| | Pour les déserts médicaux, ce n'est pas vraiment en fonction des vieux. Les gens préfèrent des régions "attractives", ne serait ce que pour l'emploi du conjoint. Parce qu'un "jeune" médecin, il a la trentaine, généralement un(e) conjoint(e), éventuellement des enfants... Et un désert médical, c'est en général un "désert" tout court.
Comme dans toute famille qui cherche à s'installer, le couple cherche à un endroit où les 2 pourraient travailler, et où il y a une école pour les enfants, ce genre de trucs. Si le médecin peut bosser à peu près partout, ce n'est pas le cas de toutes les professions, surtout vu le contexte actuel.
Lanamour, les médecins / pharmaciens / dentistes ne se plaignent pas des patients. Ils se plaignent, globalement, de l'image que leur donne le gouvernement et les médias.
Alors oui, quand on se dirige vers un métier médical ou para médical, on sait que l'on va travailler dur. Ce n'est pas le problème. Le problème, c'est de ne pas être soutenu et surtout rabaissé.
Je prend l'exemple des infirmières. Elles font un métier difficile, que ce soit physiquement, mentalement, ou au niveau de l'organisation. Pour avoir été en stage avec des infirmières, leur plainte n°1, ce n'est pas les patients pénibles. Ce sont les conditions de travail ( réduction de budget de l'hôpital, rentabilisation à tout prix du service, bataille pour obtenir un lit pour un patient... ).
Lanamour, aussi, parler d'être payé pendant les études de médecine, c'est une vraie blague. L'externat, ou l'internat, ça prend du temps, ce qui fait qu'il est difficile d'avoir un autre job à côté. Hors, le salaire c'est vraiment rien par rapport au nombre d'heures ou au travail à faire.
Le salaire des internes, c'est un gag. Ils enchaînent les journées et les nuits de garde. Le repos compensatoire n'est pas forcément appliqué. Ils ont un salaire qui n'a rien à voir avec la charge de travail, le nombre d'années d'étude et surtout la responsabilité.
Pour te donner un exemple, je suis externe en odontologie. Alors c'est clair que je suis en formation, que je n'ai pas la productivité d'un "vrai" dentiste, que les séances sont longues parce qu'il faut tout faire valider par les profs. Néanmoins, je fais le travail de dentiste, je soigne les gens et je suis payée 2 euros de l'heure.
Alors oui, si on veut c'est de la formation payée, mais c'est pas comme si on avait un prof avec nous dans le cabinet. |
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Mais les élèves magistrats sont également très peu payé et supportent tout autant de responsabilité. Pourtant, encore une fois, ils n'ont pas le choix de leur affectation, c'est en fonction des places disponibles, des nécessités du service public de la justice, de leurs résultats... etc. Mais ils n'ont pas la liberté de choisir et ce pendant toute leur carrière. Ils se contente de faire des "demandes" en croisant les doigts de pieds et de mains pour que ça marche.
Un élève avocat est payé 0,0€ pendant l'ensemble de leurs études. Sauf stage à l'école du barreau, ce qui représente 1 an sur les quasi 7 années d'études et là c'est 437€ par mois pour du 12h/jour. Royal au bar. Le temps de prendre un taf à côté est largement compromis (à moins de faire veilleur de nuit dans un parking mais je doute de l'efficacité le lendemain au taf). Les responsabilités sont là aussi. Après, les avocats s'installent où ils veulent, mais l'Etat ne leur a pas versé un centime d'euros pendant leurs études.
Ces deux professions font face aux mêmes enjeux du manque de moyens de la justice.
Mais chacun d'entre eux a choisi d'être là où il est. En poste, ils gagnent convenablement leur vie en comparaison avec la moyenne nationale, il s'agit de métier de sacerdoce, d'accompagnement d'une patientèle/clientèle, de service public. On sait tous exactement où on met les pieds.
Le sujet initiale avait vocation à raconter l'enfer rencontrer par les médecins avec des patients exigeants et relou qui prennent rdv n'importe comment et n'importe quand. Donc il s'agissait bien de se plaindre d'eux. Et je trouve ça choquant. Je trouve cette liste de dolèances choquantes.
Et je réitère, le salaire versé par l'Etat, aussi faible soit-il, peut légitimement imposer certaines conditions d'exercice les premières années dans des régions en désertification médicale. Rien de choquant, un juste retour des choses, un engagement pour un salaire perçu pendant une période où le médecin n'en est pas encore un et où il apprend son métier grâce aux dépenses de l'Etat. L'Etat peut lui demander quelques années de service obligatoire.
Aux USA, l'armée peut financer tes études pour te faciliter la vie. Elle investit sur une personne. Le deal: tu lui dois quelques années d'exercice à la sortie d'école. Pour les médecins ça signifie exercer son métier auprès de l'armée pendant 5 ans. Ca ne me choque pas. Alors le deal est un peu plus lourd, exercer son métier sur une zone de combat c'est pas la fête, mais après les études coûtes beaucoup plus cher que les notres. Encore que, pris au réelle, ces études coûtent le même prix qu'en France, c'est juste qu'en France les étudiants ne payent pas au réel.
Et pour les médecins rabaissés, je m'étouffe. Ils sont choyés et protégés, aucune réforme pour imposer un lieu d'exercice les premières années n'a abouti, quelque soit le gouvernement il a cédé. Détendons nous, les médecins sont écoutés, ce qui n'est pas le cas des sage femme par exemple. Le médecin est protégé, entendu. Et la société dans son ensemble, au delà des gouvernants, les respectent. Tout comme le reste des professions libérales.
Franchement ne noircissons pas le tableau. Un médecin, profession libérale, vit bien et vivra bien. Tout va bien. Le reste n'est que pinaillage. Parlons plutôt du manque de moyen des hôpitaux, parlons plutôt du bien être du patient, parlons plutôt de la surpopulation carcérale, parlons plutôt de l'accès à la justice. En gros parlons plutôt des gens pour qui nous travaillons et pas de notre petit trou de balle de profession libérale qui exige plus de confort.