0 j'aime
sans commentaires !!!
Posté le 11/11/2012 à 08h49
neyrat
Posté le 11/11/2012 à 08h49
Bonjour,
Je me permet d'intervenir sur ce sujet puisqu'il concerne notre élevage. Je constate que les réactions sont partagées et que le débat reste de bonne tenue.
Les quatre poulains que vous voyez sur la vidéos sont des chevaux de pères et de mères de très haut niveau sportifs en CSO. Les deux poulains bais sont issus de transfert d'embryon de la jument Contessa gagnante en internationale et mère de l'étalon SF Veposm Bel champion de France des étalons de 2 ans en 2013. Le père est Lando médaille d'argent aux J.O.
Les deux poulains alezans sont issus de transfert d'embryon de la jument Granie gagnante de trois épreuves Coupe du Monde avec Markus Fuchs et 5 ème du Top Ten Mondial en 2006. Le père est Tinka's Boy Médaille d'argent, vainqueur de la Finale Coupe du Monde.
On peut donc estimé à priori que ces quatre poulains ont une certaine aptitude génétique pour le sport.
Question élevage: Ces poulains ont été élevés depuis leur naissance dans un pré de 12 hectares valonnés (12 hectares pour quatre juments) en paturage permanent nuit et jour. Sur ce domaine furent élevés depuis trente ans certains des meilleurs chevaux de Steeple Chase au Monde (Or Jack gagnant de 2 millions d'Euros en Steeple, Line Marine gagnante de trois Groupe 1 en Steeple...).
Les mères furent alimentées avec des granulés "Spécial Elevage" matin et soir. Poulains et mères furent observés matin et soir par des soigneurs ayant plus de 10 années d'expérience dans l'élevage de chevaux de course.
Question Conformation: Lors de leur sevrage voilà une dizaine de jours, j'ai jugé que la conformation, l'état d'embompoint, l'état des aplombs étaient excellents. Mes critères de jugement sont le fruit de trente années années d'expérience personnelle d'éleveur et de vétérinaire équin spécialisé en élevage (cela vaut ce que cela vaut, on peut toujours se tromper). Ces quatre poulains depuis leurs sevrage vivent deux par deux dans des boxes de 4x4m la nuit, sont nouris 4 fois par jour avec un granulé spécial Elevage, sont dehors la journée dans un paddock de 1 hectare en compagnie d'un maître d'école de 23 ans pour les stabiliser. Psychiquement, ils ont très bien surmonté le stress du sevrage et sont manipulés quotidiennement, marchent en main en longe et donnent leurs pieds.
Voilà donc le constat de départ: Pour l'instant ces quatre poulains sont en bonne santé, bien conformés et dans le confort.
Il s'agit donc désormais de poursuivre ce travail d'éleveur après le sevrage de manière réfléchie afin que s'exprime pleinement à l'âge adulte leur potentiel génétique d'athlète de haut niveau. L'expérience montre que le facteur limitant de la performance sportive est la douleur ostéo-articulaire. Le but de l'éleveur est donc d'optimiser la qualité des os et des articulations pour le jeune cheval puis le cheval adulte soit confortable lors de l'acomplissement de son futur métier de sportif. Ce confort lui permettra de pleinement collaborer avec son cavalier d'où un apprentissage positif et rapide sans violence ni surchage de travail.
Il faut donc des os et des articulations solides pour ce faire. L'expérience et les résultats scientifique montre que chez l'homme et le cheval un exercice modéré pendant le jeune âge en supplément de l'exercice spontané est bénéfique. C'est donc ce que nous faisont avec ces trois tours de Rond d'Avrincourt de 20 x 40 M sur sable Bord Sol, quotidiennement. Les poulains s'en amusent et font cet exercice spontannéement et feraient plutôt 10 tours que trois si on les laissaient faire.
Il faut aussi qu'ils acquierent une bonne proprioception. Il faut qu'ils apprennent à racourcir ou allonger leur foulée devant un croisillon de 40 cm. L'obstacle n'est pas là pour les juger: Les foals ne se jugent pas sur un obstacle, les foals selon mon expérience se jugent à la qualité d'engagement de leur pas et de leur galop.
Les faire sauter un croisillon pendant leur jeune âge, permet aussi de dédramatiser cet exercice. Cela devient de la routine et les foals apprennent cela beaucoup plus vite qu'un deux ans, trois ans ou quatre ans. C'est comme les enfants: les bébés nageurs mettent la tête sous l'eau en s'amusant alors que cela sera un stress pour un ado ou pire encore un adulte. Il faut profiter de cette "plasticité cérébrale". Le fait de le faire en bande les rassure; le cheval est un animale de horde.
Attendre 2 ans, trois ans ou quatre ans pour leur montrer, isolé des copains, leur premier obstacle est dangereux: le cheval qui ne saura pas régler sa foulée risque de faire un strike et de s'accidenter. La peur de la nouveauté le poussera à faire des sauts.. de peur à une hauteur exagérée qui le feront retomber de tout son poids sur des articulations qui n'auront jamais été sollicitées d'où des risques majeurs (ostéochondrose, détachement de fragments osseux, tendinites, bleimes ou seime sur des sabots trop faibles...)
Rolland Perrin, un des vétérinaires sportifs les plus reconnus dit qu'un bon cheval de sport est celui qui saute 141 cm sur un parcours de 140 et 151cm sur un parcours de 150cm: Un cheval doit apprendre très tôt à s'économiser pour durer. Un obstacle pour lui doit être une foulée de galop normale: c'est aussi ce que demande les cavaliers. Pour obtenir cette économie de moyens et cette sérénité, il faut éduquer le cheval très jeune, profiter de la plasticité de son cerveau.
A deux ans, trois ans ou quatre ans, ces schémas de comportement sont beaucoup plus figés.
A noter à ce sujet, l'effet pervers des concours de saut en liberté: Si le poulain saute gentiment en faisant son travail à l'économie, il sera beaucoup moins bien noté que le cheval, apeuré ou "apeurisé" qui sautera 30 cm au dessus des barres. Personnelement, je n'élève pas pour les Concours de saut en liberté de 2 ou 3 ans, j'élève pour le sport et dans l'espoir que ce sera pour le grand sport. De même, les concours de foals favorise un engraissement excessif des poulains d'où une surcharge articulaire...
Voilà, c'est un peu long comme digression. Ce que nous faisons permettra sans doute plus de confort pour nos futurs sportifs, plus de longévité, évitera des accidents potentiels, des refus lors des visites d'achat pour ragilité ostéo-articulaires, des risques de douleurs entrainant rétivité, surcharge de travail voire dopage. Mais le chemin est si long que même en prenant toutes les précautions...
Alors reste le débat: Cheval de compagnie versus Cheval de sport. Faut-il avoir un cheval pour seulement l'observer à l'état naturel par simple amour... ou faut-il vivre avec lui une aventure sportive qui lui permettra de donner le eilleur de lui même. Là est la question? Culturellement, je me situe dans la deuxième alternative. A ce sujet, Alexis Gruss, sans doute le plus grand homme de cheval qu'il m'ait été donné de fréquenter dit: "Je respecte les chevaux, eux disent les aimer mais ils commencent par les castrer" !
En espérant ne pas avoir été trop long.
Cordialement,