Je connais ce texte depuis assez longtemps
, et sa relecture ici m'a interpellée à plusieurs égards.
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Qui est l'auteur ? Un chercheur en éthologie (science étudiant le comportement animal dans son milieu naturel). Je rêve qu'un tel scientifique publie des ouvrages pour aider les cavaliers à communiquer plus efficacement avec leur cheval, à interagir de façon non-violente et non-stressante. La seule éthologue/scientifique que j'ai lue est allemande, Marlitt Wendt. Je rêverais que nos chercheurs francophones vulgarisent eux aussi leurs recherches pour qu'elles soient utiles aux personnes les plus concernées : les propriétaires de chevaux.
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Quel ton utilise-t-il ? un ton émotionnellement chargé, le texte débute par une taille de police plus grande, il recourt à des répétitions (cf "ils ignorent"), considérées comme des "figures d'insistance", effet de style ayant pour but de convaincre. Je préfère quant à moi trouver des formulations plus nuancées dans les publications de recherche scientifique. Il semble qu'ici il s'agisse plus d'une opinion de quelqu'un excédé plutôt qu'une information impartiale.
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Quels sont les arguments ?
*le recours au terme
"éthologie". En 2003, il était sans doute encore temps d'argumenter sur ce terme. Dix ans après, le terme est adopté officiellement par la FFE, est-il encore percutant ? Ce ne sera pas la première fois que certains termes d'équitation auront d'autres significations (cf Sole (à quand les marins pêcheurs se révoltant contre la confusion entre les termes
) , Fourchette, Passage)...
*les chevaux ne
jouent pas dans leur milieu naturel passé l'étape de poulain.
Je le crois volontiers. Parmi les quelques chevaux que j'ai eu l'occasion de croiser, j'ai d'ailleurs vu des disparités entre certains chevaux particulièrement joueurs (souvent des poneys) et d'autres pas du tout.
D'accord, cela empêche-t-il de vouloir jouer avec eux ? Dans leur milieu naturel, les chevaux ne parcourent pas de séries d'obstacles et ne partent pas faire la guerre, ils ne tirent pas de diligence... personnellement je préfère le côté ludique et plaisir du jeu que le côté rébarbatif et contraignant du travail, mais c'est encore une querelle de mot. Les chevaux ne font pas faire la différence entre ces deux termes. Tout ce qu'ils voient, c'est le plaisir ou non, le confort ou non, la sécurité ou non qu'ils ressentent à nos côtés.
*L'argument massue de ce texte est le
join-up, très traumatisant sur des chevaux non débourrés, par rapport à un débourrage plus lent.
Encore une fois, je suis d'accord, et personnellement j'ai rencontré très peu de praticiens d'équitation "dite éthologique" qui prônaient un tel débourrage. Monty Roberts le recommande peut-être, je ne pourrais le dire, n'ayant rien lu ou vu de lui. Les personnes dont j'ai eu l'occasion de lire les écrits ou de suivre les enseignements lors de stages recommandent un débourrage qui passe par une mise en confiance et une désensibilisation, afin que ce passage subtil soit le moins traumatisant possible. Et il prend souvent bien plus de 3 semaines à un mois...
Donc en conclusion, ce texte est intéressant pour ceux qui voudraient débourrer leur poulain par le join-up, et pas forcément pour les autres.
Si les éthologues (au sens scientifique) proposaient un terme différent à la FFE, je pense qu'on pourrait tous l'adopter, mais ce n'est pas encore le cas...
Donc ce texte me semble peu intéressant pour nous les cavaliers, bien qu'il me donne envie d'écrire à son auteur pour lui demander si la vulgarisation de ses recherches ferait partie de ses projets, car je serais bien intéressée personnellement par ce genre d'informations
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