excuse moi mais
je mets le focus sur ma vie, c'est à dire genre, je suis vivante et en bonne santé (bon, c'est une boutade)
Et bien contente de t'avoir fait rire, c'est toujours ça de pris.
Ceci dit, je pense que ça reste une remarque pertinente.
Je prends un exemple concret : ma fille monte depuis longtemps avec une autre fille de son âge dont la mère (qui est devenue une bonne copine avec le temps) est quelqu'un qui est très inquiet pour la sécurité de sa fille.
Hier, nous étions toutes les deux au bord de la carrière où les filles faisaient un petit entraînement PTV pour leur TRC de dimanche.
C'était une bonne séance, travail sérieux et mais dans la bonne humeur, les chevaux allaient bien, les filles étaient en réussite dans leurs exercices et heureuses. En tout cas, ça, c'est ce j'ai vu, c'est le focus que j'ai choisi.
Le focus de ma copine était un peu différent : au passage du tronc, elle fermaient les yeux d'angoisse, lors de la montée à droite, elle redoutait que le cheval de sa fille (entraîné à cet exercice) fasse un écart et la dépose, au passage de la passerelle (sécurisée) elle redoutait que le cheval passe un pied au travers.
Dans l'absolu, nos filles pratiquaient la même activité, avec le même degré de sécurité : équipements complet et de bonne qualité, bon chevaux d'école (bien dans leur tête, bien mis, entraînés), enseignante compétente et attentive, infrastructures sécurisées...
La seule différence entre elle et moi, et entre nos deux filles, c'était bien le choix de notre focus.
Ma fille ne court pas plus ni moins de risques que la sienne. Je ne suis pas moins consciente de ces risques. Mais ce n'est pas à travers ce prisme que je choisis de regarder la séance, parce que je pense (mais c'est tout à fait personnel), que ça ne réduira de toute façon pas le risque pour elle de m'inquiéter.
C'est ce que j'entendais par "sur quels aspects de sa vie on met le focus", et je persiste à dire que c'est un choix, conscient, réfléchi.
Tu peux choisir d'être alarmiste, moqueuse, amère, de relever tout ce qui te semble absurde ou stupide dans nos interventions, de refuser la fatalité... ça ne diminuera pas les risques de ta vie (toi comme moi on peut glisser en sortant de chez nous et ne pas nous relever), à mon avis ça ne te rendra pas plus heureuse ni plus détendue, mais c'est ton choix de focus et il est aussi respectable qu'un autre...
Pour le reste, il se trouve que je fais partie de "ceux qui restent", j'ai perdu quelqu'un de très proche dans un accident de cheval. Est-ce que cette personne aurait choisi une vie différente si elle avait su? Je ne le crois pas, en mon âme et conscience, mais je n'ai bien sûr aucun moyen d'en être certaine.
Est-ce que moi, ou ses autres proches, aurions souhaité qu'elle change de sport ou mène une vie différente pour nous éviter la souffrance de son départ : là je peux répondre sans équivoque non. Et même dans la stupéfaction et la douleur de l'annonce de son décès brutal, même dans les jours sombres et sinistres qui ont suivi, bien avant de faire mon deuil et de pouvoir repenser à elle avec douceur, je n'ai jamais pensé "ah, si seulement elle avait fait un sport moins dangereux", et je n'ai jamais entendu personne autour de nous avoir ce type de réflexion. Souhaiter qu'elle soit toujours avec nous, en vie, heureuse, que les lourdes conséquences de son décès sur nos vies n'aient pas eu lieu oui bien sûr. Mais au prix de ce qui l'a animée tous les jours pendant près de 40 ans de sa vie? Non.