Du poney club à chez marcus ehning

Cette journée là je ruminerais cette scène sans arrêt.
Je me confiais à mon petit cahier qui me suivais partout, ce soir là. Je peux aujourd'hui y relire :

" Arrêt annoncé chez Ehning, lui dire en personne jeudi. Je suis persuadée que c'est la bonne solution. Tournant de l'histoire : Gérer ma vie et ne plus me retrouver dans des états comme ce soir pour servir l'intérêt d'un autre. Me retrouver dans cet état de fatigue pourquoi ? pour 1000 euros ? NON !!! Pour les concours, pour l'équitation ? Non... Ne plus accepter ça, continuer à apprendre oui mais ne plus subir."

(Deux ans plus tard jour pour jour, je ne saurai toujours vous dire si j'ai eu raison ou tort, si j'ai été faible ou forte, courageuse ou lâche.
Quoi qu'il en soit je ne suis pas amère de cette décision, certains me disent "tu ne l'es pas encore". Optimisme quand tu nous tiens... )

A cette époque là mon père était en tout cas beaucoup plus réservé quant à ma décision, moi j'étais ultra déterminée. Ses mots n'y feront rien et j'annoncerai mon arrêt à Ehning quelques jours plus tard.
Nous étions en fin de journée et nous étions tous restés pour regarder le talentueux cavalier enchaîner avant son départ en compétition pour deux semaines consécutives.
Pied à terre je l'ai saisi en vol pour lui annoncer que je ne continuerai pas.
Il m'a regardé attentif et m'a simplement demandé pourquoi.
Je lui ai répondu que ma famille me manquait...

Si j'avais des doutes quant à ma lâcheté jusque là, cette justification-ci était d'une honteuse bassesse.

(Et deux ans plus tard, cela me reste encore en travers de la gorge. Je suis déçue de ne pas avoir pris la parole le jour où on me l'a donné. )

Le célèbre cavalier n'a pas eu le moindre signe de réaction, a acquiescé , nous a remercié tous avant de disparaître pour les 15 prochains jours. Moi ce sera la dernière fois que je le vois en chair et en os.

En rentrant chez moi je me suis senti apaisée. J'avais annoncé à Yann quelques jours plus tôt mon souhait d'arrêter là, ce dernier avait tenté de me rassurer, de m'affirmer que ce ne sont que les premiers mois qui sont difficiles et qu'ensuite on trouve sa place, s'entoure d'amis...Il avait été doux et gentil avec moi. Mais mes envies de changement avaient eu raison de ses paroles rassurantes.

Je me souviens que nous nous asseyions dans la voiture et discutions après le travail, cela semblait lui faire plaisir et à moi aussi.

Je suis admirative de ce garçon, d'avoir réussi là où moi je n'ai pas su.

lofocore

Je comprends que tu regrettes de ne pas avoir saisi l’opportunité de lui donner les vraies raisons de ton départ. En revanche, tu sembles faire un constat d’échec sur le fait que tu n’aies pas eu le même choix que ce garçon : rester.

Qu’attendais-tu de cette expérience ? Répondait-elle à tes attentes ?

Qu’attendais-tu de ce cavalier que tu admires tant ? A-t-il répondu à tes attentes ? En dehors de son palmarès professionnel et de l'admiration qu'il suscite en toi, son attitude t’apparait-elle comme un exemple à suivre ?

La situation que tu vivais était-elle épanouissante pour toi ? T’apportait-elle de la joie ou de la souffrance ?

Si l’expérience n’a pas répondu à tes attentes, si ce cavalier ne l’a pas fait non plus, si la situation t’apportait plus de doutes et de souffrance que de satisfaction, alors ton choix de partir était le plus judicieux pour toi et c’est une réussite que d’avoir écouté ton âme. Peu de gens en sont capables et préfèrent sauver les apparences en faisant semblant.

Si l’expérience répondait à tes attentes, que ce cavalier apportait des réponses à tes questions et que tout n’était qu’accomplissement et bonheur, alors tu as fait une grosse bêtise !

