Je commence donc par la fin pour vous donner quelques explications...
Préparez vous à une longue histoire !
Dimanche 4 au matin, nous prenons le départ de chez notre hôte à 12km pour rejoindre ma famille qui nous attend à Rocamadour. Bien arrivés, on les retrouve sur un parking en herbe. Montage rapide de paddock, il est bien là. Seul soucis, il n'y a pas d'eau. Ce n'est pas trop grave, il a bu en partant, on va manger là-haut en ville et on lui descendra à boire.
Sachez que le cheval n'avait pas le droit d'aller plus loin, et puis c'était quand même hyper dangereux.
Après manger donc, on descend à boire pour lui. On le retrouve au même endroit, dans son paddock mais clôture à terre. Il a du la faire tomber avec sa queue en chassant les mouches (déjà vu faire), bon c'est pas grave, il n'a pas bougé.
Même chose pour la courte après-midi où nous nous baladons à pied dans la vieille ville. Au retour, clôture ok, cheval ok.
Bon, c'est l'heure de rentrer, il est 17h, ce qui nous ferait arriver aux alentours de 19h30 à la maison, 20h si on compte un peu de temps pour embarquer/décharger.
Et c'est là que les ennuis commencent. Impossible de faire monter le cheval dans le camion !
C'est pourtant son camion, sa place, son foin, ses protections. Rien n'a changé. Il y est monté pour aller en concours 2x/mois pendant 1 an et demi, de la même façon !
On l'avait pourtant fait voyagé début août pour aller prendre un cours dans une autre structure, aucun problème pour monter, il avait ronchonner pour repartir mais monté avec un peu plus de temps certes, mais sans bagarre, sans stress.
On a tout essayé : tenu en longe à la tête, à l'épaule, à gauche, à droite, à la voix, pas de voix, en "liberté", à gauche ou à droite dans le camion, pont en montée, pont en descente, pont à l'horizontale, montée par le pont latéral (de descente), avec foin, sans foin, avec des pommes, avec ou sans les protections et aussi des méthodes plus "dures", avec stick, en haussant le ton (de plus en plus fort), en travaillant en longe avant et même monté, une méthode "inspirée de l'éthologie", en le présentant devant et en croisant des longes derrière... Et j'en oublie.
Je précise qu'on a fait des pauses brouting, aller marcher, faire penser à autre chose etc...
IMPOSSIBLE
Le cheval n'avait aucun comportement lié à la peur, juste pas envie, il mettait les 2 antérieurs sur le pont et les postérieurs en position de repos et il attendait. Quand on a commencé à perdre patience, il s'est cabré et a cherché le demi-tour, pas méchamment, juste pour se sortir de la demande.
Il a bien conscience de sa force le bourricot, alors il nous a bien emm*erdé.
On a quand même pas mal de patience mais au bout de 5h, donc à 22h, il faisait nuit, on n'en pouvait plus, on avait encore plus de 2h de route pour rentrer et j'avais un impératif à Toulouse le lendemain matin.
Et bien on a abandonné, on a fait un paddock pour le cheval sur place et on est parti.
Il avait un bon paddock, pas trop d'herbe mais de quoi grignoter + un filet à foin. Proche de la ville, à vue de la route mais à bonne distance. Donc cheval visible par les humains de passage la route n'est pas trop passante et oblige à rouler doucement.
Seul et gros problème, il n'avait pas d'eau sur place.
Je vous laisse imaginer ce que j'ai ressenti en laissant mon cheval, au milieu de la nuit, sans personne de son entourage, dans une ville qu'il ne connait pas, sur un parking, sans eau, à plus de 2h de route de la maison, en sachant que je ne pourrai pas être là le lendemain. Tout ça après nos 2 semaines de randonnée où nous avons marché, mangé, bu, dormi ensemble 24h/24.
Mon grand père doit revenir le lendemain matin, dès qu'il le peut, avec un professionnel du club d'à côté. Moi je ne peux pas être là.
