Bonjour
la polémique vient de l'usage détourné de l'outil. Comme cela a été dit. j'avoue que ça me fait plaisir de lire les premiers commentaires, je me dis que tout n'est peut-être pas perdu
La polémique vient souvent aussi de la confusion faite entre l'outil et son abus, parce que justement on en connait pas l'usage réel, donc on rejette en bloc.
Il faut je crois, distinguer aussi les éperons (et leur mode d'emploi) dans l'équitation de travail de ceux dans l'équitation de dressage.
Tout comme le mors et la cravache, il est très facile de mal employer ces objets. Pourtant, il est aussi tellement bien d'apprendre exactement leurs effets, à quoi ils devraient servir normalement, dans un usage raisonné et raisonnable et ensuite, courageusement et avec patience, apprendre à s'en servir dans les règles de l'art. Je dis courageusement parce que cet apprentissage implique la capacité du cavalier à s'interroger constamment sur lui même, s'améliorer, travailler sur lui avant tout chose, et non sur son cheval. Il lui faut prendre conscience précisément de sa façon de se tenir, de ses moindres gestes, de son équilibre, de son état d'esprit, de sa responsabilité. Il doit impérativement travailler à se maîtriser, à s'affiner sans relâche, corps comme esprit, afin de ne jamais céder à l'énervement, l'impatience, l'excès, la fierté, l'autoritarisme, l'indifférence...
Je ne parlerais que de l'équitation classique. L'éperon a effectivement un rôle d'abaisseur des hanches en allant chatouiller les abdominaux du cheval. Son emploi nécessite que le cavalier est acquis une jambe fixe. Donc on peut imaginer que ce cavalier n'est plus débutant et qu'il maîtrise à minima son assiette, son équilibre, l'indépendance de ses aides.
La mise à l'éperon du cheval nécessite une éducation particulière. Comme on le fait pour la selle, le mors, le cavalier avec un jeune cheval.
Il faut lui apprendre à ne pas avoir peur de ce contact particulier sur son flanc. Et cet apprentissage se déroule à l'arrêt. On apprend au cheval à ne pas fuir la jambe lorsqu'il sent la touche de l'éperon. Car il s'agit de toucher et non de talonner. Il lui explique donc qu'il faut rester arrêter lorsqu'il sent l'éperon. La touche de l'éperon venant chatouiller le flanc, le cheval va donc contracter ses abdos. On le récompense pour cela, en cessant la touche et en le félicitant.
Le cavalier armé d'éperon ne demande donc pas la mise en avant avec ses talons. Son bas de jambe est fixe, contrôlée et éloignée du flanc.
Le cheval mis à l'éperon n'accélère pas à la touche de celui-ci. Lorsqu'il est au pas, au trot, au galop, la touche de l'éperon lui fait contracter les abdominaux, donc abaisser les hanches. C'est une aide à l'engagement, au rassembler et à l'effet d'ensemble. C'est tout aussi utile sur le plat qu'en saut, lorsqu'il faut que le cheval se ramasse sous lui pour projeter sa masse verticalement.
Qui sait cela ?
Qui enseigne cela ?
En utilisant l'éperon pour renforcer sa jambe (on dit « affiner » pour s'éviter d'affronter la réalité et se donner bonne conscience), pour faire « respecter » sa jambe, pour résoudre un problème d'impulsion, on s'égare et c'est un emploi inapproprié de l'outil. Si cela n'avait aucune conséquence sur le cheval et le cavalier, on ne s'en offenserait pas. Le problème est que dans ces cas, le cavalier ne résout pas l'inefficacité de ses aides et le cheval s'endurcira aux aides de jambes. Si le cheval devient au contraire trop émotif à la jambe, on ira donc lui mettre un mors à effets pour remettre du frein devant. Dans ce cas non plus, le cavalier ne progressera plus dans l'affinement des ses aides de mains et la bouche du cheval s'endurcira...
la facilité et le détournement nuisent à l'apprentissage du cavalier et à l'intégrité du cheval, en plus de jeter dans l'oubli une équitation classique fine et respectueuse.