L’enrênnement tel qu'on y a recours actuellement se substitue à la technique.
On récupère les chevaux mal mis grâce au travail, aux exercices, à la technique, au tact, à la patience. C’est un « jeu » de déconstruction lente par un juste programme gymnastique mené avec de la compétence équestre.
Je rejoins totalement
quiebro13
Il y a des pros qui sont des pros parce qu’ils ont fait des concours et passé le BPJEPS. Mais on sait tous très bien que ceci n’est plus une garanti de compétences équestres depuis longtemps. Il y a des bons, ils sont rares, il y a des mauvais, ils sont nombreux…. Ah oui, il y a aussi les gentils, ils sont gentils mais techniquement c’est mort.
Le problème c’est que les cavaliers veulent monter leurs chevaux, se balader, sauter, faire des « jeux en liberté », parfois quelques petits concours et qu’ils ont beaucoup de mal a renoncer à ça pendant des mois voire des années sous prétexte que le cheval à le nez un peu en l’air, pèse sur la main ou a le dos défait.
Ça leur pique les yeux et ils ne sont prêts ni à avoir ce triste spectacle pendant un long moment, ni a renoncer à leurs envies perso, ni a travailler laborieusement sur leurs propres gammes sans vraiment savoir combien de temps ça va devoir durer…. Coller un enrênnement ça les rassure et ça évite de renoncer à tout et se remettre en question. Hors de ma vue l’encolure à la retourne.
Prenez une personne pliée en deux à cause d’une horrible douleur de dos. Elle ne peut se redresser. Vous faites quoi ? Vous lui mettez une planche dans le dos pour la ficeler afin de l’obliger à se tenir droite ???? Oui elle souffre avec son dos tout tordu mais se redresser lui est impossible. Vous la contraignez à le faire quand même ?
Ce qui fait mal aux chevaux c’est de les obliger à prendre une posture impossible pour eux. Donc oui,
littlevenus , j’ai envie de te répondre qu’il faut laisser le cheval à l’envers, il morflera toujours moins que s’il doit se soumettre à une ficelle. Et pour ton dernier message, tu as complétement raison. C’est aussi la perte du savoir-faire équestre qui est en jeu et qui m’attriste profondément.
Un cheval qui se tient à l’envers le fait parce que c’est ainsi qu’il se sent le mieux. Parce qu’il lui est impossible de faire autrement, ou il ne sait pas faire autrement.
Et en lui mettant un enrênnement on le ficele dans une posture pire pour lui. Même si l’enrênnement est lâche, il reste un cadre obligeant à aller dans quelque chose d’impossible. C’est cette obligation qui est un cache misère. Même si elle n’est pas violente. Pas besoin de tendre les ficelles, ils sentent très bien qu’ils sont attachés et la menace, la contrainte, l'inconfort qui pèse.
Alors qu’en laissant le cheval aller comme il se sent le mieux et en proposant des exercices adaptés pour le détendre, l’assouplir, le muscler, on lui fabrique les moyens de corriger lui-même sa posture au fur et à mesure où il en sera capable. Même s’il se tient mal, il se fera toujours moins mal en étant libre de se soustraire à la douleur comme il le souhaite plutôt qu’on l’en empêche. Les chevaux ne sont ni bêtes ni maso, ils adoptent les postures qui leurs sont les moins couteuses en énergie et en souffrance. Il faut les laisser faire, arrêter de lutter contre eux. C'est aussi un précieux indicateurs d'ajustement du travail pour le cavalier : si c'est trop dur, mal demandé, douloureux, le cheval garde le possibilité de l'exprimer.
C’est comme la rééducation d’un accidenté. Quelqu’un qui ne peut plus utiliser son bras, sa jambe parce que les muscles, les nerfs, les tendons ont subis des traumatismes et ne fonctionnement plus, on le masse, on lui fait faire des exercices régulièrement, pour remobiliser le membre, pour l’assouplir, pour redonner une fonction aux muscles. Oui parfois ces manipulations sont elles-mêmes douloureuses mais l’intelligence du praticien permet de doser en permanence l’effort afin de ne pas aller dans plus de mal que de bien. L’enrênnement n’aura jamais cette capacité d’évaluation.
Le cavalier est l’outil le plus adéquat pour gérer cette rééducation,

doser chaque geste, sentir les difficultés physiques et psychologiques, adapter à chaque instant l’exercice, les demandes, les aides, les corrections sont permanentes. L’enrênnement est stupide, mécanique, sans âme, sans empathie, sans tact, son action est toujours la même sans réflexion. En l’utilisant, le cavalier se décharge sur lui d’un travail essentiel de déconstruction et de reconstruction. En plus, il se prive d’une meilleure connaissance de son propre cheval, de l’épanouissement de la relation tactile qui doit se développer grâce à ce travail minutieux et émotionnel, du développement de ses propres compétences équestres.
Je sais que je parais très extrémiste. Alors pour essayer de nuancer ce propos, je vous dirais aussi que certains outils, entre les mains d’experts, dans un but précis et très ponctuel, peuvent avoir un intérêt. Mais que pour cela il faut être un cavalier accompli, avoir une excellente connaissance de la biomécanique du cheval, des mécanismes de l’enrênnement et des effets produits et un véritable diagnostic de l’animal sur lequel on veut en faire usage. Il s’agit alors d’un usage quasi chirugical parfaitement maitrisé qui vient juste s’ajouter au travail technique du cavalier.
Les enseignants actuels sont en majorité déjà incapables de travailler correctement un cheval, sans artifice, ils sont de piètres pédagogues, ils n’ont jamais eux-mêmes reçu l’enseignement technique nécessaire pour comprendre et maitriser les outils qu’ils emploient. Quelle transmission peuvent-ils alors en faire à leurs élèves ? Si les cavaliers ne savent pas quoi mettre en œuvre techniquement pour répondre aux problématiques de leurs chevaux, comment croire alors un instant qu’ils maitrisent des outils aussi puissants que les enrênnement, les éperons, les mors à effets… ? Tous ces outils ne doivent pas être utilisés à la place d’une compétence équestre manquante. C’est inadapté pour les chevaux et ça leur fait plus de mal que de bien.
Au lieu d’utiliser un enrênnement : mettez de côté vos envies équestres personnelles et rééduquez votre cheval avant de l’utiliser. Approfondissez votre technique. Même si vous ne pensez pas avoir le bagage suffisant pour gérer le problème qui se pose à vous, vous serez toujours un bien meilleur cavalier en laissant aller votre cheval librement et en testant durablement différent exercices rééducatifs.
Plutôt que de chercher quel enrênnement choisir, cherchez un vrai cavalier ou un bon enseignant qui vous proposera des solutions équestres durables, un vrai programme d’exercices. Ignorez le regard critique des autres, qui vous jugent sur un instant et sur l’apparence car ce que vous faites est un travail à long terme dont les résultats ne seront pas visibles avant des mois. S’ils ignorent cela, c’est qu’ils sont eux-mêmes incompétents sur ce sujet et ils ne vous seront d’aucune utilité.
Quelque soit le problème d’un cheval, et dans le mesure où sa santé lui permet d’être travaillé, tout est possible par le seule technique équestre et c’est le meilleur moyen de faire les choses correctement. C’est donc au cavalier à élever son niveau de compétences. Et quand je parle de technique, j'y inclue le tact, l'intelligence relationnel, le respect, l'écoute, la connaissance éthologique au sens noble...