Il faut que cela cesse ! Drive, Facebook et Cie :)

elea2008

Lui je ne sais pas, mais moi j'ai déjà utilisé trop souvent la cravacher dans mon cours.
Je me sentais démunie et cela a générée un sentiment d'impuissance puis de colère.

La prof me l'a dit. Après un moment de gêne intense ( "mais je suis en train de faire quoi là") j'ai fait sans cravacher pendant un an , en mettant mon cheval en pension travail pendant un an. Ça va mieux
Mais la prof m'a avoué qu'elle n'aurait pas osé le dire à tout le monde, et qu'elle me l'a dit parce qu'elle savait que je voulais être attentive à ça et que je ne l'aurais pas mal pris.
Mon attitude m'a fait honte mais j'ai été très gênée également de savoir qu'en fait elle n'aurait pas forcément fait la remarque à d'autre.
Puis je me suis rappelé que d'autres profs, à mot couvert , me l'avais déjà dit une fois ou deux, et que la remarque ne m'avait pas interpellée, j'avais occulté ce que ça signifiait .
Alors maintenant je pose la question dès que j'ai un doute. Et je pose régulièrement le stick . Histoire de vérifier si je fais de la merde .

Mais c'est un choix personnel et si je faisais volontairement de la merde , je ne sais pas si on me le dirait... et si j'étais toute seule, comment ça tournerait ?

argamelle La cavalière qui est dans plusieurs vidéos, accepte la maltraitance sans doute par pression du cavalier international et son aura.

Et souvent les petites maltraitances commencent des l’enseignement de l’équitation dans certains endroits, dans la même thématique, le moniteur/monitrice ont le savoir ....
Mais pas que

argamelle
En fait en te lisant j’ai eu un flash.
Quand j’étais jeune (une vingtaine d’année, donc il y a 30 ans), je travaillais dans une écurie de dressage de niveau moyen (national, quelques internationaux)
J’allais écrire qu’on y pratiquait la maltraitance institutionnalisée (chevaux en box, gavés de grains, etc.) mais qu’on ne les frappait pas.
Et puis je me suis souvenue d’un incident : je montais en concours un cheval qui voyageait très bien, mais qui ne voulait pas descendre d’un van en reculant. Il reculait sans problème monté, ou en main, mais sur un pont il faisait un blocage. On le transportait toujours en camion ou dans un van avec pont avant pour pouvoir le faire descendre en marche avant.
Un jour, suite à une panne, on s’est retrouvé à devoir le ramener aux écuries dans un van sans pont avant, et donc à devoir le débarquer par le pont arrière. Il aurait suffi je pense de sortir l’autre cheval, enlever le bas-flanc et on aurait pu lui faire faire demi-tour dans le van.
Mais mon coach avait décidé que c’était l’occasion de lui « apprendre » à descendre en marche arrière. L’apprentissage a consisté à lui taper sur la gueule et sur le poitrail pendant de très longues minutes jusqu’à ce qu’il cède d’épuisement, en eau, le poitrail marqué de boursoufflures.
Si j’assistais à ça aujourd’hui, je crois que je serais capable d’arracher les yeux du responsable.
À l’époque (et pourtant dieu sait que j’aimais ce cheval)? Et bien aussi effroyable que ça puisse me paraître aujourd’hui, je crois que je n’ai pas ressenti d’émotion particulière. Ça ne me plaisait pas, je trouvais ça dommage, mais il me semble que ça me paraissait normal, inévitable, parce que c’est comme ça que les choses m’étaient présentées. Pourtant à mes débuts j’ai eu la chance d’avoir eu des formateurs plutôt respectueux des chevaux (pour l’époque), mais ça me m’a pas empêché de glisser vers cette normalisation de la violence, sans doute insidieusement et malgré moi, mais quand même.
Ça me fait froid dans le dos d’y penser, de penser à quel point dans de nombreux contextes, et même pour des êtres plutôt bienveillants par essence (c’est mon cas, et je pense que c’est le tien) la violence peut s’imposer comme un procédé acceptable, intégré en fait.

