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Il y a déjà bien des réponses à tes questions dans les informations que tu nous livres.
Au début le caractère un peu réactif de ta jument te séduisait, dis-tu. Mais elle, elle avait simplement peur et besoin de quelqu'un pour la rassurer. Ce que tu as tardé à faire. Top tard. Elle a eu longuement l'occasion d 'expérimenter ta "non-assistance", elle ne s'en est donc remise qu'à elle et ses peurs ont grandies et se sont installées. Ce qui a fini par devenir inconfortable pour toi au point d'avoir toi-même peur.
Un cavalier qui a peur avec un cheval qui a peur, c'est un duo perdant.
Le seul qui peut rompre ce cercle infernal, c'est le cavalier. Car le cheval lui, il propose les comportements de son espèce dans ce genre de configuration : fuir ce qui est générateur de peur.
Donc pour l'instant ta jument essaies de t'éviter, tu participes à sa peur en apportant la tienne.
Les chevaux cherchent de la stabilité, de la sécurité et accordent leur confiance à ceux qui font preuve d'autant de fermeté que de bienveillance et de sérénité. Que ce soit avec leurs congénères qu'avec leur partenaire humain.
Pourquoi certaines personnes y arrivent avec ta jument ? (je pense à l'anecdote de la cavalière qui a réussi à la mener au fond du manège sans problème) Parce que cette cavalière devait simplement avoir une attitude, une état d'esprit et une façon d'agir qui remplissait les critères : ferme, bienveillant, serein, sûr. Ta jument a ressenti une personne confiante, ça suffit à la sécuriser. Ce qui apporte la preuve de ce qu'il faut faire avec elle.
J'ai une grande anxieuse qui, je pense, n'avait rien à envier à la tienne,

allant jusqu'à avoir de telles "tachycardies" de peur que les battements de son cœur resonnaient sous la selle, faisaient vibrer son thorax et s'entendaient à distance, pendant qu'elle tremblait et se couvrait de sueur instantanément ! J'ai compris avec elle ce qu'était véritablement un cheval angoissé. J'avais connu des individus peureux, sur l'œil, émotif… mais à ce point
Parce qu'un cheval, c'est un animal peureux. c'est sa nature profonde. Plus ou moins affirmé selon l'individu mais c'est une caractéristique normale. Aucun cheval ne fait de la comédie ou semblant. Comme l'a dit Cheval-nature ce n'est pas parce que tu ne vois rien, tu n'entends et ne sens rien qu'il n'y a rien. C'est juste que toi, en tant qu'humain, tu ne peux pas entendre, sentir et voir ce que qu'un cheval entend, voit et sent. Il faut donc prendre en compte tous les signaux qu'il envoie, le croire "sur parole" si tu n'arrives pas à identifier ce qui l'impacte, et agir en conséquence.
L'état d'esprit et la confiance du cavalier sont essentielles. Le cheval est une éponge et ce qui t'effraie, t'agace ou que tu prends pour du cinéma, conditionne ton état d'esprit et transpire malgré toi sans tes attitudes, tes actes, le ton de ta voix… Dès lors ton cheval perçoit que tu n'es pas
avec lui car il manque de la sincérité dans tes actes.
Tu compares avec les chevaux autour de toi. c'est une erreur. Aucun cheval n'est livré docile, confiant et aux boutons. Même s'il y a évidemment des natures plus conciliantes, moins sur-l'oeil, les comportements des chevaux avec leurs cavaliers et soigneurs sont le résultat de l'éducation donnée, du cadre relationnel, du travail, du comportement de ces personnes, de leur capacité (apprises ou intuitives) à lire le cheval et à réagir de façon adéquate.
Ceci ne signifie pas que tu ne sais rien faire de correct, mais simplement que tu as des points d'amélioration, les points dont ta jument a justement le plus besoin.
