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Projet pro, l'annoncer à ces parents ?
Posté le 16/10/2018 à 09h39
Je suis avec intérêt ce post, qui me rappelle mes "jeunes années", et je viens partager mon expérience avec toi car je suis un peu des deux côtés de la barrière : parce que j'ai vécu une expérience similaire quand j'avais ton âge (enfin, un peu moins), et parce que je suis aujourd'hui maman d'un jeune homme pour qui la question de l'orientation se pose...
A 17 ans, j'étais une brillante élève de terminale, avec un avenir "tout tracé" vers des études supérieures. Mes parents étaient fiers de cette réussite, et sans doute rassurés. Moi je me sentais de plus en plus en mal en cours, ça devenait insupportable, avec le recul je pense que j'ai du faire une espèce de petite dépression... le seul endroit où je me sentais bien, c'est mon centre équestre. Je passe sur les épisodes, mais après quelques mois j'ai annoncé à mes parents que je voulais arrêter le lycée et préparer mon monitorat (à l'époque, c'était le BEES). ça a été un coup de massue pour eux, comme les tiens ils avaient peur pour mon avenir, ils craignaient un métier précaire, difficile... Mais j'ai tenu bon, je leur ai montré ma détermination, ma motivation, et ils ont fini par choisir de me faire confiance. Je ne les remercierai jamais assez, car cette expérience m'a donné de la force pour toute ma vie.
Je suis d'abord restée un an dans mon centre équestre où j'étais logée et formée (mais pas payée) en échange de mon travail aux écuries, ce qui m'a permis de me mettre à niveau pour entrer en formation, et aussi de tester ma motivation. C'est une chose d'aller monter 2, 3 ou même 5 fois par semaine dans un club, c'en est une autre de se lever tous les jours à 6h, dans le froid, la boue, sous la pluie, pour aller nourrir les chevaux, les sortir, se casser le dos à faire les box, en espérant au mieux trouver le temps et le courage de monter 1/2h en fin de journée... Je ne dis pas ça pour te décourager, mais parce que c'est la réalité de ce métier, et qu'il faut la connaître et l'assumer avant de se lancer.
Moi j'ai tenu bon, et j'ai ensuite enchaîné sur deux années de formation, puis j'ai passé mon BE. Pendant ces deux années, j'ai beaucoup, beaucoup travaillé (pendant la deuxième année, je n'ai pas pris 1 seul jour de congé!), j'ai accumulé beaucoup d'expérience, croisé beaucoup de chevaux, touché à toutes les disciplines, fait de la compet, c'était vraiment deux années intenses. Mes parents m'ont soutenue financièrement pendant ma formation, sinon je n'y serais pas arrivée.
Ensuite, avec mon diplôme, j'ai commencé à bosser dans des clubs... Les conditions de travail n'étaient pas toujours top (souvent pas déclarée, pas à temps complet, petit salaire et galère financière) mais j'aimais mon boulot. Et puis petit à petit je me suis rendue compte que je n'avais plus le temps ni les moyens de monter à cheval, que je passais des heures debout au milieu d'une carrière à apprendre à des débutants à trotter enlevé et que je ne m'amusais plus. Alors après quelques années, j'ai décidé de reprendre des études, tout en continuant de travailler. L'avantage du milieu équestre, c'est que je pouvais bosser le week end et toutes les vacances scolaires, et aller à la fac le reste du temps! Je ne roulais pas sur l'or, loin de là, mais j'ai réussi à financer mes études comme ça : d'abord un équivalent du bac en candidat libre, puis licence, maîtrise, et enfin j'ai décidé de passer des concours et je suis devenue prof.
Pendant des années, j'ai arrêté de monter car ayant été professionnelle, je n'arrivais pas à me voir en simple "amateur"... J'ai eu des enfants, et quand ma fille a eu 8 ou 9 ans, elle a eu envie de faire de l'équitation : grâce à elle j'ai renoué avec les chevaux.
Parallèlement, j'ai continué à me former au grès de mes envies, et à 46 ans je viens de passer un nouveau Master et de me réorienter professionnellement... ça n'est jamais fini!
Ce que je peux dire, c'est que le fait d'avoir eu une passion quand j'étais jeune, et d'avoir été au bout de cette passion, m'a donné beaucoup de force dans tout ce que j'ai pu faire dans ma vie ensuite. ça m'a donné la conviction que rien n'est jamais figé, que quand on se fixe des objectifs, aussi fous qu'ils puissent paraître, si on y met tout son coeur, on peut les atteindre, que rien n'est impossible.
Aujourd'hui, je suis maman de deux enfants, dont un grand garçon qui a l'âge que j'avais quand j'ai arrêté le lycée : il s'intéresse à des domaines qui ne sont pas très "rassurant" pour un parent, l'art et le théâtre notamment. Mais s'il décide de se lancer là dedans, je testerai sa motivation, je lui montrerai toutes les difficultés qui l'attendent, je lui demanderai de me prouver sa volonté et sa détermination, et si je le sens vraiment prêt alors je le soutiendrai, car je pense que ce genre d'expérience forme l'individu en lui apprenant à se battre pour ses convictions et ses objectifs, ce qui est une "assurance-vie" largement aussi utile qu'un diplôme.
Réfléchis sur tes motivations, teste les en "grandeur réelle" (par exemple, trouve un club pour travailler pendant tes vacances scolaires) et si tu es toujours décidée, essaye de te fixer des objectifs réalistes et présente à tes parents un projet professionnel qui tient la route... s'ils voient que tu persévères et que tu t'accroches, cela les aidera peut-être à décider de te soutenir.
Bon courage!