Edit : Cesar Parra a 8 ans de plus que moi. ça aurait pu être mon entraîneur. En repensant à cette anecdote chez mon ancien coach, et à d'autres qui me sont trevenues depuis (croupes cloquées par des coups de stick, par exemple), ce que je me demande, c'est si j'avais continué à travailler dans cette écurie de dressage, sous l'influence de mon coach (renommé et assez charismatique), est-ce que je serais devenue aujourd'hui un de ces cavaliers témoins, complices, acteurs de ces actes de violence?
ça me questionne vraiment.

Dans ce type de cas on est loin de l'amateur qui mettrait des coups de cravache par manque de moyen.
C'est le défaut de la compétition si on a vraiment un esprit de compétition : le résultat (rapide) prévaut sur le moyen, et ces personnes là ne donnent pas un coup de temps à autres (les photos le montrent), c'est hissé en méthode pour parvenir à ses fins - en faisant fi en chemin : de la sensibilité de l'animal, de son bien être, voire parfois de ses capacités (chevaux qu'on pousse au delà de leurs moyens. Ou qu'on infiltre pour arriver à performer...).

west95

Bien sûr que c'est un système et une méthode.
Mais ça ne réponds pas à la question de ce qui tranforme un débutant passionné et amoureux des chevaux en adepte de cette méthode.
L'esprit de compétition n'est pas, à mon sens, une réponse suffisante, dans la mesure où il peut s'exprimer aussi bien dans d'autres sports, où on ne dépend que de soi et où on n'a pas besoin de torturer un animal pour arriver à ses fins.

C'est une vraie question philosophique en réalité : comment, pourquoi la violence s'impose-t-elle à des humains normalement constitués si facilement comme une "méthode" possible justement. Et pas qu'en équitation.

Et bien je trouve justement que ça répond exactement à ton dernier paragraphe. Que ce soit ce que l'on peut s'imposer à soi même comme compétiteur (et à son corps), que ce soit un entraineur qui essaie de l'imposer; ou dans l'équitation l'un des deux ou les deux qui l'imposent à l'animal. Même schéma, même recherche de résultat (rapide).

Je pense que cela doit être insidieux. Si les profs enseignent/ cautionnent ce type de pratique, si en montant dans les catégories la personne voit tout le monde agir ainsi. Si tout le monde dit c'est comme cela qu'il faut faire. Et si on rajoute la compétition par dessus je pense qu'on peut arriver à ça.

argamelle qui a le courage d'avouer qu'il lui est arrivé une fois de passer sa rage sur son cheval a eu la chance d'avoir eu le bon prof qui a su lui parler sans la dénigrer, la dévaloriser mais expliquer. Mais si le prof va dans le sens. Ou dit c'est pas grave. Ou ne dit rien ?

Cela me fait penser à cette expérience américaine qui démontrait que les gens étaient majoritairement capables d'infliger de la douleur à autrui si une autorité (morale / scientifique) lui en donnait l'ordre.
La remise en cause n'est pas si évidente.
On nous enseigne à obéir. Il faut bien vivre en société. Mais il faut aussi savoir user de son sens critique à bon escient. Sens critique qui n'est pas inné et se façonne d'expériences et de réflexions.

Je pense qu’il y a une grosse part d’éducation. Beaucoup de jeunes enfants sont souvent très sensibles aux animaux et les traitent comme des êtres à part entière

globs Je ne crois pas du tout à cette thèse pour la compétition.
Lorsque la violence est utilisée comme méthode (et encore une fois : rien à voir avec passer ses nerfs - il y a pas besoin d'être énervé pour barrer un cheval, l'affamer volontairement ou le contraindre psychologiquement... C'est fait tout à fait rationnellement...), c'est parce que c'est quelque chose de facile qui donne effectivement le résultat voulu et rapidement.
La compétition en soi c'est l'optimisation du moyen selon les critères de la dite compétition pour maximiser le résultat. Si les critères de bien être / respect ne sont (comme c'est quasi toujours le cas) que des critères / limites à la marge / qui bornent un peu, mais qui ne conditionnent pas fortement le résultat, alors forcément le chemin le plus court (= le plus efficace) est utilisé (en soi c'est la même chose avec le dopage et on voit bien comment il gangrène le sport). Critères qui bien souvent ne valent ou ne sont contrôlés que pendant la compétition elle-même, et non l'entrainement (où là il ne faut mieux pas aller voir certaines écuries...).

