couagga a écrit le 25/07/2024 à 21h29:
A titre perso, j'ai toujours pensé la compétition totalement incompatible avec l'équitation. J'espère qu'elle sera sortie des JO et que les concours finiront par être interdits tôt ou tard. Ce sont de très mauvais exemples.
Je ne suis pas de ton avis (mais ça tu le sais j'en suis sûre!). Je serais très triste, pire que ça même, que les sports équestres sortent des JO. Il s'agirait d'une perte dont on ne mesure pas, actuellement, l'importance.
Les problèmes qui tu évoques sont des écueils de la compétition. Et c'est un pari très spécial de ne pas y tomber. Les cavaliers sont peut-être les mieux placés pour les éviter, puisqu'ils ne sont pas décisionnaires pour eux seuls, mais en responsabilité d'un tiers: le cheval. Moi je pense qu'on peut et qu'on va y arriver, le paysage de la compétition est déjà en train de changer.
Charlotte Dujardin est une cavalière techniquement remarquable, sans être ma favorite. Ce que je conclue de la vidéo qui a fuite, c'est que c'est une coach de M****. Ils ne sont pas rare les très bon techniciens, à être en incapacité de partage. J'ai vu une leçon de Alizée Froment une fois. Alizée, c'est un centaure. Mais lors de cette leçon, elle a surtout montré que si elle communique à merveille avec les chevaux, il n'en va pas de même avec les cavaliers qui pour certains avaient des raisons de se sentir maltraités par elle. La leçon était nulle et le jugement porté sur les participants, encore plus.
Au-delà de la nullité du cours, se pose la question de la réponse de l'élève. Quand, et comment devient on capable de dire non quelle que soit la personne qu'on a en face de soi.
Je ne sais pas quand j'ai vraiment après à dire non à une situation inacceptable, je crois que ça a été progressif et que c'est acté depuis que j'ai franchi la barrière bénie des 40 ans (où, enfin, OSEF des conséquences d'une rébellion face à l'intolérabilité d'une situation). Ce que je sais c'est que la compétition m'y a aidé.
J'ai concouru, et je concours, ça me place en capacité de comprendre et d'être empathique avec les cavaliers, mais aussi de ne pas tolérer ce qui n'est pas tolérable.
Juger, c'est se mettre dans les mains une responsabilité, de placer en garant de ce qui peut et de ce qui ne peut pas être fait sur la piste, et aussi au paddock.
A petit niveau, concrètement, le holà du juge est parfois la première et la seule opportunité pour des cavaliers et leurs entraîneurs d'entendre qu'ils sont à côté de la plaque.
Juger m'a permis d'assumer et d'exprimer des points de vue qui ont été très difficiles à recevoir et qui ont entraîné des foudres d'enseignants et de cavaliers, que j'ai assumées et que je referai 100 fois si nécessaire.
- Oser dire que le rapport de taille ou le rapport de poids est inadapté. Je me demande si, sans la compétition, les personnes concernées l'auraient entendu de manière neutre et objective. J'ai provoqué un scandale ce jour-là. Ca m'est totalement égal. Ce sujet-là est probablement le plus tabou des sujets de la communauté équestre, et un terreau d'hypocrisie sans équivalent.
- Oser sonner. Ca paraît simple, ça ne l'est pas, parfois on est même implicitement poussé à ne pas le faire et c'est d'autant plus important de ne pas céder. Ce sont des décisions cruciales, toujours argumentées, qui ont provoqué des colères, des menaces, des reproches. Ca m'est égal, parce que ça a aussi provoqué une forme de remise en question des intéressés
- Oser dire que les aides sont inadaptées. Là encore, si on ne l'entend pas ici, on ne l'entend nulle part.
- Oser se fâcher très très fort après un geste. Pas de quartier quelle que soit la réaction. A chaque fois que je l'ai fait, j'ai eu des excuses et des remerciements.
- Oser dire que le cheval ça ne va pas. Ca a aussi permis à des cavaliers d'avoir un déclic et de changer d'endroit.
- Oser juger ce qu'on voit et uniquement ce qu'on voit. Ca m'a valu de mettre 59 en amateur 2 à un cheval dont aucune des allures n'était correcte (ce qui est donc hors sujet dans l'indice) là où mes collègues jugeaient le cavalier local à 64 et plus. Provoquer la mauvaise foi du cojuge pour justifier le biais de son propre jugement. Je dors très bien là encore.
- Oser admettre qu'on a pu se tromper, auprès du concurrent, auprès de ses collègues. Ce n'est pas le plus simple, surtout qu'on fait tout ça de manière sincère.
Cavalière de club, j'ai eu des cours, j'ai pris des stages, jeune, j'ai assisté à des scènes de violence ordinaire, j'ai été outrée, j'ai pleuré, je n'ai rien dit, j'ai grandi, j'ai eu mes chevaux, j'ai fait des erreurs et je suis arrivée au stade où je contrôle ce que je peux contrôler.
Je peux affirmer qu'aucun entraîneur quelle que soit son identité ne pourra me faire faire ce que l'on voit sur la vidéo. J'ai stoppé des cours pour bien moins que ça, et sans ça d'ailleurs, uniquement parce que j'ai considéré que pour mon cheval, c'était assez d'effort pour aujourd'hui.
Je n'ai pas fait de circuit jeunes chevaux car je le trouve pernicieux, cependant, je connais plein de gens respectueux qui utilisent correctement ce circuit.
J'ai eu peur après une maladie sévère, pendant des années, de faire mal à ma jument ou de la pousser.
Je me suis rendu compte que ce que je faisais avec elle était léger. Finalement, parce que j'aime la discipline et que c'était une envie, je suis revenue à la compétition. J'essaie de la faire avec mon éthique: je gère tout sur place, ainsi que suis responsable de tout et je dois tout faire du mieux possible, jusqu'à la détente. Je dois faire en sorte que l'expérience soit positive pour mon cheval: pas de départ le matin en concours s'il est trop tôt pour aller dehors le matin avant d'embarquer. Pas de départ s'il fait trop chaud, pas de départ si pas en pleine forme. Renfort de récompenses pendant la préparation, à l'embarquement, au débarquement, sur place (toujours avoir du temps avant d'être à cheval, chercher de l'herbe, rendre l'endroit normal). Agacement interdit au paddock. Même déçue, récompenser en sortie de piste. Rentrer et privilégier soins et bien être. Les jours qui suivent, programme adapté. Intersaison: faire autre chose, plus d'extérieur, plus souvent écouter la préférence du cheval (en gros aller en balade!).
Pratiquer la compétition avec ma jument m'a rendue à mon sens plus précise dans son travail, ses besoins et mon propre comportement.
Je lance une bouteille à la mer d'ailleurs: les protections de transport postérieures la stressent car elles la gênent, que ce soient les stable boots ou les protections hautes. Je cherche qqchose qui l'incommode moins pour améliorer son confort!
Si on ne peut plus en faire, ce n'est pas grave. En le faisant on a vécu une aventure spéciale et on en vivra d'autres. Mais trouver un contexte dans lequel on s'impose une éthique rigoureuse, c'est vraiment intéressant et au quotidien, on est moins constant dans cette rigueur car la remise en question y est nettement moins évidente.
Voilà c'est ma vision de tout ça.
A l'ère des réseaux où la haine se déverse pour tout et n'importe quoi, je suis atterrée qu'on mette tout le monde équestre dans un seul panier. Nous avons bien plus à y perdre qu'à y gagner.