On t'a dit, déjà, de très bonnes choses.
Je ne suis pas le genre de fille très bien dans mon corps, très bien dans ma tête, très bien dans ma peau. Et l'équitation soulève mon manque de confiance en moi comme peut-être jamais un autre sport ne pourrait le faire mieux (dans mon cas).
Je commence par m'arrêter là.
Le cheval, c'est un miroir, tu le sais probablement. L'équitation aussi, dans un sens ! On ne peut pas y tricher, on s'expose nu(e) avec le cheval... Et parfois, tout ce que que tu arrives très bien à contenir dans le reste de ta vie ressort là.
Je te dis ça parce que dès que quelque chose ne va pas dans mes journées, ou dans ma vie en général, ma relation avec les chevaux se dégrade, et mon équitation aussi.
Peut être n'es-tu pas aussi "bien dans ton corps, dans ta peau, dans ta tête" que ça. Je ne veux pas te juger, je ne veux pas non plus que tu nous expliques tout ça en public, mais demande toi si tu as autre chose à sortir.
Tu as 17 ans, en théorie tu as fini ta puberté... Et si tu l'as terminée tu as passé cette période "gauche" où on ne sait plus trop quoi faire des différentes parties de son corps. Parfois on met beaucoup de temps à s'adapter, personnellement j'ai eu une période où je ne maîtrisais pas bien mon corps, où j'étais tout le temps maladroite... Forcément en équitation ça n'était pas le top. C'était entre 15 et 18 pour moi (après ma puberté...).
Je me trouve nulle, nulle et re-nulle. Voilà. C'est ce que je pense de moi et j'essaie de me forcer à m'en foutre de mes erreurs (d'en apprendre sans m'attarder dessus) mais non j'y arrive pas. Je suis nulle, je ne sais pas monter, voilà. Ma monitrice en a certainement marre de voir tous ses efforts qui ne paient pas car je ne progresse pas.
Personne n'est nul, et, surtout, personne ne mérite de se traiter soi-même de nul. Tu n'es pas nulle. La bienveillance envers soi-même n'est pas facile à atteindre mais elle ne te fera que du bien lorsque tu y arriveras.
Attarde toi sur tes succès ! Attarde toi sur le plaisir que tu ressens avec les chevaux. Pas seulement dessus, mais aussi avec.
Ta monitrice... C'est son travail de faire apprendre. Si tu as un bon contact avec elle, tu peux aller lui demander si elle en a marre : personnellement je pense que si un jour elle en a marre des élèves, il faut qu'elle change de métier...
Tu crois qu'une institutrice de CP en a marre de ces petiots qui n'arrivent pas à apprendre à lire ?
Je ne sors pas du cours avec le sourire, je sors du cours avec de la haine envers moi et de l'envie envers ceux qui y arrivent si bien, ceux à qui l'on jette des fleurs car wow, ils ont un emploi des aides si précis naturellement, ils ont tant progressé, tant grimpé en si peu de temps, ils ont le bon sentiment d'un bon cavalier qui sait quoi faire quand son cheval fait ci et ça, wow, wow, wow. Et moi. "Non mais c'est pas de ta faute, faut pas te dire que t'es nulle, toi aussi un jour tu vas progresser, c'est normal, tu n'as pas le niveau d'une galop 7, tu n'es que galop 4, tu apprends...." etc, comme ma monitrice me rassure. Mais en fait ça me rabaisse également plus qu'autre chose mais elle ne le sait pas. Si je "ne suis qu'une galop 4 et que j'apprends", alors pourquoi tous ils y arrivent, pourquoi tous ils progressent tous les mois et moi je stagne ou régresse, pourquoi ? Je dois être un poids pour elle.
Quand je te lis j'ai sérieusement envie de te faire un câlin de réconfort.
Tu es très dure avec toi-même non ? Je ne peux pas te comparer avec tes camarades de cours mais je suis sûre qu'eux aussi ont des difficultés à cheval, que tu ne vois peut être pas. Et sûrement même qu'il y a quelque chose que tu fais ou sais mieux qu'eux...
Par exemple, j'ai toujours été une grande lectrice, je dévorais tous les bouquins et les magazines sur les chevaux que je pouvais trouver. Alors certes je n'étais pas souvent dans les meilleurs de mon cours, mais par contre j'ai souvent été celle qui maîtrise le mieux la théorie, y compris dans les différentes disciplines...
Je suis incapable d'accorder mes aides, de faire des choses différentes avec ces dernières en même temps, incapable d'avoir une bonne position en équilibre au galop, et ne parlons pas de celles du saut (d'autant plus ma manie de lever la tête à m'en casser les cervicales sans m'en rendre compte ce qui est relativement ridicule et qui "fait rire" donc certaines personnes).