cherchour je pense que ça a à voir oui, pas plus tard qu'hier, on était chez des amis pour un anniversaire, donc quelques autres gens et des gamins. Les amis en question ont eu des chiots il y a un mois environ, l'un d'eux a été adopté par une personne présente, avec un gamin d'environ 3 ans.
Les chiots, comme tout bébé animaux, jouent ensemble et se mordillent, et là le gamin de 3 ans commence à leur gueuler dessus et veut les taper pour qu'ils arrêtent... On lui a dit quelque chose à quoi il a fait la totale sourde oreille, avant d'entamer une escalade dangereuse de la palette qui fermait le coin parc des chiens, en nous disant en gros que nous on sait rien et que lui il peut y aller.
3 ans.
Les parents étaient en train de boire une bière en papotant, tranquillement, et trouvent ça totalement normal que leur fils agisse comme ça face à un comportement normal de bébé animal...
J'ai envie de dire que ça commence bien, mais c'est malheureusement souvent comme ça... On s'en fout on laisse faire et c'est l'animal qui trinque, si le chien se fait taper et qu'un jour il riposte, on pleurera le pauvre petit enfant roi et on fera euthanasier la mauvaise bête méchante et dangereuse...

tangram mais c'est tellement ça ...


(Dit celle qui, paraît il, mettait du sable dans les oreilles du chien et lui grimpait dessus )

Pour rajouter à tout le reste, sur lequel je n'ai rien à redire (bien au contraire !), je pense qu'il faut aussi se rappeler que pour certaines personnes, le cheval n'est qu'un outil. À partir de là, son bien-être n'a que peu d'intérêt, son fonctionnement comme espèce différente mais côtoyant la notre non plus... Ces chevaux, pour beaucoup, n'ont aucun lien avec leur cavalier. Il y a une ribambelle de gens qui font tout le boulot qui permet de créer une attache, une connaissance de la personnalité, et un (ou plusieurs) cavalier qui vient, monte dessus, bosse, descend, recommence avec un autre. Je me demande si certains savent encore seller leur cheval.
Comme avec un vélo, une moto, une planche de surf : l'entretien pour l'efficacité et car on ne veut pas racheter un truc super cher chaque mois, oui. Construire un lien, pour quoi faire ? C'est l'animal machine
On voit des gens a priori sympathique être en réalité maltraitants et violents avec des humains et/ou des animaux. Soit qu'ils n'ont pas la maturité émotionnelle nécessaire pour une interaction inter et/ou intra espèce, soit qu'ils s'en tapent. À partir du moment où, au sein d'une même espèce, on peut voir l'autre comme un outil, ça n'est pas difficile de laisser ce cheminement opérer vers d'autres espèces. Des bêtises avec nos animaux ou d'autres humains, on en fait tous, personne ne vient au monde avec le manuel du parfait cavalier/ami/propriétaire/parent... Mais là où certains vont essayer de combler leurs lacunes pour progresser, parfois en faisant des erreurs ou se laissant aller (on le voit par exemple avec des cavaliers qui passent leurs chevaux de sport au pré, alors que les boxes étaient la norme) d'autres vont se satisfaire des résultats et tant pis pour les moyens utilisés... Pour peu que l'environnement facilite ces comportements, de manière active ou par un silence complaisant, les résultats donnés par l'outil resteront plus importants que l'état de l'outil lui-même.
On a probablement tous déjà vu des parents ou moniteurs être incisifs voif agressifs quand un cavalier rate son tour, j'en ai déjà vu frapper des chevaux, empoigner des jambes de cavaliers avec énervement, quitte à faire mal, obliger à mettre un coup dans les dents à un cheval ou lui coller des coups de cravache... Il n'y a pas de miracle si on traite les élèves et les chevaux comme des esclaves. Pour peu que personne ne leur laisse jamais comprendre qu'il y a d'autres façons de faire, ils risquent de devenir, à leur tour, violents. Sans même le savoir. Pire encore s'ils y sont encouragés.