Pour moi, l’accomplissement personnel et professionnel ne se font pas dans le sacrifice et la souffrance. Les difficultés, les efforts ne sont pas vécus comme tels, au moment où on y est confronté, lorsqu’on aime ce que l’on fait, lorsque c’est en cohérence avec ses convictions. C’est après coup qu’on mesure son investissement hors normes et encore, si on est en total accord avec soi-même, je pense que tout nous parait normal.

super récit j'adore.
et je pense que tu n'es pas nulle loin de là. Tu as été prise chez Ehning et avant ça tu sortais classée en CSI ladies donc il y a au moins 135. Dc moi perso j'aimerais être nulle comme toi dans ce cas!

j'attends avec impatience la suite de l'histoire

Je suis ton histoire, d'autant plus que je suis "à l'école" Jean D'Orgeix puisque c'est ce que je travaille et apprend à ma jeune jument.
Ton récit est vraiment agréable à lire
Je n'imaginais pas M.Ehning si distant en réalité, quelques conseils dans le manège ne lui auraient pas coûté grand chose... Sans doute prend-il une certaine distance vis à vis de ses cavaliers à cause de ce va et vient quasi continuel de ses employés?
Et je me pose aussi la même question que couagga à savoir pourquoi ne pas lui avoir dit la vraie raison de ton départ?

"Je suis admirative de ce garçon, d'avoir réussi là où moi je n'ai pas su."
Très franchement je pense que parler d'échec n'est pas approprié dans ton cas, tu n'as pas été congédiée? Tu es partie car l'idée que tu t'étais faite de ce job n'est pas en corrélation avec la réalité. Je trouve que c'est être honnête avec soi-même que de quitter une situation qui ne nous convient pas.

J'avais entendu parler de l'abattoir au milieu des écuries, c'est quand même hyper glauque J'aurais eu du mal perso.

Bref, vivement la suite

Hello à tous et à toutes

couagga
J'ai toujours été drivé par le fait de suivre un mentor, j'ai beaucoup idéalisé les cavaliers pour qui j'ai travaillé. C'était un peu puéril avec le recul je crois...

Cette expérience n'a pas répondu à mes attentes et les précédentes non plus, cette espèce de frustration, d'insuffisance me colle à la peau. C'est un peu comme un hamster qui court dans sa roue de plus en plus vite, je suis peut être une éternelle insatisfaite je crois qu'il est important de déterminer ses valeurs profondes et se poser la question de savoir si ce que nous faisons est en accord avec ce que nous sommes.

Je crois que j'ai mis sur pied d'estale des personnes qui ne voulaient pas forcément avoir cette position envers moi, j'avais beaucoup d'attente envers eux alors qu'eux ne me devaient rien, et ne m'avaient rien promis ! Je m'en rend compte maintenant.

ugotte Merci :), les petites ladys 1* commencent à 120, j'hésitais à te le dire pour ne pas que mon mythe s'écroule !! ^^

elegancepure Je ne veux pas véhiculer l'idée que Ehning soit froid, mais j'écris les choses comme je les ai vécu dans mon contexte :)
Pourquoi je n'ai pas dit la vérité à ce moment là ? j'ai tout simplement manqué de franchise :( c'est ce que je regrette le plus aujourd'hui.
Ca peut paraître bête pour l’abattoir mais j'ai encore en souvenir une petite vache blonde qui attendait dans le corral son triste sort. Moi je mouillais le foin des chevaux comme chaque soir, les animaux n'avaient à ma connaissance ni eau,ni nourriture dans cette espèce d'anti-chambre de la mort. Je lui ai proposé une petite poignée de foin, qu'elle n'a pas saisi. Je ne lisais pas la peur ou l'angoisse dans son regard, elle semblait tout simplement attendre là.
Moi je l'observais et j'ai pris conscience que j'étais du bon côté de la barrière, du côté où je peux orienter mes choix, et influencer ce qui m'arrive.
Ca m'a fait drôle au cœur et puis je suis rentrée chez moi, le lendemain la jolie blonde n'était plus.

Des nouvelles pour la suite ?

Bonjour rinkui :)

Ta relance me replonge dans tous ces souvenirs, ça m'émeut toujours un peu ^^

Suite à mon annonce j'ai terminé la période sur laquelle je m'étais engagée auprès de l'équipe.
J'étais plus apaisée et j'avais des rêves de grandeur, que tout m'était possible, ce sentiment d'avoir du pouvoir sur la suite.Je me suis sentie responsable de ce qui allait m'arriver, mes futurs échecs comme mes futures réussites et j'assumais cela à 200 %.

