Ton message m'attriste énormément. Perdre un être proche, c'est terrible.
Parler, parler, parler, se décharger du poids qu'on a sur le coeur : ça aide à se soulager. Tout en étant des militaires, tes collègues et tes supérieurs n'en sont pas moins humains, avec ce que cela implique, c'est à dire du coeur, des sentiments et de l'empathie.
Il y a "psy" et "psy". Le cas psychologique de la personne touchée par un deuil ou des expériences traumatisantes, comme celles que tu es en train de vivre, et le cas psychologique (ou psychiatrique) beaucoup plus grave et dérangeant comme les maladies mentales. Le premier cas est provisoire, le deuxième est souvent incurable. C'est le cas psychiatrique qui est rejeté par le corps d'armée, et ça se comprend.
Moi même, j'ai connu une série de deuils traumatisants. Le décès de mon époux l'an dernier, mort d'un cancer du foie, puis, un mois après, celle de mon beau-frère que j'adorais, disparu dans un accident de camion (il était chauffeur de cars et de camions). J'ai été très secouée. Deux mois plus tard, c'est ma chatte, mon petit coeur, qui part elle aussi d'un cancer. J'ai attendu un mois pour prendre un autre minou. Le chat que j'avais adopté était extraordinairement doux, affectueux. Il est parti trois mois plus tard, emporté par un grave problème pulmonaire : en trois mois, je m'y étais déjà beaucoup attachée... En ce moment même, j'attends avec appréhension la fin de mon chef de choeur, qui est en quelque sorte mon "deuxième papa" : il a 89 ans et souffre d'un cancer des os : on se connaît depuis plus de trente ans. Tous les jours, je me jette sur ma boîte mail, la peur au ventre en craignant de découvrir la terrible nouvelle.
Tous ces deuils accumulés, cette attente angoissée m'ont plombé le moral.
Tu vois, au début de mon message, je te disais de parler pour évacuer la pression, et je suis en train de faire pareil : je parle, je parle (ou plutôt, j'écris) et je pleure. Mais pleurer, ça fait du bien : on repart de plus belle, parce que la vie continue coûte que coûte. J'ai la chance d'avoir mes deux garçons à la maison. Ils illuminent ma vie... ils sont mon soleil.
De ton côté, vis ton deuil comme tu le sens, comme ton coeur le ressent. Si tu sens le besoin de pleurer, pleure, si tu a besoin de rire, ris. Ton entourage est là pour t'aider à surmonter ta souffrance, et le temps qui passe est ton ami. Ca prend du temps, oui. Tu ne pourras jamais oublier ceux que tu as perdus, mais avec le temps, tu penseras à ton amie, avec un pincement au coeur certes, mais avec le recul nécessaire pour ne plus fondre en larmes à chaque fois. Tu dis que tu pries : la prière est un bon remède contre la souffrance morale.
Je t'embrasse, et je prie pour toi.