@spiritdancer est ce que vous vous demandez pourquoi ce sont de vrais chieurs ? Peut être justement qu'ils ne se considèrent pas à leur place et qu'ils cherchent à le faire comprendre à leur manière sûrement, je ne peux pas leurs trouver une excuse mais simplement au moins essayer de les tirer vers le haut en leur donnant les moyens et non en les fondant dans la masse
Sans rire ?
Et vous croyez qu'on fait quoi au quotidien ?
Les gens qui pondent les programmes n'ont pas vu un élève de près depuis 1872, les volumes horaires fondent comme neige au soleil avec des exigences, en termes de connaissances, toujours plus élevées. Les parents forcent le passage au lycée et dans les classes supérieures.
Et nous, on gère au quotidien des masses, effectivement, de 35 élèves. En faisant la grand écart entre la nécessité d'avancer dans les programmes (ben oui, ils sont dans chaque classe le fondement des notions à acquérir dans la classe suivante), de diversifier les enseignements (j'ai 4 premières à 35 cette année, je n'ai aucune heure dédoublée : je fais comment pour mettre en oeuvre un travail en îlot par exemple ? Sur ces 1ères, j'ai 2 ES pour lesquelles je n'ai jamais 2h consécutives : comment je les mets en situation de gestion du temps pour la composition ?), les préparer aux épreuves du bac tout en faisant en sorte de n'en laisser aucun sur le bord du chemin (ce qui, dans de telles conditions, est juste mission impossible!).
Tiens, petite anecdote du jour... Cette semaine, en seconde, je raconte la bataille d'Azincourt, schéma et extrait du film de Branagh à l'appui. Ce n'est pas au programme. C'est juste 10mn de détente, d'histoire de chevalerie que je conte, juste pour le plaisir de voir le Moyen-Age différemment des conneries qu'impose le programme. Les mômes sont à fond, on se marre. Et puis K. m'interrompt.
"Madame, j'ai une question à vous poser !"
"Oui, vas-y !"
"Mais, cela n'a rien à voir avec le cours !" (Aïe pense le prof qui sait de quoi K. est capable)
"Ce n'est pas grave, vas y !"
"Ici, on dit que c'est le pompon sur la Garonne, mais à Paris, ils disent quoi ? Parce que la Garonne, ils ne connaissent pas ! Ils disent le pompon sur la Seine ?"
Ben, voilà, K. aussi, il faut que je l'amène le plus loin possible en tenant compte de ses difficultés. Et en plus, il faut que j'engueule les autres qui se foutent d'elle (en plus, ils n'en peuvent plus qu'elle foute le bazar dans tous les cours !). Et cette gamine, elle souffre, c'est clair. Et pour s'exprimer, elle n'arrête pas de l'ouvrir. Chacune de ses interventions est similaire à celle que je viens de rapporter. Ne t'inquiète pas, je l'ai compris! Je fais au mieux, mais, dans un groupe classe à 31, cela va être compliqué quand même.
Il ne faut pas croire qu'on fait ce métier par haine des gosses... Ce n'est pas tout à fait le pré-requis, le postulat de base quand on choisit cette fois.
En revanche, on devient lucide avec le temps et on accepte l'idée qu'on ne pourra pas toujours faire des miracles et qu'on puisse être très impuissant. On ne lâche pas, mais on perd un peu la foi dans le système. J'ai bien écrit "perdre la foi DANS LE SYSTEME". Qu'on ne vienne pas me dire que je prends mon pied à humilier et priver d'avenir des gosses.