« Chacun sa vision » c’est un peu renier toutes les règles de biomécanique connues à ce jour… Sans parler des plus de 2000 ans d’équitation qui nous précèdent… Ne vaut-il pas mieux faire appel à sa culture et lui faire prendre sens par l’expérience. Il est difficile de nos jours de trouver des enseignants capables d’apprendre aux cavaliers à lire la biomécanique des chevaux. Or si personne n’explique jamais à quoi sert un exercice, à quoi correspond visuellement la bonne réalisation d’un exercice, comment la lire et surtout à quelles sensations équestres il faut l’associer, comment savoir si le travail est correct ?
Non, je ne parle certainement pas du rollkür pudiquement rebaptisé LDR ! Quelle horreur ! J’ai bien précisé que jamais le cheval ne doit passer derrière sa verticale, pas d’encolure enroulée, surtout pas. L’extension d’encolure ne se limite pas à un allongement de celle-ci. C’est bien là la difficulté et c’est pour cela que j’ai aussi indiqué que l’effort impliquait toute la ligne du dessus depuis la contraction abdominale.
Estalle 78640, la deuxième photo montre un DAP avec un retard d’appui du postérieur et c’est bien de celle-ci dont je parle. Tu as précisé en postant tes photos qu’elles n’étaient pas parfaites (c’est une prudence qui t’honore) mais devaient illustrer selon toi une extension. Sans préciser les éléments à prendre en référence. Dans la mesure où tu conseilles quelqu’un « qui ne sait pas », il aurait été bien de lui indiquer alors les éléments à prendre en compte et ceux à écarter.
Le postérieur posé avant l’antérieur n’est pas un défaut c’est l’inverse qui est un défaut et qui peut supposer la précipitation car le cheval tombe sur les épaules, il « court » alors pour rattraper son poids.
Plus qu’une silhouette en rouge ou vert, l’effort de l’extension se traduit par des muscles dont la mise en « contraction » est visible. Ce n’est pas le cas du cheval d’Estelle78640, je regrette. Ce qu’Estelle montre est un cheval qui se relâche après un effort et c’est aussi très positif mais on ne peut pas assimiler cela à une extension telle qu’on l’entend lorsqu’on parle de travail gymnastique. L’équilibre et le soutien musculaire n’y sont pas (poids sur l’avant), le bout du nez est trop devant la nuque. Le cheval s’étire par son bout du nez alors que ce devrait être par la nuque. Et ceci sur les 2 photos. Ton cheval est peut-être capable d’une qualité de relâchement qui fait défaut à celui d’Apacherustine et c’est sur ce point là que tu aurais pu attirer son attention. En revanche, le travail musculaire recherché dans l’extension juste n’y est pas encore. A toi, il manque quelque chose que tu as reconnu par ailleurs, un manque de contact plus précis et plus présent sans toutefois tomber dans l’excès bien sûr.
Comme le cheval d’Apacherustine, tire, elle se retrouve avec une tension excessive dans les mains (surtout la main intérieure, trop présente). Elle doit donc travailler à « décoller » son cheval de sa main pour qu’il se prenne plus en charge. Je suis contre les coups de sonnette, on peut signifier à un cheval qu’il abuse d’appui sans lui coller un demi-arrêt.
Toi, Estelle78640, c’est un travail inverse : il faudrait que tu acceptes de raccourcir un peu tes rênes pour le « mettre en tension » mais attention ici aussi, il ne s’agit pas de le coincer devant et de tirer dessus, juste de réajuster le cadre de travail dans lequel il doit continuer à fonctionner avec décontraction mais avec plus de soutien.
Apacherustine, tu dois parvenir à l’étendre dans l’équilibre lorsque tu le monte.
Estelle78640, tu dois parvenir à le compacter dans l’équilibre.
Et tout ça, avec finesse et légèreté évidemment


Le cheval d’Apacherustine en longe montre clairement un garrot et une nuque soutenus, ses épaules ne plongent pas. Les filles, l’objectif est d’obtenir la même chose mais monté !
Il a été très judicieusement conseillé à Apacherustine de ralentir son trot pour travailler. J’ai repris ce conseil dans mon premier message. J’insiste encore car c’est important. Ce cheval semble avoir une bonne impulsion naturelle, il sera donc toujours temps d’aller remettre ça en route lorsque les bases des exercices auront été comprises dans le calme.
Camillemtr, lorsque tu dis qu’il te semble que « malgré son extension, il court un peu trop » ton doute révèle surtout la difficulté à identifier cet effort. Car soit un cheval est en extension, soit il ne l’est pas et il court. Il ne peut pas faire les 2. L’exercice est réussi ou non. On peut mettre le cheval en extension légère pour limiter cet effort qui est difficile puis progressivement aller de plus en plus bas. Mais si le cheval n’est pas prêt alors oui, il court, s’ouvre trop ou s’enferme mais alors il n’y a plus d’extension. Selon toi, au trot, lorsque le diagonal touche le sol par le postérieur c’est un défaut ? Selon toi…. Mais en réalité est-ce vraiment un défaut ? C’est la poussée des postérieurs sous la masse qui garantit l’équilibre en libérant l’avant main d’une partie de son poids. Au repos, la plus grande partie du poids du cheval est à la charge des antérieurs du fait de l’encolure. Si le(s( postérieur(s) anticipe(nt) le port de la charge par rapport à l’antérieur c’est bien que l’équilibre a été rétablit vers l’arrière main sinon le cheval basculerait sur ses antérieurs (poser de l’antérieur avant le postérieur = DAP). C’est le principe d’une balance à flèche. Le cheval doit reporter son centre de gravité vers l’arrière pour équilibrer la charge sur ses 4 appuis. Plus il déplace son centre vers l’arrière plus il s’assoit, l’effort abdominale est augmenté, il réduit son polygone de sustentation. Les postérieurs doivent donc s’avancer sous lui et venir au soutien plus tôt que les antérieurs. Lorsque ta jument fait ça, c’est bien, elle prend en charge sa masse plutôt que de courir sur les épaules. C’est plutôt positif comme locomotion.
J'insiste : ce cheval en longe à un bon équilibre et une belle tension de la ligne supérieure. Il se tient. Du moins à l’instant capturé par cette photo.
Si nous avions ici une vidéo du cheval d’Apacherustine, peut-être y verrions nous tous une attitude instable avec des moments bien et des moments moins bien. Peut-être que parfois son cheval perd l’attitude juste, se soulage de l’effort en accélérant, s’enfermant ou se relevant, ce qui est fort probable puisqu’il le fait déjà en selle. Mais ce qui est important ici, avec la photo, avec cet instant particulier, c’est bien d’avoir la possibilité de voir en détail pourquoi cet instant là est juste, à quoi il doit correspondre dans les sensations en selle, comment l’obtenir et comment faire en sorte que le cheval s’y installe. Ce qui est important aussi, c’est de voir que ce cheval adopte cette bonne attitude de lui-même en longe sans contrainte ce qui signifie qu’il est prêt. Ça valide aussi en partie le travail qui a précédé sur ce cheval car s’il avait été mal travaillé il ne serait pas capable de donner ça en longe. Rien n’est parfait, on peut toujours faire mieux, on a tous des défauts et des lacunes à cheval même après 40 ans d’équitation ! Il faut savoir être humble.
Globalement, un cheval qui entre dans le désordre lorsqu’on l’amène dans des attitudes hautes, cela signifie qu’il est trop tôt pour le faire ou que le changement de hauteur est trop radical. On relève progressivement et seulement lorsque la musculature le permet et l’équilibre bien maitrisé dans tous les exercices de base.