pulpinska attention, pavé ! J’espère que tu as du temps devant toi…
Concernant mon fils, c’est apparu vers novembre 2018 alors qu’il parlait très bien jusque là. Juste pour information, chez nous, ça correspond aussi à une période où sa grande sœur monopolisait constamment l’espace de parole (mais vraiment, elle parlait en continu), coupant systématiquement (et sèchement en plus!) la parole quand son frère essayait d’en placer une. J’étais très irritée par la situation car, même si je ne pouvais la tenir à 100 % responsable de la situation, elle n’arrangeait clairement pas les choses.
Je savais que ça pouvait apparaître dans ces âges-là et disparaître ensuite spontanément chez certains enfants, que c’était assez classique, mais ça m’inquiétait quand même. J’ai pris des informations sur les sites de ligues / associations qui agissent autour de la question du bégaiement.
Lors de la consultation annuelle chez la pédiatre début 2019, je lui en parle et fais part de mes inquiétudes quand même, d’autant que le GP paternel est bègue léger intermittent (donc terrain familial… par contre, ce n’est pas quelqu’un qui s’occupe de Romain de façon régulière). Ma pédiatre ne se montre pas particulièrement inquiète du tableau que je dresse ; certains aspects sont rassurants comme la non permanence du phénomène (elle ne l'a d'ailleurs jamais entendu bégayer). Elle n’est pas favorable à une prise en charge trop précoce dans un cas comme celui de Romain pour éviter de faire « focus » sur un phénomène qui a toutes les chances de disparaître spontanément (et risquer éventuellement de l’alimenter).
Je refais le point avec elle quelques semaines plus tard par téléphone car mon inquiétude grandissait. Elle me propose d’attendre le printemps et laisser passer les vacances de Pâques pour voir si cela s’estompe, car cela semble s’accentuer quand il est fatigué. Avec les beaux jours et la période de vacances, il se pourrait que cela s’améliore. Dans l’intervalle, j’en parle également à une copine qui est orthophoniste (mais consulte trop loin pour nous) ; j’ai besoin d’évacuer mes inquiétudes.
Effectivement, quelques semaines plus tard, il y a du mieux ! Les occurrences s’espacent et, finalement, je constate soudainement pendant l’été 2019 que ça fait certainement des semaines qu’il n’a plus bégayé du tout ! Me voilà rassurée.
Il reprend le chemin de l’école en septembre. Après quelques semaines, rebelote! De nouveau, autour d’octobre / novembre, réapparition du bégaiement. L’institutrice, avec qui on avait déjà évoqué cela également lors de la première phase 2018-2019, m’interpelle à nouveau sur le sujet.
J’avance le contrôle annuel chez la pédiatre début décembre pour pouvoir en reparler sans traîner parce que cette nouvelle apparition n’est pas de nature à me rassurer. Elle ne l’entend bien sûr toujours pas bégayer une seule fois sur les 45 min de consultation. Elle n’est toujours pas particulièrement inquiète mais préconise tout de même de prévoir un bilan, plutôt au printemps 2020, même s'il disparait à nouveau entretemps, et me donne le nom d’une orthophoniste (que je connais en fait pour avoir fait de la danse avec elle l’année avant).
Je la contacte début mars mais son planning est super chargé. Elle me suggère un confrère mais, comme on n’est plus à quelques semaines / mois près, je préfère attendre qu’elle ait des disponibilités (et j’ai bien fait puisque, finalement, avec le Covid, je n’aurais probablement pas eu de RDV beaucoup plus tôt dans tous les cas). Je dois la recontacter début juin.
Entretemps, il y a eu le confinement. Juste avant la reprise de l’école (qui a eu lieu peu avant mi-juin pour eux), le bégaiement avait à nouveau disparu. L’institutrice m’en a d’ailleurs fait part lors du RDV de fin d’année.
J’ai eu le premier RDV chez l’orthophoniste la semaine dernière. Elle m’a fait venir sans Romain. En fait, dans ce type de cas (bégaiement léger et intermittent), elle préfère passer par le parent pour mettre en place des outils à la maison car c’est dans la communication au quotidien qu’il faut agir donc ça implique nécessairement les proches de l’enfant (et cela évite également de mettre le « coup de projecteur » sur l’enfant et lui mettre une pression inutile). Elle appelle ça de la « guidance parentale ». Et apparemment, dans ce type de problématiques, cela porte souvent ses fruits. Si le bégaiement s’aggrave ou même s’il s’éternise simplement, elle voit évidemment l’enfant. Je la revois mi-août.
