je donnais à tous les chevaux une petite friandise quand j'allais chercher mon propre cheval.
Pour moi ceci est déjà une erreur. Il n'y a aucune raison a donner des friandises à tout le monde à part ton cheval si tu le souhaites. Ce cheval a donc dés le départ une perception faussée de ton rôle. Tu t'es positionné comme un distributeur de nourriture universelle. sans sens. le résultat c'est ce que tu décris : il est pot de colle, il farfouille tes poches, le reste étant bien moins intéressant il tente d'éviter.
Citation :
Cependant, il est devenu sauvage et est très attaché à sa mère qu'il n'a pas quitté depuis un an.
Il n'est pas sauvage il est juste désociabilisé vis à vis de l'humain et à part y trouver un intérêt alimentaire pourquoi préférer faire des efforts et des activités peu intéressantes avec le distributeur de nourriture plutôt que rester tranquille au pré avec les potes ? Autant refuser tes propositions non comestibles
Citation :
Il me laisse l'approcher, le caresser, lui donner des friandises et même passer la longe autour de l'encolure. Ça évoluait tellement bien que j'ai essayé le lui passer le licol, sauf qu'il le refuse encore et recule brusquement pour s'en aller, pour au final revenir chercher des friandises dans mes poches (il me voit maintenant comme une grosse carotte). Il est super sensible comme cheval, un simple petit geste le fait sursauter.
il ne faut pas
essayer de passer le licol il faut le faire. Je suis à fond pour les méthodes douces et positives, c'est ma philosophie profonde mais aucune n'exclut la fermeté et l'assurance. Si tes gestes le font sursauter c'est qu'il faut les modifier mais pas y renoncer. Plus tu es hésitante, plus tu tergiverses, plus tu lui envoies des signaux d'incertitude qui le confortent dans l'idée de ne pas se laisser faire. Les chevaux ont besoin de sécurité et de clarté pour être rassuré. Fermeté n'est pas excès d'autorité. Une personne sûre d'elle autant que bienveillante inspire la confiance.
Citation :
Ça fait un mois que je travaille avec lui à le désensibiliser sans lui demander de sortir de sa pâture
Pour moi, ceci est une seconde erreur. Le travail (la désensibilisation est un travail) doit se dérouler en dehors du pré. Pour que justement le cheval puisse se concentrer sur les interactions et ne pas toujours devoir opérer un choix entre sa participation et toutes ses activités de cheval libre.
Ce cheval a déjà été débourré. Certes c'est un 5 ans mais quand même, curer les pieds n'est pas extraordinaire à cet âge. Le cheval a une excellente mémoire il n'a donc rien oublié de ce qu'il a appris à ce moment là de sa vie. Que cela se soit bien ou mal passé, il connait les objets, les demandes, les informations, les codes, les manipulations inhérentes à cette étape. Un jeune cheval a besoin qu'on le conforte dans son travail, or là, ce que tu décris est une régression. C'est à toi d'aller de l'avant. ce n'est pas à lui de vous faire régresser. C'est une étape cruciale dans sa vie. Après le débourrage, il y a la consolidation des acquis et la progression. Si tu ne consolides pas, les choses se délitent
Le fait qu'il te soit impossible à présent de simplement lui passer un licol doit donc interroger ta façon d'agir et non sa capacité à être licolé. Pas de malentendus, je ne dis pas que tu ne sais rien faire, que tu es nulle ou bête ou je ne sais quoi… Pas du tout. J'essaies simplement de te dire que d'un cheval à l'autre, même avec de l'expérience, il faut parfois être capable de réinterroger sa façon de faire. Ce qui va fonctionner avec X chevaux même les plus sensibles, peut à un moment, ne pas convenir du tout à un autre cheval qui captera nos petites approximations, aura une interprétation différente de nos gestes, etc...
Avec les jeunes chevaux, ça va très vite, dans un sens comme dans l'autre.
Citation :
La première étape a été de l'approcher et de le caresser partout au niveau de son avant main et de sa tête sans qu'il se sauve. Ensuite, j'ai commencé à lui curer les pieds et le brosser en liberté.
Ici encore, pour moi, les étapes sont dans le désordres et entretiennent les problèmes. Tu apprends à ce cheval à ne pas être dans le travail en le maintenant dans son environnement libre pour chaque manip de base. Or, le but c'est d'abord et avant tout, accepter de te suivre dans un environnement de travail, apprendre à sortir du confort de son pré pour découvrir un autre lieu de confort, accepter de se séparer de son groupe en reconnaissant l'humain qui le manipule comme un leader de confiance, une figure d'attachement substitutive satisfaisante. Sans la mise en place de ce contexte relationnel, tout ce que tu lui entreprendras restera fragile, aléatoire et instable. Je répète, il ne s'agit pas de juger tes intentions et tes actes mais de te dire que tu sembles écarter des éléments fondamentaux dans ta progression. A mon sens, ça explique très clairement tes difficultés.
Remets les choses dans l'ordre. Sois sûre de toi.
Citation :
J'ai ensuite réussi à lui passer la longe autour de l'encolure, et même à le faire avancer quelques jours après. Puis j'ai commencé à lui apprendre à se laisser toucher les oreilles, pour finir par essayer de lui passer le licol.
ce cheval est déjà débourré… Il y a une différence entre approcher un cheval sensible et initier un cheval aux contacts avec l'homme. Il sait déjà tout ça. C'est juste qu'il n'a pas envie.
Citation :
Je suis à court d'idée et je me demande s'il ne serait pas bon de lui foutre la paix plusieurs jours avec mon licol, et juste de recommencer à zéro avec des papouilles et des bonbons de temps en temps ?
Non. Arrête surtout de lui donner de la nourriture sans raison. L'usage de la friandise dans l'apprentissage nécessite de la précision pour être efficace. Travailler n'empêche pas de faire des papouilles mais il y a un temps pour l'un et un temps pour l'autre. En n'apprenant pas à ce cheval à distinguer clairement les deux tu entretiens un flou comportemental entre concentration, effort, apprentissage et repos.
Pour passer un licol, tu n'as pas besoin de toucher les oreilles. C'est une acte simple, sans enjeu. Tu sembles y mettre plus d'importance que cela en a. Or, on provoque souvent ce que l'on redoute. tu mets el licol, tu l'emmène hors du pré, en carrière et tu travailles la désensibilisation des oreilles ou autres choses si c'est nécessaire. Mais hors du pré.
Va droit au but, sans crainte, avec assurance et douceur. Sois calme et ferme. Sors ce cheval de son pré pour travailler les bases éducatives, la longe et le travail monté. Garde en tête qu'il est déjà débourré. c'est juste un jeune cheval. Si tu es hésitante, tu lui apprends juste à ne pas vouloir faire ce que tu proposes.