dégradation inacceptable peut tout à fait être accepté par l'animal qui s'en accommode, son plaisir de vivre restant supérieur à tel ou tel inconfort. La force mentale et l'enthousiasme de chevaux parfois physiquement fort dégradés forcent mon respect. Ils sont moches, défaits, vieux, arthrosiques, boiteux, bossus ou tordus et ils le vivent sans problème, un moral au top, enthousiastes, avec des élans de joie comme des yearling !

Je suis sûre que j'ai mal compris le "encore bien"

Pour moi, ce qui est déterminant dans le choix de l'euthanasie, c'est lorsque l'animal renonce de lui même et lorsque le diagnostic vétérinaire est sans issu ou n'apportant qu'un sursis dérisoire à une fin certaine.

L'urgence a parfois une issue favorable. Enfin, je n'ai peut-être pas bien compris ce que tu as dit.. j'en suis même sûre en fait .

En fait, je pense surtout aux personnes qui parlent d'euthanasie dès que le cheval est malade ou traverse un moment compliqué, pour peu qu'il est passé 25 ans et alors que des solutions médicales existent. Bref si l'animal n'est pas médicalement condamné, qu'il manifeste la volonté de vivre, lorsque j'entends des proprios dirent déjà : "je ne veux pas d'acharnement" en faisant référence à l'euthanasie sans avoir fait l'effort de penser aux soins possibles avant, j'avoue que ça me donne la nausée

Intéressantes toutes vos réponses. J'avoue que je suis un peu perdue, je vais réfléchir sérieusement à ce sujet pour ne pas être prise au dépourvu. Si, bien sûr, j'ai le choix, car c'est sûr que parfois on n'a pas forcément la possibilité d'être là.

Oui tu as vu juste, le "médicalement condamné" est là où je voulais en venir, sur le "encore bien" c'est une façon de parler. Savoir son animal en fin de vie, en évitant de s'acharner. Bien-sûr soigner pour autant que cela puisse se faire et soulager.

Dans l'urgence c'est d'agir au dernier moment car ça se dégrade à vue d'oeil, on est dans la précipitation. Et ça tombe soit un soir ou soit un dimanche...

J'ai rarement vu des améliorations dans "l'urgence", plus souvent un état de détériorisation sous-estimé qui implique l'urgence.
Dans tous les cas, mes regrets portent toujours sur le "trop attendu", la souffrance elle n'attend pas.
Aimer c'est aussi savoir dire STOP

gitane85 C'est bien de se poser la question de fin de vie.
Même si tu ne sais pas comment tu vas réagir selon la situation quand le moment viendra, le fait d'y avoir réfléchit avant, sans l'urgence du moment, etc. Ca permet d'avoir eu une "base" pour ta future prise de décision.

Je suis comme toi, avec un vieux de 30 ans encore en forme.
Par contre, je suis dans une pension, où il y a 85% de retraités.
Du coup, je sais déjà que la fin de vie est inclue dans le package pension retraite pour le gérant : c'est lui qui se charge de la partie enlèvement des corps, les proprios se contentent de payer.

Pour l'accompagnement, c'est aussi variable et varié que les situations. Les proprios accompagnent ou pas, selon l'urgence et la situation du moment.

Je rejoins expar c’est bien d’y penser avant, on est plus serein le moment venu.
Il y a quelques semaines j’au fait endormir mon pfs de 17ans. Il a eu un début de vie pas facile donc même si il n’était pas si vieux il était usé par les médocs. Il nous a fait une première crise 3 semaines avant. On a exploré et on s’est posé des limites dans les soins et explorations invasives. Le jour où j’ai eu l’appel fatidique j’ai demandé un dernier traitement (cocktail d’antispasmodique et d’anti douleur). Quand je suis arrivée il s’est mis à de nouveau avoir des spasmes.
On a décidé de l’euthanasier avant qu’il ne soit trop douloureux. Je l’ai accompagné jusqu’à la fin.
Après la première alerte on (la gérante de la pension, mon mari et moi) était d’accord sur la suite, on en avait discuté à tête reposée. Au moment venu tout le monde était serein car la réflexion était entamée.

Mais j’ai un autre vieux qui pour son confort est à 6h de route. Je sais que je ne pourrai pas être là, en revanche il sera accompagné par la personne qui s’en occupe quotidiennement.

Enfin j’avais déjà perdu mon vieux shet malade. On s’y attendait mais nous n’étions pas préparés. La décision a été moins sereine.

expar

C'est un sacré confort ça de pouvoir compter sur le gérant de la pension pour la partie "administrative", même si ça n'empêche pas la douleur de ce moment, c'est un soulagement de pas avoir à gérer le reste

dadou_love

Oui je me prépare comme je peux mais je pense que je vais quand même paniquer le moment venu