Le dernier jour j'ai apporté un éclair au chocolat à Yann, il m'avait confié que la boulangerie et pâtisserie françaises étaient ce qui lui manquait le plus en Allemagne. Il l'a mangé en deux bouchées et ça m'a fait plaisir de lui faire plaisir.
C'est Stéphane, mon conjoint qui me rejoignait de Lille qui me l'a rapporté pour que je puisse l'offrir au jeune cavalier.

Pour notre dernier conversation Yann semblait un peu déçu de mon départ. Il me confiait qu'il trouvait cela dommage, qu'il pensait qu'on aurait pu faire du bon travail tous ensemble. Ça m'a un peu réchauffé le cœur de voir que ma décision d'arrêter suscitait une petite réaction chez lui.
Sarah avait eu l'air contrariée quant à elle à l'annonce de mon arrêt.
Contrariée de ce turn-over omniprésent dans les écuries. De ce manque de stabilité des personnes qui viennent et vont, je me consolais de cette réaction inattendue en me persuadant que si mon départ l'embêtait, c'est qu'elle devait m'apprécier.

Dès le lendemain de mon arrêt chez Ehning, Stéphane et moi nous sommes hâtés de plier bagage, d’empaqueter toutes mes affaires.En 24h chrono, j'avais quitté mon spacieux appartement de 70 m² de Borken et fait la route jusque dans l'ouest parisien. J'assumais entièrement ma décision et me sentais presque courageuse et sûre de moi de faire preuve d'autant de détermination dans mes choix. En y repensant, toute cette hâte masquait peut être un petit goût amer de loupé.

Je suis arrivée tard chez mes parents, dont j'avais prévenu mon arrivée. Ma mère m'attendait à la cuisine, tendre comme toutes les mères du monde. Mon père quant à lui s'en était allé dormir. J'ai trouvé cela étrange.
Le lendemain il me dit que j'avais tout gâché. C'était un peu dur sur le coup.
Avec le recul, j'imagine que c'est sa déception pour moi qu'il exprimait. Je crois qu'il avait aussi de la peine, de voir que sa petite fille n'était pas parvenue à ses objectifs dont elle rêvait tant. Elle avait pourtant sincèrement essayé.

Moi j'encaissais cette tristesse frustrée en me persuadant que ce choix avait était le bon, à partir du moment où je décidais de le mener jusqu'au bout.

C'est ainsi que se termine mon expérience chez Ehning, et ca été extra ! :)

lofocore et aujourd'hui comment va tu ? tu te dit que c'était un bon choix d'avoir arrêter ? tu as trouver autre chose ?

lofocore Merci d'avoir répondu si vite :)
Où en es tu maintenant ? Fais tu quelque chose qui n'a rien à voir ?

Hello Rinkui, Hello moon-raker51 ^^

Ca va bien oui !

Après mon passage en Allemagne j'ai un peu vadrouillé, je suis partie plusieurs mois aux USA comme cavalière maison.

En rentrant j'ai essayé de me trouver une place à responsabilité, pour participer au développement de centre équestre à l'étranger.
Les entretiens que j'ai obtenu ne me disaient pas tellement au niveau des destinations, je n'ai donc pas donné suite à ces pistes.
Mon conjoint quant à lui accumulait les expériences entrepreneuriales et ma nouvelle vision pour mon parcours professionnel m'a attiré aussi vers cette voie.

La transition était un peu difficile mais je prend de plus en plus confiance en moi. C'est une expérience très enrichissante, je rencontre beaucoup de professionnels renommés dans des endroits incroyables. L'équitation me manque un peu parfois je l'avoue, faute de moyen et de temps je ne peux me reprendre un cheval de concours. Mais je ne troquerai absolument pas ma nouvelle situation !

J'ai un carnet remplis de choses que j'aimerai faire et voir dans ma vie et je les réalise petit à petit :)

lofocore C'est vraiment bien que tu aies trouvé ton équilibre :) Tu est dans quel domaine exactement ? (si ce n'est pas indiscret)

rinkui Je travaille avec mon conjoint sur un projet entrepreneurial commun.
Le développement de nouveaux produits pour la santé du cheval :)

Nous développons un outil d'aide au diagnostic pour les vétérinaires équins.

lofocore c'est trop bien ! Tu es tout de même restée dans le monde du cheval :)