Voilà pour l’historique concernant mon fils.
Concrètement, mon fils a des répétitions en début de phrases essentiellement, parfois des répétitions de mots bien que cela soit rare en cours de phrase, ou bien des répétitions de syllabes en début de mot, ou encore des accentuations de sons.
Par rapport à ce que tu décris avec la main devant la bouche, mon fils a eu exactement le même comportement pendant la première phase de bégaiement où les blocages étaient par moments assez importants et longs aussi (ce qui n’est plus le cas maintenant). Il faisait typiquement la même chose que ton bonhomme : mettre la main devant la bouche comme pour « réceptionner » les mots, donnant l’impression qu’il voulait les « extirper » de sa bouche. C’était pour moi un signe que ça l’embêtait vraiment. Il était conscient du souci et finissait parfois par vraiment s’agacer quand ça ne venait pas.
Lors du bilan initial, nous avons dressé le profil de Romain en reparcourant son histoire (depuis la grossesse) et en évoquant ses traits de personnalité. En fait, dans le bilan initial, on creuse vraiment des aspects très divers : difficultés durant la grossesse / à la naissance, santé de l’enfant, environnement familial, habitudes de vie, etc. J’ai évoqué plusieurs choses qui ont amené à évoquer les émotions et elle me disait que le bégaiement était souvent intimement lié aux émotions. Je le dis car tu le dis très sensible et penses que ça pourrait être lié… Tu n'as a priori pas tort de l'envisager.
Que dire d’autre ? Ah oui, quelques petits « conseils » généraux qui font partie des recommandations que j’ai reçues (à prendre ou à laisser, tu en fais ce que tu veux), dont certaines que j’avais déjà lues sur des sites dédiés :
- ralentir le débit de paroles, a fortiori si vous avez un débit de paroles naturellement rapide (c’est mon cas… et je constate que Romain parle souvent très vite également ; j’ai appris à ralentir dans le cadre de mon métier où j’y parviens assez spontanément maintenant quand je donne cours… mais le naturel revient au galop dès que je quitte la classe, cela me demande donc un effort de ralentir le rythme dans le cadre privé)
- se mettre à sa hauteur et le regarder dans les yeux pour lui signifier qu’il a toute ton attention lorsque vous discutez
- quand tu n’as pas la possibilité de lui accorder ton écoute parce que tu es occupée à une tâche qui ne le permet pas par ex., lui dire que tu ne peux pas l’écouter là tout de suite mais que tu retiens qu’il a quelque chose à te dire et que tu reviens vers lui ensuite (sans oublier de le faire :-p) et si c’est parce que tu parles avec quelqu’un par ex., ça peut être utile d’instaurer un code « de contact » (type main sur l’épaule) qui signifie « j’ai vu que tu souhaites me parler, je suis à toi dès que j’ai terminé cette discussion » (c’est d’ailleurs souvent super efficace avec les enfants de manière générale, en-dehors de toute problématique de bégaiement… sauf quand il oublie ce qu’il avait à me dire, c’est le drame!)
- éviter de lui dire « respire », « prends ton temps » ou « parle doucement » ; cela risque de le braquer / frustrer davantage
- quand il bégaie, si tu sais ce qu’il veut dire, prononcer le mot qui bloque pour montrer que tu as compris, que tu l’écoutes et éviter qu’il ne continue de s’emmêler jusqu’à la frustration (par contre ici, faut pas que je me trompe de mot parce que ça le rend chèvre et je suis considérée comme la pire nulle des mères :-p)
Voilà voilà ! Après, il y a des choses à appliquer plus spécifiquement en fonction du cas et de la situation. Ici par ex., j’ai des choses à mettre en place avec sa sœur (outil pour respecter les « tours de parole » notamment). Et même si le bégaiement a disparu (bien que j’aie cru entendre une mini résurgence ultra légère la semaine dernière mais je fais peut-être des fixettes...), certains conseils sont applicables tout de même (le regarder dans les yeux, ralentir le débit, etc.).
Je ne sais pas si tout cela est susceptible de t’aider ou t’éclairer. Désolée pour la tartine, j’ai tendance à être longue quand je suis lancée sur un sujet.
Je te conseille de prendre RDV pour en parler avec ton pédiatre / ton médecin et voir ce qu’il préconise dans le cas particulier de ton enfant.
En tout cas, je comprends tes inquiétudes.
Et si tu as d'autres questions, n'hésite pas!