Arrivés à presque 1h du matin à la maison, je prends une décision : s'il ne monte pas demain, j'irai le rejoindre et on repartira à cheval.
Je n'ai dormi que 2h cette nuit là, parce que je me suis effondrée de fatigue, entre la randonnée, la marche du matin, la journée touristique, 5h à essayer de le faire monter, les émotions et les pleurs en le laissant et la route...
Dans la matinée, n'ayant pas de nouvelles, j'appelle mon grand père vers 11h (donc déjà bien tard !).
Le cheval n'est plus dans le paddock.
C'était prévisible sans eau. Et je le savais.
Ce que j'apprends en même temps, c'est qu'ils ont pris le camion du club ! Un poids lourd dans lequel Pot' voyage très mal, mauvaise expérience à l'intérieur. Et quand on le voit, il fait tout pour s'en éloigner... Super, ça va être sympa !
Ah et puis, la personne du club n'est pas celle que j'aurais souhaité, pour plusieurs raisons qui me sont propres, j'aurais préféré son collègue, qui connait mieux le cheval.
Et donc mes affaires de rando dans tout ça ? Et bien mon grand-père a pris ce qu'il a vu, c'est à dire juste selle tapis amortisseur filet longes. C'est bien, mais mes sacoches ? mes fontes ? mes vêtements ? mon matériel de campement ?
On ne pourra pas rentrer comme ça.
Je lui avais pourtant fait un résumé expliquant tout le matin même.
Comme si ce n'était pas assez, mon grand-père n'a plus de batterie sur son téléphone et le réseau est très hasardeux.
Entre tristesse, inquiétude, désespoir, colère, mes émotions font les montagnes russes...
Impératif passé, on file à Rocamadour (rappel, on était à Toulouse!), encore 2h de route.
Entre temps, le cheval a été repéré par un cycliste qui l'a suivi jusque là où il s'est arrêté et est resté avec lui. Il l'a signalé à la gendarmerie. Mon grand-père et la pro le rejoignent.
On sait que le cheval est récupéré, mais on ne sait pas où et on ne reçoit ni appel ni sms...
Bon, il est 13h30, on prend quand même un casse-croûte, de toute façon, on ne sait pas où aller...
On reçoit un appel, le cheval est à une 10aine de kilomètres (par la route), à côté d'un vieux moulin fortifié.
Pendant qu'on s'y rend, je regarde sur mes cartes,
Pot' a fait le chemin de la veille, pour passer près de la station d'épuration devant laquelle nous sommes passés le matin et où l'eau était bien visible. Comme c'était fermé et très bien clôturé, il a remonté le cours d'eau pour aller au moulin, 3km plus loin.
Ils ont essayé de le faire monter pendant un moment, une fois qu'il avait bu. Quand nous sommes arrivés, ça faisait déjà presque 2h qu'ils l'avaient retrouvé.
A peine arrivés, je file voir où la situation en est. Le cheval a les antérieurs sur le pont, il se penche au maximum pour aller attraper les granulés tendus par la pro mais il ne veut pas monter les postérieurs, comme il nous l'avait fait.
Je lui dis juste un vague "Bonjour bébé", il tourne la tête, me regarde une fraction de seconde, et une secousse de granulés plus tard, il est monté.
Une fois monté, il est vite attaché et les bas-flancs sont fermés. Dans ce camion, il voyage en bais, les bas-flancs sont mobiles, il n'aime vraiment pas...
Avant même que le pont soit remonté, on le voit se tortiller pour essayer de sortir...
L'histoire se termine bien et heureusement. Après un voyage de 2h30, le cheval descend calmement à la maison sain et sauf, sans aucune blessure. Il a beaucoup stressé pendant le voyage, il a des marques de sueur mais il est sec à la descente.
Content mais pas sur-excité de retrouver les copains, il se contente de manger les petites herbes qui trainent dans la carrière, juste à côté du pré.
Il a été remis avec son copain dans la soirée, après que celui de
valerio soit rentré chez lui.