Comme d'autres intervenants l'on fait avant moi, je te conseillerai de te documenter sur le fonctionnement comportemental des chevaux. Je te conseille vivement le livre "Ethologie et écologie équine" de Lazier et Barrey. Attention à choisir les bons auteurs concernant la connaissance des comportements. Surtout avec une jument du profil de la tienne. Les méthodes et approches dites "éthologiques" des chuchoteurs ne sont pas adaptées, à mon sens, avec des chevaux hyper émotifs et sensibles, sujets à des peurs excessives.
Tu évoques assez souvent l'idée de te séparer de ta jument. J'ai l'impression que même si cette perspective ne te réjouies pas du tout, tu as déjà pas mal réfléchis sur le sujet et que dans ta tête, cette option semblerait presque te soulager.
Je crois qu'il est important, dans ce genre de situation, de croire profondément à ce que l'on fait. Je veux dire que si tu veux travailler à résoudre le problème avec ta jument, il faut t'y mettre avec la foi

… Toujours cette histoire de sincérité dans les actes, indispensable pour que ta jument y soit réceptive. Donc si tu engages un travail avec un comportementaliste ou un prof ou même seule mais que tu gardes à l'idée de la vendre éventuellement, tu ne seras pas efficace dans ce travail…
Le cheval est un animal intelligent, plein de ressources, avec une grande capacité d'adaptation, une mémoire associative très performante, extrêmement sociable et pacifiste, curieux. Il a une grande intelligence émotionnelle, c'est le cœur de son système de survie. L'attachement à un groupe sociale, à un ou plusieurs référents de confiance sont une nécessité pour lui permettre d'avoir un comportement stable.
Personnellement, je crois qu'il faut arrêter de dire qu'un cheval n'a pas d'intention. Il raisonne, analyse les informations qui s'offrent à lui et détermine volontairement quel comportement adopter en fonction de ce qu'il a appris. Il baigne dans son inné et son acquis et fait des choix en cohérence avec les référentiels de son espèce et sa connaissance personnel. Il exprime donc sa propre volonté avec détermination. Lorsqu'il fait demi-tour en balade son intention est claire : je ne veux pas passer par là pour X raison, mon choix/ma proposition est de retourner dans mon groupe/lieu sécurisant/… Et c'est là que humain et cheval discute, chacun défendant son intention.
Sa capacité à associer les faits, lieux, objets, émotions et sensations, et l'enchainement dans le temps de tout cela, est autant une grande force qu'une grande faiblesse car se grave dans le marbre tout ce qui aboutit à un bénéfice et une sensation agréable, mais se grave encore plus vite et plus profondément tout ce qui lui a été préjudiciable, désagréable, angoissant, douloureux….
Il est très facile de détruire la confiance. Très long de la reconstruire. Mais tout est possible si on s'en donne les moyens.
D'après les éthologues et les connaissances actuelles, ce que le cerveau du cheval ne lui permettrait pas de faire ce serait de se projeter par l'imaginaire conscient dans un autre lieu que celui ou il se trouve, de s'imaginer faire autre chose que ce qu'il fait à l'instant présent, autrement dit de conceptualiser des situations inconnues par la seule force de son imaginaire conscient. Cette compétence cérébrale étant à priori réservée à la couche cérébrale la plus récente du cortex, le néocortex, très peu présent dans le cerveau du cheval.
Pour tout le reste, rien n'autorise d'affirmer que le cheval ne peut pas faire ceci, ne peut ressentir cela, ou raisonner. Par exemple, des capacités d'empathie ont été mise en évidence chez différences espèces et rien ne prouve à ce jour que le cheval n 'en soit pas doté.
L'humain a facilement tendance à penser que ce qui est différent de lui est moins compétent que lui. Que le référentiel universel de l'intelligence c'est compter et ne pas vouloir avoir une tâche de peinture rouge sur le front, bref faire ce que lui, humain, il fait et surtout de la même façon que lui… Et après, il dit que le cheval est un animal égocentré contrairement à lui...