2 j'aime
Trotteur français bon sauteur, bon galop?
Posté le 10/11/2024 à 02h53
humph87
Posté le 10/11/2024 à 02h53
Je vais écrire un article assez long, mais j'ai l'expérience pour le faire.
Le vrai trotteur français, celui de ma jeunesse, 1965, 1975 était un demi-sang, on le nommait donc encore demi-sang trotteur. Ce cheval n'était pas alors aussi rapide sur les hippodrome que le trotteur actuel, mais il était assez polyvalent, généralement soumis, intelligent, énergique, généreux : un cheval au gros coeur. Il était recherché pour la chasse à courre car il était infatigable. Il l'était aussi pour ce qu'on appelait le concours hippique appelé aujourd'hui tout aussi improprement saut d'obstacles. Hubert PAROT, beau frère de Marcel ROZIER, ancien piqueur ou piqueux, converti à cette discipline par Marcel commença en épreuves régionales puis nationales. C'était un cavaler lourd avec jambes puissantes et une main dure. Il connaisait les trotteurs qui lui allaient bien. On peut dire qu'il était même brutal à ses débuts. Il était essentiellement autodidacte, mais il avait le talent et il ne cessa de s'améliorer en acquérant une monte non seulement efficace, mais parfaitement juste et légère. Comme l'a dit élégamment Nelson Pessoa de Philippe Noiret : " C'était un homme lourd qui montait léger " , ce qui est un beau compliment.
Cette monture eut donc son heure de gloire dans cette discipline. Bien redressé, il pouvait présenter de bonnes reprises de dressage jusqu'à un certain niveau, il avait l'avantage de pouvoir bien se déplacer, mais les juges n'appréciaient guère ses allures. Dans cette discipline, il avait aussi l'avantage d'être stable. Cependant, certains sujets avaient déjà des poblèmes de langue qui en faisaient des emballeurs. Par rapport à un pur sang anglais de réforme, c'est un cheval, et c'est encore, un cheval qui a subit un véritable dressage dans un but certes différent, et il supporte l'attache avec une infinie patience. Du fait de ses allures hors normes, il est souvent assez inconfortable surtout dans les débuts. Il est plus rapide et plus confortable pour vous de commencer à le redresser aux longues rênes si vous en connaissez finement la pratique.
On le voyait aussi dans des épreuves de CCE, et anecdotiqement certains courraient en obstacle , surtout en province. On parlait d'un sujet qui gagna une course attelée en semaine et un steeple le Dimanche.
J'avais construit un piano très sévère à trois
marches fait pour être pris en descente. De nombreux bons chevaux de CCE ne sont jamais parvenu à sauter les 3 marches dans le train en montant . Seul un fort trotteur que j'avais redressé pouvait le faire, en plus avec aisance. Il sautait une barre sèche à 1m70 et franchissait un oxer de 1m80 x 200 construit avec trois barres dont une seule par terre. Malheureusement, il ne pu jamais concourir en épreuve car sans papier, sottise de la FFE.
------------------
Le trotteur français moderne n'est plus un demi-sang, c'est bien plutôt un AQPS, car l'apport de sang américain amélioré par des apports nombreux de sang anglais en ont fait une race réellement différente. Les difficultés de langue se sont généralisées Il est plus irritable, bien moins polyvalent, plus cylindrique, donc moins bien fait pour la selle, ce n'est plus un très bon sauteur, il est plus souvent dérobeur. Il est plus étroit de devant, ses allures sont extravagantes au trot, mais souvent très vilaines au galop. Les gens du trot ne font pas dans la finesse, les chevaux ont des bouches dures qu'il faut refaire. Ils ont l'avantage d'être dans le mouvement en avant , alors que les PSA sont sur le cul et cossards, mais ils font les meilleurs chevaux de selle qui soient.
J'en ai un qui a 20 ans, on pourrait le prendre pour un PSA, ou pour un portugais baroque. C'est un cheval d'une très grande intelligence qui comprend beaucoup de phonèmes et est capable de les appliquer dans plusieurs contextes différents. Il comprend quand on lui montre du geste une pomme à terre qu'il n'a pas vue, en moins bien que le chien toutefois. Quand je l'utilise pour mettre à cheval des enfants des enfants et que je passe au plus petit d'entre eux, jeune, léger et moins expérimenté, il suffit que je lui dise " doucement cheval " , et il réduit instantanément l'amplitude de ses allures de moitié. Il peut alors travailler en cercle autour de moi sans longe.
C'est pourtant un cheval qui a été réformé par son propriétaire naisseur entraineur, car c'était un emballeur de première. Je l'ai redressé aux longues-rênes. Il galope parfaitement aussi bien vite qu'à la vitesse du pas écouté, et il serait prêt à donner le galop en arrière si je le lui demandais. De même, je disais aussi qu'il était capable de donner le passage et le piaffer, chose que je résistais à lui demander pour qu'il reste montable car c'est un cheval qui s'échauffe facilement. Quand deux de mes petits-fils sont venus me visiter la dernière fois, le plus grand et le plus habile se trouva en difficulté sur la carrière, pourtant en direction de l'entrée. Il avait trois
grammes dans chaque main, et il dispose de jambes puissantes. Il ne pouvait plus avancer. Je vois que le problème vient de son centre de gravité est très légèrement passé en avant de celui du cheval, c'est subtil J'ai eu le tort de lui demander de fermer les jambes, et ce que je ne voulais pas arriva, il se mit au piaffer et le montra très cadencé et trés haut de derrière, un piaffer de rêve. J'étais ébahi, il fit une dizaine de battues. Comme le cheval n'avançait toujours pas je demandais à l'élève devenu Mmaître d'ouvrir les mains et de lâcher les rênes, et la brave cheval fit une belle transition et enfila quatorze magnifiques battues de passage tout aussi cadencées. Je demandais alors de caresser et de mettre pied à terre.
Par contre, son galop n'est pas très joli, il lie trop ses antérieurs, les temps ne sont pas égaux. Il est assez inconfortable pour des débutants. Il peut sauter, mais médiocrement. Il déteste cela, il stresse et se met en colère et s'échauffe, vous désosse proprement à la réception en sautant violemment sur place, zu point de ne plus pouvoir marcher en mettant pied à terre. J'ai donc renoncé avec lui à cet exercice pénible à mon âge avancé. J'ai pourtant essayé bien des solutions pour le déhiniber.
Un conseil qui mériterait d'être développé pour choisir et acheter un cheval de course de course de réforme. : Visiter les écuries d'un centre d'entraînement, plutôt en Septembre, la période où il faut faire la place aux poulains. Fixer-vous un prix un un peu au-dessus du celui du boucher, et demandez si l'on a des chevaux de réforme à ce prix. On vous dira alors oui ou non, mais vous n'aurez pas à marchander. N'espérez pas essayer le cheval, on vous le présentera en station de profil et vous pourrez rapidement le voir de devant et de derrière, et on vous montrera en main. Vous devez vous décider d'acheter de suite ou non. Venez de préférence avec un van, payez et n'emmener le cheval qu'avec ses papiers, vous paierez alors seulement . Les trotteurs dont vendus peu chers car les propriétaires touchent une prime de la SCF s'ils l'ont exclus du circuit des courses et de la reproduction dans la race, donc du studbook. L'entraîneur à peu de temps à vous consacrer.
Les chevaux qui dont vendus avec la possibilité de se reproduire dans la race ou de courir, sont tout de suite plus chers et là on prend le temps de discuter avec vous, on vous le montre au sulky et vous pouvez le driver.