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selle sans arçon - votre expérience
Posté le 12/09/2011 à 14h04
Je vais te mettre le texte d'un sellier sur les selles sans arçon...(sellerie Guichard)
"Au siècle dernier, on l'appelait la bardette, elle était utilisée par les paysans pour aller à la foire et beaucoup de cavaliers qui ont débuté en poney-club s'en souviennent encore !
Il existe actuellement une vogue en équitation de loisir, d'une selle totalement souple sensée porter au comble les sensations du cavalier et sûrement du cheval. Pourquoi pas ? A priori, il semble que ces cavaliers ne sortent pas de la carrière et surtout restent sur le plat: les vrais randonneurs ne sont donc pas vraiment concernés. Les quelques expériences de grande randonnée avec ce type de selle ce sont avérées catastrophiques pour les chevaux qui sont arrivés avec le dos couvert de plaies . Nous pensons plus particulièrement à une expédition de promo qui est partie d'Allemagne jusqu'en Suède avec des Fjords qui sont arrivés dans un tel état que des cavaliers scandalisés se groupés pour empêcher le retour avec les mêmes selles ...!
L'idée parait séduisante au 1er abord, mais l'argumentaire de ses promoteurs n'est pas très cohérent et rappelle étrangement les grandes théories du New-Âge des années 80. L'arçon serait un instrument de torture uniquement au service de méchants cavaliers qui n'aiment pas les chevaux ...
Le rôle d'un arçon est de répartir le poids du cavalier et surtout de dégager l'échine (en particulier les apophyses épineuses des vertèbres dorsales) point essentiel de la santé du cheval. Dans son essai d'ostéopathie équine qui fait référence, le docteur Giniaux dit: "il parait évident que la répartition du poids du cavalier ait un retentissement sur l'équilibre général du cheval ".Or une selle sans arçon, qui n'est en fait qu'un tapis "habillé" en selle ne peut respecter correctement cet impératif. Elle est d'abord trop mobile (elle a forcément tendance à avancer vers les dorsales 9, 10 et 11) et surtout elle s'écrase sous l'action du cavalier. L'appui se fait obligatoirement sous le cavalier (15 à 20 cm max) et le cheval "encaisse" tous les mouvements directement sur sa colonne ! C'est moins pire s'il reste assis, mais s'il se lève sur les étriers, la pression ne se fera plus que sur une portion encore plus réduite. Pour preuve, les promoteurs de ce type de matériel recommandent un tapis spécial, quasi-obligatoire, rembourré fortement à l'endroit des bandes d'arçon ce qui éloigne fortement le cavalier du cheval alors qu'il est sensé être "au plus près" et surtout qui montre que la selle sans arçon est dangereuse pour l'intégrité de la colonne vertébrale .
La plupart des marques commercialisées depuis peu en France conseillent l'utilisation systématique d'un montoir... En fait, il s'avère que la selle tourne très facilement, ce qui est logique ... puisqu'il n'y a pas d'arçon - elle avance aussi beaucoup, ce qui est plus grave ! De plus, ils proposent, en "option fortement conseillée", un troussequin rigide et une arcade de pommeau (petite armature polyester dans une housse copiée des modèles de selles synthétiques), la selle sans arçon aurait-elle besoin d'une structure ? Si on attends un peu, on va bientôt proposer des bandes d'arçon et la boucle sera bouclée ! Quoique avec les tapis renforcés , on y est pas loin. Certaines marques déconseillent l'usage à des cavaliers trop lourds ce qui laisse à penser qu'ils ont eux-mêmes un doute ...
Pour un cavalier averti, cela ressemble plus à une magistrale opération marketing surtout quand on examine les prix de près, qu'à un progrès réel dans la sellerie. Il s'agit de recycler la selle des gauchos d'Amérique du Sud à la mode occidentale en faisant croire qu'on vient d'avoir une idée de génie. Il y aurait beaucoup à dire comme par exemple sur la position du sanglage beaucoup trop avancée, mais ce n'est pas l'objet de cet article. Pour nous, sellier spécialisé dans la randonnée, c'est-à-dire au-delà que le tour du jardin, la selle sans arçon ne peut avoir d'intérêt que pour de la mise en selle et pour une activité ludique et ne concerne pas directement la randonnée équestre.
Par contre, peut-on mettre dans cette catégorie la fameuse selle type « recado » qu'utilisent les gauchos d'Amérique du sud ? Sorte de housse de cuir rembourré de roseaux , de crins ou de laine, et recouverte de peaux de moutons . Les tubes -matelassures sont tellement durs qu'ils peuvent être considérés comme des battes d'arçon semi-rigides qui seraient reliées par une bande de cuir souple. Arçon souple ou rigide, c'est encore un compromis entre les 2 . Nous avons testé personnellement ce type de selle lors d'une rando en Uruguay avec des gauchos professionnels du rodéo (appelé là-bas "crioja") autant dire des cavaliers exceptionnels. Rien à dire du point de vue confort d'autant plus que la peau de mouton "cojinillo" traditionnelle assure du moelleux plus qu'il n'en faut ! Par contre, les selles sont très mobiles sur le dos du cheval criollo et tournent facilement: il faut ressangler régulièrement et même descendre à terre pour replacer tout le sanglage qui se fait par noeud de cravate. De plus, elles ne sont pas adaptés à des garrots saillants car sinon c'est la blessure assurée du fait que les selles avancent à la moindre descente ! Mais le plus évident est que ce type de selle, sans arçon, demande au cavalier d'être ASSIS en permanence: pas question de trot enlevé ou de galop en suspension sous peine de prendre des options sérieuses en voltige...
Ce type de selle sans arçon exige d'être sanglée au milieu pour qu'elle tienne un minimum en place, ce qui déporte la sangle sur le ventre du cheval ! Cela surprend un peu au début, mais les chevaux supportent très bien ce qui prouve encore une fois qu'on peut jeter nos certitudes équestres au panier ..."