Chapitre 3:
photo trouvée sur google.
Les embrouilles. J'ai toujours détesté ça. Elles brisent les amitiés, elles rendent triste. Le problème, c'est qu'à Camille Claudel, y'en avait des tas. En quatre mois, j'avais cessé de les compter. Trop nombreuses, parfois, il y en avait 528 en même temps.
J'avais jamais été très douée pour suivre les histoires des gens. Pour suivre tout court en fait. Toujours « un métro de retard » comme le disaient les profs. Parfois je m'emmellais les pinceaux, dans mon cerveau il y avait comme un bug et on devait passer par la case « redémarrer le système » avant de pouvoir me dire quoi que ce soit.
Bref, je haïssais les embrouilles. Pourtant, c'était l'hiver, et en hiver, logiquement, y'en avait presque pas. Mais bizarrement, c'était un peu le trimestre à disputes. Moi j'étais pas arrangée. Mais cette fois, c'était une grosse embrouille, une bien énorme qui vous suit toute l'année et parfois plus.
Dedans, il y avait un certain nombre de gens, dont Axel, Alexane et Éva.
Pour résumer, Jordan a demandé à Éva de sortir avec lui, elle a refusé pour un certain nombre de raisons, à commencer par le fait qu'elle ne l'aime pas. Jordan l'a très mal prit et lui a dit d'aller se faire foutre (très classe … ). Axel était très proche d'Éva, donc il a prit sa défense, le problème c'est qu'il y avait déjà pas mal de tension entre ces deux là (rappelez vous, dans le premier chapitre, Axel s'était fait exclure une demie-journée car il s'était battu avec Jordan ..). Tout ça a dégénéré, Éva à dit à Axel qu'il faisait tout un foin pour que dalle, il s'est énervé. Il lui a dit que c'était entre Jordan et lui, Éva lui a dit qu'il allait se faire virer, il lui a dit ta gueule et il est parti.
Axel, il était très vif. Quand il s'énervait, c'était pas la peine de venir lui parler, il foutait des vents et il s'en allait. Parfois, en cours, il écoutait plus, les profs lui parlaient mais il ne répondait pas, pas plus qu'il ne répondait à Éva. Alors il se faisait exclue de cours, mais dans ces moments là, je pense qu'il n'en avait rien à faire. Il se levait de sa chaise sans un mot, la laissait à sa place (c'est à dire à plus ou moins 28 ou 29m de la table), ouvrait la porte, passait, et la claquait aussitôt. On n'était pas vraiment proches, on se parlait des fois mais rien de plus. Mais comme j'étais timide, ça n'allait jamais bien loin. Pourtant je ne pouvais pas m'empêcher de penser tout le temps à lui, et je me mettais à sourire bêtement. Un sourire très niais parfois accompagné de la boule au ventre. Mais pas exactement la même que celle avant les concours ou quand on aborde n'importe comment un spa d'un mètre soixante sur un mètre quarante avec une jument qui fait tout au plus dix centimètres que la barre et qui et chaude comme la braise, non. Celle la elle était différente. Plus présente encore, elle vous forçait à la remarquer, elle vous hurlait à la figure '' Je suis là, je suis là, ne m'oublie pas ! ''. Elle accaparait toute votre attention, si bien que vous ne pouviez plus dire un mot. C'est de celle là que je parle.
Parfois, on était en TP ensemble en SVT. Dans ces moments là j'étais stressée, je ne sais pas pourquoi. J'avais le cœur qui battait à 11 596 à l'heure, tellement fort que je pensais que tout le monde pouvait l'entendre. La petite boule au ventre était bien évidemment, et je tremblais encore plus qu'un vieillard âgé de 117 ans et atteint de la maladie de Parkinson au stade le plus critique depuis un demi-siècle et quatre mois.
Je devais virer au rouge, une teinte entre le pivoine et la tomate, je ne savais pas trop. Mélangé avec un peu de rose là où le rouge n'était pas omniprésent. Je devais être très drôle à voir pour Alexane.
Du coup, j'ai du arrêter les TP. Le problème c'est que y'avait des fois où je pouvais pas le faire toute seule, alors j'ai cherché sur internet comment se dé-stresser. J'ai pris la méthode la plus simple: respirer et penser à quelque chose d'agréable en fermant les yeux. J'ai dû prétexté que leur débilité me désespérait, ce qui, au fond, n'était pas complètement faux. Pour respirer, j'avais du mal. Parfois, je suis en apnée, je ne sais pas pourquoi. Quand je trotte depuis longtemps, sur un énorme oxer aussi long que large alors qu'on est sur une 145, dans un gué, quand je suis en TP avec la tête d'Axel à 52cm de la mienne.
Parfois, Alexane remarquait que mon cahier était en contact avec celui d'Axel, alors elle me taquinait en disant qu'il y avait des micro-particules d'Axel sur mon cahier, ce qui, à force, commençait à m'agacer parce qu'elle le disait tout le temps. Parfois, y'avait ''des micro-particules d'Axel '' sur un de mes stylos, ma trousse, ma mini règle. Et elle ne manquait pas de me le faire remarquer. C'était plutôt frustrant, à force. Mais on s'y faisait.
