Il était une fois dans l'Ouest...
ou l'histoire d'un poireau qui voulait monter à cheval
C'était en juillet, sans doute ma 3ème ou 4ème séance d'équitation. Je ne savais pas encore si j'allais continuer, je n'avais pas acheté d’équipement et je montais en jean, bottes de jardinage, avec une bombe prêtée par le CE.
Les premières séances, on m'avait confié deux chevaux adorables (dont O'Brian à la robe isabelle...) et tout s'était très bien passé.
Cette fois-ci, on me confie Ivoire, un beau double-poney crème (au regard blanc angoissant

). Pansage et équipement se passent bien, c'est chouette. Il est très probable que Patou m'avait aidé à lui mettre le filet car j'avais un peu de mal à trouver le bon geste, et en plus précédemment le moniteur s'était servi de mon poney pour montrer l'exemple, et du coup je ne l'avais pas fait moi-même

...
Nous étions encadrés par une mono qui était là pour l'été. Eloïse l'avait déjà eu, Patou l'avait trouvé sympa, on y va
[ton lugubre]
C'est alors que ça c'est gâté...[/ton lugubre]
Hop, en selle ! Pas de problème pour grimper, malgré mon âge canonique et mes petites pattes, j'ai gardé une certaine souplesse...
Détente, ça commence, j'ai du mal à faire avancer Ivoire... Quand on passe au trot, c'est pire. La mono me dit d'insister sur les coups de talons, mais bon, un tour de manège entier à donner des coups de talons sans résultat, ça me parait pas normal... Une des cavalières du groupe signale qu'avec Ivoire, il faut prendre une cravache, mais vu que je suis débutant, la mono (qui ne connait pas trop les chevaux du groupe) ne veut pas que je prenne une. Bon, moi j'ai conscience de mon niveau et je fais comme dit la dame...
La situation ne s'améliore pas. Je n'arrive pas à faire avancer cette #$£%# de bourrique et ne peut donc travailler aucun des exercices qu'elle nous propose.
Pour tout conseil, la mono me dit que je n'y vais pas assez franchement avec les talons (j'y met pourtant du cœur, même si je sens que le problème n'est pas là...).
Au bout d'un moment, ce pauvre Ivoire n'en tenant plus (et je le comprends...) m'a expédié un remarquable coup de cul

. J'ai pas trop eu le temps de comprendre, mais il parait que j'ai fait un beau soleil avant de retomber dans le sable du manège... Même pas mal ! Ivoire est gentiment resté à coté de moi et je suis remonté direct dessus. Vive l’adrénaline !
Suite de la séance pas beaucoup mieux... Ivoire réagit aux consignes vocales de la mono, mais pas à moi
Deux choses me rendent furieux, c'est qu'à aucun moment elle ne me donne un conseil utile pour débloquer la situation, et que lorsqu'Ivoire réagit à la voix, elle me dit "tu vois, tu y arrives, bravo". Ca marche peut être avec des gamines de 10 ans, mais à défaut d'expérience d'équitation j'ai 20 ans de pédagogie appliquée derrière moi, je sais si j'ai obtenu une réaction ou pas, et j'aime pas qu'on me prenne pour un #$%
Fin de la séance, pas content

, envie de revenir voir Ivoire avec mon barbecue et mon couteau à steak

! Ce n'est même pas à cause de la chute, j'ai trouvé que c'était le seul moment rigolo de la séance ! (j'en ai pris d'autres à ski ou en roller plus spectaculaires et plus douloureuses...). C'est plutôt le sentiment de n'avoir rien appris et de n'y avoir pris aucun plaisir...
Patricia a eu droit ce soir là à un bel échantillon de mon mauvais caractère

...
Semaine suivante, Patricia arrive avant moi, regarde l'affectation des chevaux et... j'ai de nouveau Ivoire. J'étais prêt à sortir le tabasco et le hachoir à viande pour me faire un tartare de poney, mais elle a obtenu qu'on permute nos montures et j'ai eu un gentil poney jaune. Je crois que c'est lors de cette séance (avec la même monitrice) qu'on a fait de l'obstacle (c'est pour l'instant la seule fois) et tout s'est bien passé, avec de bonnes sensations, l'impression d'un bon contrôle du cheval. Sans cela j'aurai peut-être arrêté là mon expérience équestre...
Avec du recul (et l'avis de Patou), je pense qu'il faut qu'Ivoire sente le contact de la cravache sur l'épaule pour travailler correctement (au moins avec un débutant) et que ça aurait sans doute sauvé ma séance.
Je pense aussi que je devais avoir quelque chose de très contradictoire dans mes aides (j'étais grand grand grand débutant), que la mono n'a pas repéré et n'a pas pu corriger. J'en apprécie d'autant plus les deux monos qu'on a actuellement et qui ont un regard très pointu sur nos positions et nos techniques. J'apprécie cette exigence, qui a peut-être parfois un peu plus de mal à passer avec les gamines de 10/12 ans qui nous accompagnent.
Fin de l'histoire, au retour des vacances (la Dordogne en camping-car, c'est top !), on reprend sérieusement et on s'inscrit pour l'année. J'en profite pour acheter un pantalon d'équitation et des bottes, ça change la vie en selle !
J'ai eu quelques semaines après la rentrée de nouveau Ivoire... J'avais digéré le truc entre temps et m'était convaincu de m'appliquer et si nécessaire de rechercher ce que je pouvais faire de contradictoire. Bon, faut pas rigoler, j'ai aussi pris une cravache ! (Patou l'avait monté et m'avait donné ses impressions, assez positives, et j'avais vu qu'avec elle il travaillait bien).
J'ai alors fait une de mes plus agréables séances, avec un poney doux, sensible aux aides subtiles (autant que peuvent l'être celles d'un débutant comme moi), mais qui a besoin de sentir le contact de la cravache sur l'épaule, même si je n'ai pas eu besoin de la faire claquer...
Je n'ai plus eu Ivoire depuis (mais il est presque tout le temps dans notre groupe). Pour l'anecdote, c'est le cheval qui sert de monture pour le Père-Noël
Si je l'ai de nouveau, ça sera sans appréhension ni animosité, on a finalement une belle histoire tous les deux
Voilà, vous avez de la lecture pour la soirée !