Mais enfin,
sayo. Couagga n'a jamais cherché à te persuader d'arrêter l'équitation. Elle veut seulement
expliquer son ressenti, raconter ce qu'elle a vécu, pourquoi elle a laissé tomber l'équitation un certain temps.
J'ai commencé l'équitation dans une petite ville entre Marseille et Toulon, il y a plus de quarante ans. La vision du bien-être des animaux était bien différente de celle d'aujourd'hui, crois-moi. J'avais huit ans. Les chevaux étaient tous en box 24h sur 24 et l'été, surtout, ils sortaient tous les jours, sans arrêt, pour promener les touristes qui affluaient. La plupart étaient épuisés, pas en état du tout. J'étais trop jeune pour m'en rendre compte. A huit ans, on est aveuglé par nos passions, on ne pense plus qu'à ça. J'adorais les chevaux, mais comme je n'ai toujours vu que des chevaux pas en état, j'ai cru que c'était normal. Je répète : je n'avais que 8 ans.
Au bout de trois ans, j'ai fini par comprendre que la vie que menaient ces pauvres chevaux n'était rien d'autre que de l'esclavage : j'ai stoppé net l'équitation. Je suis allée voir un nouveau poney-club qui venait d'ouvrir, plus près de chez moi. Ce poney-club s'était spécialisé dans la voltige : mais c'était pareil. Les poneys étaient surexploités, enfermés. J'ai cessé l'équitation durant plus de dix ans. D'autres centres équestres se sont développés aux alentours, mais mon père, qui était simple ouvrier aux Chantiers Navals, n'avait pas encore les moyens de s'acheter une voiture : il m'emmenait au club hippique à vélomoteur (tu imagines !). Il faisait tous ses déplacements à vélomoteur. Ma soeur également, et moi aussi quand j'ai été en âge de maîtriser cette infernale mécanique.
Puis j'ai rencontré mon mari, qui avait peur des chevaux, puis j'ai eu mes enfants...