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Posté le 31/10/2010 à 18h18
EDUCATION EQUINE :LES PILIERS
Dresser un cheval.
Bien des méthodes, bien des polémiques courrent sur ce sujet.
Pour ma part, formé entre 80 et 83 par le très connu et reconnu Cdt Bernard de Fombelle, j'appartiens à ce qu'il est d'usage aujourd'hui d'appeler "la Vieille Ecole".
Il s'agit donc de ce point de vue et sans concession au "modernisme", de cette équitation française de légèreté, autrefois conscrite dans cet axiome sacré du "Jambes sans mains, Mains sans jambes", également fort défendu à son époque par le feu Chevalier Jean D'Orgeix, et aujourd'hui encore à travers les très nombreux documents et supports que ce dernier nous a laissés au travers d'une vie fort généreusement consacrée à démontrer et à transmettre.
Parmis les adages anciens, dominait entre autres celui-ci, en ce qui concerne les qualités indispensables à développer chez un cheval de selle: calme, en-avant, droit !
Trois petits mots souvent repris (et par les meilleurs), auxquel le général De Carpentry (je crois) préférait les termes de CONFIANT, en-avant, droit. Petit détail qui a son importance, compte tenu qu'obtenir le calme d'un cheval de sang chaud, relève tout de même de la gageure, alors qu'à travers sa confiance, l'on peut effectivement accéder à une certaine forme de calme provisoire certes, mais suffisant.
De nos jours, la plus grande tendance du cheval "civilisé" étant de nature sportive, il s'avère qu'à ces trois principes ancestraux doivent s'en ajouter d'autres, liés à la nature même du caractère sportif en question, à savoir: la souplesse extrème et la musculation parfaite!
Placées donc dans le cadre d'une éducation sportive, certaines caractéristique du travail du cheval deviennent (ou devraient devenir) incontournables, si l'on tient toutefois à obtenir des résultats dignes de ce nom, c'est-à-dire systématiques et durables. Encore faut-il en être informé.
En voici les directions majeures:
La qualité de l'impulsion, qui doit être obtenue en tout premier lieu, et de façon parfaite et inconditionnelle. L'équitation étant ni plus ni moins que la gestion de l'impulsion (quelle que soit la discipline), il est évident que sans impulsion, ou avec une impulsion médiocre ou non stabilisée, tout se complique très vite! Cependant, attention de développer cette précieuse impulsion, dans le bon vouloir du cheval, donc en lui apportant les moyens de comprendre ce que l'on attend de lui. L'intellect du cheval est plus vaste qu'il n'y paraît. Il s'agit en réalité plus d'éducation que de dressage, avec toutes les nuances que cela comporte. On argumente ici plus avec le cerveau qu'avec le fouet. D'ailleurs, seule "l'éducation", et non le "dressage", amènera l'indispensable confiance nécessaire au haut niveau, mais aussi à la simple sécurité du cavalier. Un moyen aisé de vérifier la qualité de l'impulsion, est le contrôle permanent de la cadence dans laquelle le cheval développe chacune de ses allures. Il va de soi que chaque animal a sa cadence propre, mais celle-ci doit être dans chaque allure, d'une régularité de métronome. A négliger ce point précis, on peut être certain de ne jamais obtenir l'impulsion légitime, ni donc de cheval performant, ou même simplement correct.
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L'équilibre montant du cheval doit être, en second lieu, la préoccupation majeure du cavalier-éducateur, ceci dès les premiers pas éducatifs du cheval. Il est en effet tout à fait absurde, de muscler ou éduquer cet animal en le laissant se déplacer sur les épaules, pour ensuite, après des mois passés dans cette attitude vicieuse, lui demander de se redresser: il est alors souvent trop tard, la musculature de base et les habitudes ayant été faites ... à l'envers! Hors, un cheval n'oublie jamais. Et la tâche de "redressement", si elle demeure encore possible, deviendra alors infiniment plus longue et complexe! Il est donc très avantageux de veiller à travailler le cheval dans un port d'encolure suffisamment soutenu, gage d'un équilibre général "montant" grâce à la remontée liée du garrot, et associé à une allure plutôt lente, mais dynamique. A tout prendre, il vaut bien mieux un cheval au port d'encolure soutenu avec l'angle tête-encolure ouvert, qu'un cheval offrant une apparente mise-en-main, mais dans un équilibre défectueux. La mise-en-main et le ramener du premier (quand il sera temps) ne poseront aucun problème, alors que le second tombera quasi inévitablement dans l'encapuchonnement et la lourdeur, avec toutes leurs funestes conséquences.
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La rectitude est le troisième point majeurà ajuster dans le travail du cheval de sport, en association aux deux piliers précédents. Rectitude, signifie droit sur les lignes droites,et "plié" suivant le même degré que la lignecourbe dessinée lors d'un tourné. Pas plus, pas moins.
En d'autres termes, là ou sont passés les antérieurs, doivent passer les postérieurs.
A défaut, l'animal échappera toujours au travail demandé, quelqu'il soit. La rectitude reste un notion délicate à faire passer dans la compréhension des cavaliers, car elle relève plus d'un effet "monobloc" du cheval que d'un effet réellement droit. En effet, on peut très bien parler de rectitude correcte dans une épaule-en-dedans, ou un appuyer, ou une pirouette. Dans ces exercices (et bien d'autres), le cheval es tincurvé et non pas droit comme une ligne. Il n'est pas non plus forcément courbé suivant la trajectoire suivie. Cependant l'incurvation, quand elle est volontaire et maîtrisée, c'est de la rectitude: à méditer!
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Passées ces trois bases, le reste concerne plus l'assouplissement et la musculation du cheval plutôt que son éducation à proprement parler, dans la mesure ou certains exercices (notamment les latéraux, mais pas seulement), ont pour effet d'assouplir et muscler directement l'animal, pour autant qu'ils soient exécutésde la bonne manière, avec suffisamment de tact et de persévérance. Mais là,bien d'autres en ont écrit des livres entiers! A noter que, et le"modernisme" à outrance l'oublie volontiers, le travail à pied constitue un apport inestimablement bénéfique dans la préparation des chevaux de sport. Là aussi, les "piliers éducatifs" doivent être respectés à la lettre. Je me souviens des heures passées à travailler les chevaux à pied, et des heures encore passées sur les mêmes chevaux à travailler ... au pas! Et tous les chevaux de Grand Prix de CSO ... étaient à la St Georges sur le plat! ... et gagnaient...
Aujourd'hui, beaucoup privilégient la génétique à la technique. Cependant, il demeure que celui qui allie les vrais piliers à la génétique, celui-là seul reste intouchable!