|   |   Des dessins merdiques. Complètement bouffons, complètement pourris. Des saletés de crado du collège. Le crayon gras, du talent dans la symphonie intestinale. Morts pour des abjections mal dessinées, pour des cacas et des pipis. C'est moche, c'est trop, c'est sûr. 
Convenus, orduriers, vauriens et injustes. 
Deuil national, public, ostentatoire, obscène. 
Des larmes de crocodile sur les plateaux de télévision. 
Des « Je suis Charlie » sur les réseaux virtuels. 
On montre son chagrin. 
« Regardez comme mon cœur est mignon et grand. » 
« Regardez comme je pense bien. » 
« Voyez comme je ne fais pas d'amalgame, comme mon esprit est finesse. » 
 
La liberté d'expression : la liberté de t'insulter, de te conspuer, de t'humilier si on veut, quand on veut, où on veut. La liberté ? La liberté c'est pouvoir déambuler dans la rue à poil en déféquant sur les bancs. Un éminent intellectuel a même été dire qu'ils sont morts pour leurs idées. Ils avaient donc des idées, et ils sont morts pour leurs idées. J'ai cherché les idées, puis des idées. Faute de mieux, j'ai trouvé une idée : la liberté d'expression. Ils étaient anticonformistes. Insoumis, rebelles, dissidents. Courageux. 
Valeureux jusqu'à la volonté d'interdire un parti politique, en 1995. Pour une caricature de l'islam, quarante caricatures du christianisme, du Blanc, de l'Européen, du Français, du père de famille et de l'homme. De combien de morts se sont-ils moqués au juste ? L’avocat de ce journal, Richard Malka, est également celui de Françoise Morvan, de Caroline Fourest, de Nicolas Sarkozy et de Dominique Strauss-Kahn. 
Cabu le caricaturiste qui a fait son fric en créant le beauf, en ridiculisant le franchouillard, en se payant la tête du Français, l'altissime Cabu était courageux, il est mort pour la liberté d'expression, peut-être même pour la République et, puisque c'est désormais la même chose, pour la France. 
 
Les théologiens en herbe s'expriment parce que ces musulmans n'ont rien compris du tout, parce qu'ils ont fait le jeu des racistes, des cons, des ignares et des débiles, parce qu'on va avoir peur et c'est pas malin. Le couteau sous la gorge, une vidéo pour leurs derniers mots qui alors seraient : « Papa, maman, surtout ne faites pas d'amalgame ! » Un déséquilibré qui n'a rien compris, un isolé, un paumé, il n'y a pas de problème. 
La décence est absolument absente. Donc la retenue et la discrétion qu'elle oblige, aussi. 
Chaque jour la mort silencieuse des enfants de France. Chaque jour des poignardés, des égorgés, des torturés, des violées. Dans les coins tranquilles comme dans les rues endormies, dans les maisons jolies comme sur les bitumes sordides. 
Si je rappelle le sort des chrétiens d'Orient ? L'on m'engueulera parce qu'on vient de faire un massacre ici, chez nous. 
Chez nous ! 
Pourtant chez nous ça ne date pas d'hier, le massacre... 
Jérémy Censier : à dix contre un. 10 contre 1. Dix innommables et d'innombrables coups de couteaux. Un coup qui a traversé le cœur, un coup qui a traversé la boîte crânienne, d'autres qui l'ont défiguré. 
« Je suis Charlie ». 
Et Anne-Lorraine Schmitt ? Jean-Claude Irvoas ? 
Et Gérard Varlet ? Élodie Despons ? Jonathan Laurent ? 
Et Thierry Simon ? Et Yvan Schneider ? 
Et cette Pauline de Besançon ? 
Et Jacques et Thérèse Prévost ? 
Et les soldats tombés en mission ? 
Et combien d'autres encore ? 
Et combien de minutes de silence ? De marches blanches ? Combien de minutes à la télévision ? 
C'est aujourd'hui qu'il faut s'indigner : ce sont les petits marquis du régime, ce sont nos petits protégés qui sont attaqués. Quand on est journaliste on a des hommages par millions. 
Je ne suis pas policier, je ne suis pas concierge, « Je suis Charlie ». 
 
Tas de tarlouzes qui n'osent même plus regarder les étoiles, immonde ramassis de fiottasses qui n'ose même plus vivre à la campagne l'hiver. On ne change pas une équipe qui perd, en effet ! Une bande de lavettes qui ne fera jamais que pleurnicher pour montrer qu'ils pleurnichent. 
Vous n'apprenez rien, ne comprenez rien, n'apprendrez rien, ne comprendrez rien. Ces tueurs n'iront pas en prison puisqu'ils y sont déjà, comme nous et avec eux dans la même marmite et vous n'avez toujours pas saisi ça et vous serez encore choqués demain. C'est inutile d'espérer, vous êtes foutus. 
Il n'y aura pas de réaction. Il n'y aura que des envies de caméras de surveillance jusque dans les piaules et dans les chiottes.  |  
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