Généralement, j'ai tendance à baisser les bras facilement, mais en voyant la détresse d'Éva, j'ai dû mettre tous mes sentiments et toutes mes émotions de côté. Je devais comprendre ce qu'il se passait dans la tête d'Axel.
Ça faisait plus de six jours qu'Axel et Éva se faisaient la gueule. Et c'était six jours de trop. Je ne les avais jamais vus comme ça, ni l'un, ni l'autre. Éva était à la limite du désespoir. Elle s'était fâché avec son meilleur ami, ils ne s'étaient pas dit un mot depuis ce jour là. L'hiver et la nuit à 17h n'arrangèrent rien à la déprime d'Éva. J'avais tout essayé. Les blagues, mes réponses au brevet blanc de maths de l'année dernière (oui oui, je m'en souvenais encore), que si elle était triste elle avait qu'à se suicider sur trottoir avec Patrique (c'était un délire de troisième .. Patrique étant la personne que j'avais inventée et qui faisait tourner la grue qu'on voyait depuis notre collège), que ça durerait pas, que d'ici une semaine ils auraient tout oublié … Sauf que la semaine suivante, ils étaient toujours en froid, et je sentais qu'Axel et Jordan n'allaient pas tarder à se battre. Mais cette fois, ils auraient risqué le conseil de discipline et on ne les aurais plus jamais revus à Camille Claudel …
Pendant plus d'une semaine, j'ai réfléchi, j'ai tourné et retourné l'histoire dans tous les sens, je comprenais mieux comment factoriser un développement plutôt que leur histoire. Et Dieu sait que j'étais nulle en maths …
Alors j'ai décidé de tenter de me rapprocher d'un des deux garçons. Jordan étant un cas très poussé, j'ai choisi Axel, par élimination. Tant pis si c'était relativement humiliant, si au départ je suis rouge comme une tomate trop mûre, si mon cœur bat à m'en déchirer la poitrine, l'amitié avant tout.
Et comme il m'arrive parfois d'avoir beaucoup, mais vraiment beaucoup de chance, on avait justement deux heures de perm' le lundi suivant, et comme Éva était allée à l'infirmerie, il restait une place à côté de moi. Vu que la salle était pleine, Axel vint justement s'assoir à ma droite.
Au départ, on n'a pas parlé, je parlais plutôt de mon « Plan d'action top secret ''SOS amitié''» avec Alexane. Et puis à un moment, j'ai utilisé LA méthode qui tue la mort (oui oui, à ce point …) : j'ai pris une feuille double, un feutre noir et j'ai écris en gros en haut de la feuille: '' Skype Messenger''.
Forcément ça faisait un peu … un peu con. Parce que je ne sais pas dessiner le logo skype, et qu'avec le feutre bleu clair, ben ça a bavé. L'intelligence …
Après, j'ai écrit avec un stylo violet : '' Camille : Hey ! '' . Je lui ai passé la feuille, il avait une drôle de tête. Il a sorti un stylo quatre couleurs de sa trousse, a sorti la mine noire et a écrit '' Axel: Salut.''. Il m'a rendu la feuille, et on a commencé à bavarder:
« - ça va ? Lui ai-je demandé
Ouais .. et toi ?
--Ouais.
-Tu fais quoi ?
-Ben … écoute .. j'te parle … T'aurais vu si je faisais quelque chose d'autre mdr
-Hum hem .. pas faux.
-Hey ouais, j'ai toujours raison.
-Nan, c'est pas juste d'abord, c'est injuste parce que si tu prends toute la vérité de la parole que y'a dans le monde, bh nous on aura plus rien donc du coup ben on aura toujours tort et ça se fait pas pour les gens du monde de la Terre.
-Ouais t'as raison. Bon, j'ai souvent raison alors ?
-Oui, c'est mieux .. x)
-C'est bien quand c'est bien.
-Oui c'est bien quand c'est bien parce que c'est bien.
-Oui c'est logique.
-OUAIIIIIS! C'est la logique logique des gens (ou des choses) logiquement logiques :D !
-T'es folle en fait toi.
-C'est pas nouveau aha.
Pendant qu'il écrivait, je me suis retournée vers Alexane et lui ai chuchoté
« - Le plan secret ''SOS amitié'' fonctionne mieux que j'imaginais!
-Yessss … Par contre, 'faut vraiment qu'on lui trouve un autre nom parce que là ça frise le ridicule …»
Moi et Axel avons continué à papoter comme ça toute la perm', et en sortant j'avais un grand sourire jusqu'aux oreilles parce que je n'avais plus le cœur qui partait à 11 596 à l'heure et parce que j'avais déjà bien entamé la phase un du Plan Secret ''SOS amitié '', et c'était bien. Par contre, il était quasiment impératif qu'on change de nom pour ce plan parce que c'était très long et pas discret.
En rentrant chez moi, j'ai sorti une « feuille à dossiers », une feuille simple et j'ai noté l'avancée du plan. Je n'ai rien écrit sur la feuille à dossier parce que je ne voulais pas écrire le '' Nom-trop-pas-cramé '' du plan. Après, j'ai pris mon pantalon de poney, mis mes boots et mes chaps et je suis partie au cheval. Parce que l'endroit qui me calmait quand j'avais des problèmes, c'était l'écurie...
Voir le chapitre 3, qui est compètement différent des autres .. j'espère que vous aimerez !