Après tout, casser un tournevis ça me ferait chier car j'en ai besoin, mais s'il est naze, j'en achèterai un de meilleure qualité et je jetterai l'ancien. Je vais pas chialer pour un tournevis. Et pour certains, les animaux sont comme des tournevis... Potentiellement en plus rigolo car ils montrent de la résistance et deviennent des "challenge".

Je comprends bien le principe de considérer le cheval comme un outil, mais pour la plupart d'entre nous nous avons commencé à fréquenter les chevaux jeunes.
Est-ce à dire que l'enfant considérait le cheval comme un outil également ou cela est venu par la suite ?

J'ai conscience qu'il n'y a peut-être ( sans doute) pas de réponse même partielle à ma question, mais approfondir m'intéresse. Même théoriquement .

Je voudrai comprendre au moins un peu à quel moment ça " merde " à ce point. 'Fin je veux dire, il a même pas l'air de se cacher spécialement, parfois il y a quelqu'un d'autre. Donc il ne voit même pas le problème... il n'a pas honte ni rien de ce genre.
Ça ne peut pas être une question de niveau. D'ailleurs c'est loin d'être le seul de ce niveau qui maltraite ses montures . Je pense à celle qui tasait ses chevaux, ou celle qui a finit atomisée par une ruade alors qu'elle frappait son cheval enrêné en longe ...

Alors c'est quoi ? Du plaisir à faire mal ?

comment on en arrive là ? Et quels gardes fou sont possibles pour ne pas finir cavalier olympique bourreau de ses chevaux ?

Sans même prendre en compte la spécificité du sport "animalier" (où la performance est lié à un duo avec une espèce différente), sur la violence : y a plein de situations quotidiennes du sport où des groupes d'ami(e)s ou au moins d'humains qui se respectent tout à fait, en viennent à se faire mal quasi intentionnellement pour le gain de la victoire (je ne parle pas des sports de combats). Des exemples tout bêtes, comme du foot, du basket, etc... même pas de bagarre, mais des gestes volontairement appuyés, dangereux, qui blessent l'autre (avec qui on s'entend bien) parce que sur le moment il faut gagner.
La compétition renferme souvent de la violence (plein de jeux sont des simulacres de guerre, ou une façon de détourner le besoin de force physique) mais y est aussi culturellement associée de manière implicite : nombre d'injonctions où il faut se surpasser, accepter de se faire mal pour aller + loin, se faire violence pour aller au delà de ses limites... etc...
Donc si les gardes fous ne sont pas là (rêgles / critères de succès / contrôles en compétition ET à l'entrainement), je ne suis pas du tout surpris de comportements maltraitants systémiques et volontaires.

argamelle je pense que les réponses sont multiples. Tout comme elles le sont quand on parme d'humains violents avec d'autres humains, il y a des grandes tendances mais elles sont tout de même plusieurs. Le manque de confiance, une éducation violente, un silence complaisant, des encouragements, être d'abord obligé de mal agir, trouver de la satisfaction dans la destruction de l'autre, le pouvoir, être embarqué dans son délire jusqu'à oublier les limites (qui n'a jamais eu des mots vraiment méchants ?), manquer de discernement... On ne comprenait pas non plus pourquoi/comment un homme comme Weinstein, qui avait tout (argent, notoriété, pouvoir, vie de luxe, prostitution...), pouvait être un violeur multirécidiviste. Puis on a découvert que c'était presque la norme dans son milieu : que tout le monde savait, qu'il y avait des réseaux de trafic, des listes rouges et que ça durait depuis des décennies. Et on est passé d'un milieu à un autre jusqu'à ce que l'affaire Weinstein ne soit que l'épicentre d'une immense déflagration où il y avait les victimes, les ignorants, les silencieux, les facilitateurs et, enfin, les bourreaux.
Sauf que les chevaux, faute de parole et d'accès à Internet, ça balance pas son porc. Si l'équitation est un aussi petit milieu qu'on le dit, je me demande combien sont ceux qui savent et se taisent... Et combien sont ceux qui espèrent ne pas être les prochains à tomber