|  | Débourrer un poulain à 2 ans se fait plus facilement et spontanément qu'à 4 ans ou plus, c'est un peu comme apprendre une langue vivante à la maternelle, ou l'apprendre ensuite à 15 ans, ça "rentre" mieux quand on est jeune... |
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Ce que l'on demande au cheval n'a rien d'intellectuel comme "apprendre une langue"

On apprend au cheval à répéter des actions provoquées par un
stimuli (assiette, voix, action de jambe ou de main).
Ce n'est ni plus ni moins que l'équivalent des formations professionnelles que l'on fait à 18 ans.
C'est bien la preuve que pour "travailler", le corps réclame une maturité certes physique, mais également une maturité mentale.
Le poulain est logé à cette enseigne. Car on n'apprend pas un métier à 4 ans parce qu'on n'a pas le cerveau assez développé, ni la concentration nécessaire. L'enfant de 4 ans apprendra vite les langues parce qu'il en sera à la découverte de sa propre langue. Ainsi, il est plus facile de l'endoctriner pour qu'il apprenne deux langues (but des écoles Diwan, selon telle ou telle heure, les enfants parlent français puis breton).
Mais c'est bel et bien du bourrage de crâne qu'on leur fait. Ils apprennent volontiers, certes, mais ils n'ont pas le choix.
Pour ma part, ma technique est radicalement opposée
Je ne travaille QUE dans la coopération, l'échange mutuel. En gros, pour moi, j'accepte de manipuler un poulain mais en manipulant d'abord sa mère sous ses yeux pour qu'il apprenne par "imitation" (ce qu'il fait naturellement avec elle pour tout : bonne ou mauvaise herbe, objet qui fait peur, fuite à prendre ou non, etc...). Ensuite, je le manipule quand il manifeste sa volonté. Un premier coup de brosse, puis la prochaine fois ce sera 2 coups de brosses...
Je prends mon temps, et je le laisse choisir.
Vers 2 ans, après un sevrage en douceur, j'apporte de nouveaux éléments. Le pansage s'acquiert en premier lieu (priorité absolue avant de passer à autre chose).
Puis j'amène des accessoires inconnus (le tapis, la selle, les guêtres, les protèges-boulets, etc). Je le laisse les découvrir à son rythme. Dans le cas du tapis, je le prends en main, je le déplie. Si le cheval manifeste un stress, je reste immobile et
je ne le sollicite plus, j'attends qu'il se calme, et qu'il fasse un geste vers l'objet (une oreille pointée, un regard plus curieux, un bout de nez qui se tend très légèrement), et je m'en contente.
En proposant ainsi à chaque fois, je laisse au cheval son autonomie intellectuelle, son indépendance, celle de faire des choix.
Au fur et à mesure, le tapis s'approchera car le cheval l'acceptera de son plein gré quand je le lui proposerai. Un premier contact sera établi quand le cheval sera prêt.
Et ainsi de suite avec chaque "instrument".


Tout au long de cette période s'acquièrent également des ordres vocaux en liberté totale dans la carrière. Le cheval agit à sa guise. Il se met à trotter ? Je lui dit "Au trot". Il assimile son geste à l'ordre vocal.
Je travaille en longe d'attache pour instaurer le respect des distances. J'apprends l'arrêt quand je m'arrête, et le reculer dans j'écarte les bras de mon corps et que j'exécute un léger balancier arrière.
Ce travail de respect des distances, je le finiole ensuite en liberté. Cela ne m'empêche pas de me montrer acceptante quand le cheval réclame un besoin de contact, mais il n'obtient ce contact qu'à mon consentement (tout comme je ne le caresse qu'à son consentement).
Évidemment, il va sans dire qu'entre chaque séance, il y a au moins une balade à pied de faite, parfois à nu, parfois sellé, selon le niveau d'apprentissage du cheval.
Vers 3 ans, quand ces ordres vocaux sont acquis, on entame le travail en longe à dose homéopathique.
Pour une première séance, voici le résultat constaté :
On continue les balades à pied, toujours en coopération, avec de temps en temps la selle et les protecs.

Vers 4 ans, le moment appelé "débourrage" (mot que je déteste et que je tends à ne plus jamais employer).
Je n'en suis pas encore là avec Valefore. Mais voici la technique qui sera employée :
Toujours dans la coopération. Si le cheval se bloque à un moment (frémissement des naseaux, oreilles trop mobiles pour manifester un tempérament calme), acceptons de notre côté ce qu'il a consenti à offrir.
En tout cas, c'est ma technique.