J'ai commencé l'équitation en Irak, à Bagdad, alors que j'avais 7/8 ans, dans un centre équestre pour européens. Juste le temps d'apprendre les rudiments : on/off, gauche/droite et mes parents décident, sur conseil des médecins, de me faire arrêter ce sport jugé trop dangereux (j'avais des problèmes de reins). Mais j'aimais trop ça !!
Entre temps, je découvre 2 chevaux galopant en liberté dans les rues près de chez nous : il s'agit de croisés arabe appartenant à une vieille anglaise et que les palefreniers lachent depuis la palmeraie pour qu'ils aillent boire chez leur proprio. Abreuvée de romans(Etalon noir, Flamme...) et avec l'inconscience de la jeunesse, je me mets en travers de la route et arrête les bestiaux, ce qui m'a valu le droit, par la propriétaire, de montrer le plus calme des deux.
Evidemment, je m'empresse d'accepter, sans prévenir mes parents. Et c'est ainsi que je me retrouvais quasiment tous les après midi à cru et en licol, à parcourir les palmeraies et la digue longeant le Tigre. Comme souvent les gamins, je rêvais surtout de vitesse et quand Arsen (le dada) en avait marre, il me ramenait par le chemin le plus court jusqu'au écuries : le galop du retour dans les palmeraies, à sauter les canaux d'irrigation et à slalommer entre les troncs, ça vous forge une assiette du tonnerre !!!! J'étais indéboulonnable : une chute et s'en était fini de mes cachotteries. Je devais tenir !!
Pendant les vacances, je prenais des cours au C...Me... et j'ai eu un mal fou à m'adapter à la selle et aux étriers. Encore maintenant je suis plus à l'aise sans étriers sur le plat.
Ensuite retour en France, à Paris, vers mes 12 ans et poursuite de l'équitation dans une énorme structure à Versailles/Prochefontaine (mes parents ont capitulé

)
Je passe mes premiers examens : etrier et eperon de bronze.
Puis départ vers la Norvège, à Stavanger pour 4 ans. Je prends alors des cours dans des clubs norvégiens. Le premier a un cours réservé aux étrangers et donc en anglais. Je m'occupe alors d'un cheval de club en échange de quelques heures gratuites. Je donnerai même des cours pour les français imperméables à la langue de Shakespeare. Puis je change pour un autre club avec cours en norvégien (je pigeais rien mais observais beaucoup) et avec lequel je fais mon premier concours CSO.
Evidemment, on passe ainsi en quelques années d'une équitation "sauvage" et instinctive à une école de rigueur et de dressage toute germanique. La plupart des chevaux de club sont de petits trotteurs ou des fjords et croisés divers, trapus et poilus mais ils sont tous bien mis en basse école et l'on travaille beaucoup la mise en main et le 2 pistes.
Pendant ces 4 ans, je passe presque un mois chaque été en stage intensif en Normandie, chez M Naudin, à Cracouville, près d'Evreux. J'y passe le reste de mes examens (etrier et eperon d'argent) et, surtout les deux dernière années, n'ayant plus d'exam à passer, j'y travaille les jeunes chevaux et me perfectionne sur des maitres d'école. C'est l'époque des piaffers et des grosses gamelles !! Je tombe amoureuse d'une jeune trotteuse "Nady" hypersensible que mes parents refuseront d'acheter.
Je suis désormais en prépa véto et reprend l'équitation dans le club de Porchefontaine mais je n'aime pas du tout l'ambiance : trop grosse structure impersonnelle, cavaliers prétentieux (on était la reprise des meilleurs...). Mon père connait justement un collègue, M Francastel dit "Papy" qui est président d'un petit club associatif en Seine et Marne, à courpalay. J'y resterai presque une dizaine d'années. L'esprit club, la passion sont là. C'est l'époque des copains, des concours CSO, des soirées folles.
Les chevaux n'étaient montés que le mercredi et le we, vaguement sortis le reste du temps : les premières reprises étaient animées ... J'y rencontre le deuxième grand amour équin de ma vie "Jongleur", petit OI quasimment incontrolable hors carrière (bride + rênes allemandes : en cercle dans la campagne pour ne pas finir à Tombouctou)mais qui sautait des montagnes :un jour que j'étais embarquée dans la carrière, presque couchée sur la croupe, l'instructeur me demande de l'envoyer sur un oxer monstrueux, pensant qu'il s'arrêterait devant... c'est la première et seule fois que j'ai sauté 1.5 m !!
Et puis changement de présidence, de moniteurs qui défilent moins motivés les uns que les autres et le club sombre progressivement. Les gens partent. Plusieurs chevaux, dont Jonjon, sont vendus. Il m'arrive d'assurer les cours ou les randos dans les périodes où nous n'avons pas de mono.
De mon côté, je sombre aussi. Mes échecs au concours de véto laissent des traces au moral et c'est en partie pour me soigner que ma marraine m'offre Urfe. Cela faisait quelques temps que je rêvais d'uncheval mais j'avais juste assez d'argent pour acheter
ou assurer la pension. Grâce à cette sainte femme, j'ai pu réaliser mon rêve et me remettre, au propre comme au figuré, en selle.
Urfe est donc en pension dans mon petit club. Nous ne faisons plus de compétitions CSO, même pas niveau club et je sors donc seule, en dressage. Le mono de l'époque a pris le pouvoir et achève de couler le club. Je pars la mort dans l'âme un an avant la fermeture non sans avoir lutté (le bélier...).
Ensuite j'ai atterri dans une écurie de propriétaires, juste à côté : des prés, de beaux boxes et une petite carrière, encore une petite structure tournée plutôt vers le tourisme équestre. J'y découvre le TREC et devient fan. (je développerai un jour). Mais l'ambiance se dégrade petit à petit car l'écurie n'a d'association que le nom et le propriétaire des lieux abuse de la bonne volonté de ses adhérents. Et puis j'ai toujours voulu avoir mes chevaux chez moi, donc nouveau départ.
Désormais Urfe et Emilie, la ponette que j'ai réussi à sauver à la fermeture du club, vivront à Coulommiers. Puis ce sera l'arrivée de Paloma. Emilie, dite Mamie nous a quitté il y a deux ans mais Nunu est encore bien vaillante.
Pour boucler la boucle, et réaliser tous mes rêves de gosse, il me reste, sinon à vivre du cheval, à vivre avec les chevaux et monter mon petit élevage dont j'ai déjà choisi l'affixe "de NaJon".
Désolée pour le pavé mais je vous avais prévenus...

Et encore, je me suis forcée à faire court