On ne comprend pas... moi si, et ça fait peur !
Posté le 20/11/2011 à 21h47
Je souhaitais réagir aux infos nationales du moment et au meurtre atroce de la jeune fille (violée, assassinée, brulée).
C'est clair, c'est atroce.
Mais le débat pour moi n'est pas là, mais sur l'auteur des faits : un jeune homme de 17 ans, qui était déjà passé à l'acte et était suivi mais inséré.
Voilà que maintenant les médias s'alarment "il était en liberté", "le directeur de son lycée connaissais son casier". Et les gens témoignent en répétant "on ne comprend pas comment de telles choses peuvent arriver".
Et bien moi oui, je comprend, et je n'en suis meme pas étonnée.
Pourquoi ?
Parce que des mineurs dangereux, dont certains sont maintenant majeurs, je peux en citer plusieurs.
Parce que je travaille dans la "protection de l'enfance" et qu'on accueille dans l'institution qui m'emploie plusieurs jeunes avec des pathologies psychiatriques, des jeunes violents, dont certains sont déjà passés à l'acte.
La psychiatrie soit n'en veut pas, déclarant qu'il s'agit d'un problème éducatif, soit leur propose un RDV mensuel et un traitement pour les "pires".
La loie prévoit maitenant que ces jeunes soient placés "à domicile", c'est à dire chez leurs parents.
C'est le service dans lequel je travaille qui va assurer le suivi à domicile.
Autrement dit, je connais des jeunes violents, avec un casier judiciaire déjà chargé, qui ont déjà commis des attouchements et certains des viols et qui sont chez leurs parents (des parents souvent très carencés au niveau éducatif, voire malades psy eux-memes), qui sont dans la rue, à côté des écoles, des collèges...
Mais que peut-on faire ? à mon niveau rien (juste envie de faire un autre métier car c'est un peu lourd à porter).
En toute honnèteté, je ne serai pas étonné si un drame se produit dans certaines familles dont j'ai connaissance, et dans lesquelles je me rend régulièrement.
Je ne serai pas étonnée si certains jeunes de ma connaissance passent pas à l'acte.
Et cela se retrouve dans tous les départements.
Alors voyez les infos autrement, avec un autre regard.
Les médias se mettent à montrer du doigt ce pauvre directeur qui a scolarisé un meurtrier. Avait-il d'autre choix ? Non, bien sur !
Le directeur aurait refusé de scolariser le jeune il y a un an, il aurait été accusé de ne pas réinsérer un ado, accusé de discrimination.
Voilà le système actuel, moins de soins, moins de placement dans les foyers, et des professionnels impuissants et surtout pas magiciens !
Qui peut croire qu'un pauvre éducateur qui se rend au domicile 1 fois par semaine va régler le problème sans déconner ? Ou qu'un RDV avec un psy chaque mois va soigner le jeune ?
Non mais on se moque de qui ?
Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire, en réaction aux faits divers actuels.