Tu veux que je te dise ? Moi j'ai un niveau galop 6 en dressage, et je ne sais toujours pas trouver une bonne position en équilibre à l'obstacle. Je l'ai su il y a quelques années. Aujourd'hui, je suis sûre que tu me bats sur un parcours d'obstacles

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L'accord des aides sera un travail de longue haleine, et tu auras toujours l'impression de ne pas y arriver :
plus on progresse, plus on est exigeant (j'y reviendrais plus tard).
Pour l'instant, je te conseillerai d'abord de voir si tu es suffisamment détendue à cheval. Plus tu te mets la pression, moins tu y arrives...
Je suis incapable d'enchaîner dix obstacles. Car je suis également incapable de retenir un parcours d'obstacle, prepa 50 club 4 ou club 3. Une fois sur le parcours, je regarde même pas mes obstacles, et je fais n'importe quoi, même pas capable d'aller sur l'obstacle qui suit alors qu'il est limite sur la même ligne que celui d'avant, car je retiens pas mon parcours et que j'ai pas regardé en face de moi.
Ce que ça dit de toi, à mon avis, c'est que tu es mangée par le stress...
C'est mon troisième concours et troisième fois que je rate, troisième fois que je me ridiculise et m'enfonce bien, troisième fois que je rentre chez moi le moral à 0. Je ne prends plus de plaisir en fait. Pourtant j'adore monter, j'adore ce sentiment de réussir quelque chose mais vous savez, quand vous ne réussissez jamais, vous finissez peut-être à perdre goût à la chose que vous aimez pourtant le plus. Quand je rentre, j'ai juste envie de monter le lendemain pour me rattraper. Mais une fois dessus, je ne me rattrape pas, c'est pareil ou même pire, et je ne prends donc pas de plaisir. Et j'en ai vraiment marre, je n'arrive pas à me dire que ce n'est qu'un passe-temps et que cela ne doit pas jouer autant négativement sur moi-même, mais j'en suis incapable, je suis trop faible, je le prends trop à coeur, j'ai mal, j'ai mal de voir ces gens réussir et s'éclater, mal de me voir pleurer et échouer, mal de ne pas y arriver. Parfois je me demande même pourquoi je suis moi, pourquoi je ne suis pas cette fille là qui a ce talent naturellement de ressentir les choses, ou ce gars qui a progressé si rapidement et si bien. Moi je suis celle qui galère et qui galère, (je ne dis pas que les autres n'ont pas galéré), qui n'y arrive pas et n'y arrive pas, et quand on recommencera, j'y arriverai toujours pas, et les autres réussiront, et les autres pourront progresser, et moi je serai là, à essayer de sortir du sable mouvant sans continuer à m'enfoncer encore plus.
Je suis certaine que tu as tes talents avec les chevaux. Parfois ça se découvre très tard.
Il a fallu attendre mes 21 ans pour que je sois fière de moi de temps en temps à cheval.
Et mes 23 ans pour que j'ai le sentiment d'être "douée". Puis le sentiment est parti (j'avais monté en niveau d’exigence !).
Je me compare trop aux autres, oui, sûrement. Mais même sans me comparer. Je fais trop d'erreurs. Je fais trop n'importe quoi. Je gâche peut-être même les poneys. Je me fous la honte à moi-même, j'ose y croire alors que c'est toujours la même issue. Je fais n'importe quoi. Quand je corrige un défaut en voilà 5 autres qui apparaissent.
Tu ne gâches pas les poneys. Ils sont là pour t'apprendre à monter, comme ta monitrice.
Tu sais pourquoi cinq autres défauts apparaissent ? C'est parce que tu deviens plus exigeante en progressant. Tu vois un truc, tu parviens à le corriger, mais le corriger ou te pencher dessus te fait te rendre compte d'autres choses qui étaient déjà là avant mais que tu ne pouvais pas voir !
Je ne sais pas si un jour je progresserai. Ce sera peut-être trop tard quand je commencerai enfin à améliorer, au moment où je devrais aller faire mes études et que je ne pourrais plus monter, en fait. Donc je me serai démenée pour rien. De toute manière, qu'on se le dise clairement, voilà, je suis nulle.
A la fin je vais te raconter mon histoire de cavalière, tu vas voir qu'au contraire, ce n'est pas trop tard et que parfois ça fait du bien de s'arrêter pour les études. Je suis devenue meilleure cavalière après un arrêt de deux ans.
Je suis vraiment désolée, je ne sais pas si ce sujet à sa place, mais voilà ce que ressent actuellement une cavalière en échec permanent, moi, qui n'inspire peut-être ici que de la négativité mais purée j'en ai marre. J'en peux plus. Et je sais ce que vous allez dire. Que je prends tout ça à coeur. Mais encore une fois je suis trop faible, je n'arrive pas à le prendre autrement... Je suis mal.
Je pense que l'équitation a pris une place dans ma vie trop importante.
Tu n'es pas faible, au contraire. Tu contiens un grand nombre d'émotions négatives et c'est courageux d'y faire face comme tu le fais.
Je ne sais pas si tout le monde est passé par ce genre de phase, mais moi oui. Je vais faire un double post pour ne pas poster trop long...