Taxidermie : qu'avez-vous tjrs voulu savoir ?

lyzdekiel
Je viens de me renseigner sur le lion.
Visiblement, il date des environs de 1731.
Il faut savoir qu'à cette époque, la taxidermie en était à ces balbutiement
Que le lion ait pu être conservé jusqu'à aujourd'hui est déjà presque un miracle

brax Très dommage qu'il est rare de conserver aussi longtemps des animaux taxidermisés. Genre la bête du Gévaudan qui a mal été faite et du coup enterrée :(.

thin
Il n'y a pas de questions bêtes C'est un sujet pointu et méconnu

Et tu as parfaitement raison, on ne dit plus "empaillé" vu qu'il n'y a plus de paille dedans, on préfère maintenant le terme "naturalisé".

Au muséum, j'ai une musaraigne pygmée dont le corps fait environ 5 cm et également un rat des moissons dans le même gabarit
Les petits animaux sont très compliqués à faire, ils sont donc parfois conservés en alcool.

Je ne fais pas de naturalisation, c'est trop spécifique.
En revanche, je peux faire de la mise en fluide (mais pas pour les poissons, quand ils sont morts, ils m’écœurent au plus haut point, n'importe quel animal mort, même dans un état douteux, ça ne me pose pas de problème, mais alors les poissons morts, je peux pas )

La conservation des spécimens en fluide est un sujet complexe et très intéressant.
Pour faire au plus simple, actuellement, nous utilisons une solution de formol pour fixer les tissus (avec injections dans le corps) puis après rinçage de cette solution, les spécimens passent dans les bains successifs d'alcool à différentes concentration pour finir dans de l'alcool à 75%.

Pour l'anecdote : les premiers fluides de conservation étaient... de l'eau de vie

Qui décide de la position et de l'expression qu'auront les animaux ? Je trouve que ça joue sur le rendu et le réalisme final.

Il y'a 2 ans je suis allée au Musée d'histoire naturelle à Dublin et j'ai été bluffée par certaines espèces empaillées. Vraiment c'était d'un réalisme ^^

chach_42
C'est moi qui décide de la position et de l'expression qu'auront les animaux hihi! Et j'adore cet aspect de mon travail!
Plus sérieusement, du moment que le spécimen mort est en bon état et que le taxidermiste est doué, toutes les positions et toutes les expressions peuvent être données aux animaux

C'est super intéressant ! (Même si jamais je n'aurais imaginé voir ce genre de sujets sur CA )

Des questions stupides en vrac :

- Il n'y a pas de risque de transmission de certaines maladies lorsque l'on travaille des animaux morts ?
- Quel a été ton parcours pro pour en arriver là ?
- En règle général, la naturalisation (merci d'ailleurs pour le terme, je pensais qu'on disait toujours empaillé), on "tombe dedans" où il y a des formations spécifiques (un peu comme les thanatopracteurs)?
- Vous en faites pour des particuliers ou seulement pour les musées ?
- L'organisme qui s'en occupe appartient aux musées ou sont privés ?

Bon c'est plus des questions logistiques mais c'est vraiment pas courant comme profession, je suis pas sûre de croiser beaucoup de gens pour y répondre

beerus

Merci pour ton intérêt

Si, il y a des risques de transmission de maladies (appelées zoonoses), par exemple l'echinococcose alvéolaire. Cependant, des précautions simples permettent de les éviter : port de gants, blouse etc...

Alors, je ne suis pas taxidermiste, je suis chargée des collections de zoologie. Et pour en arriver là... J'ai fait une licence industrie chimique et pharmaceutique Ce qui intéressait le musée au moment de mon recrutement, c'était mes compétences en gestion des produits chimiques.

Il n'y a plus vraiment de circuit de formation pour devenir taxidermiste maintenant. Seulement un CFA le propose en France.
Les taxidermistes indépendants travaillent pour les chasseurs, les particuliers et les musées. Ça devient rare, mais certains musées ont un taxidermiste sur place.

J'ai une question à coté de la plaque , mais ? Quel cursus as-tu suivi pour faire ce métier et cette spécialisation ?


edit : je n'avais pas encore lu ta dernière réponse !

Pour le lion tout moche qui est mis en photo, je crois que c'est un lion dont la peau et les os ont été envoyés en europe pour être naturalisé, sauf que la personne qui l'a fait n'avait jamais vu de lion, donc il l'a fait selon le modèle des blasons où il y a des lions
Je ne suis pas sûre que ce soit ce lion là, mais j'avais vu une histoire comme ça, avec un lion empaillé qui ressemble à rien

J'ai une autre question, vous récupérez comment les animaux qui vont se faire empailler ? Par exemple, tu dis que tu as fait un bouc il y a quelques années, comment ça se passe ? C'était pas toi qui avait dit que "tu" avais un ardennais naturalisé aussi ?

Puis aussi vous avez quoi comme animaux dans votre musée ? Je pensais que c'était que pour les animaux sauvages ou disparus

brax Merci pour ta réponse ! Effectivement je suppose que tu ne t'y destinais pas en choisissant tes études

corbeau_bleu

C'est bien moi l'Ardennais naturalisé

Pour enrichir nos collections, nous avons divers partenariats avec des vétos spécialisés faune sauvage, des parcs animaliers, des agences de l'état (ONF, ONEMA, ONCFS, Douanes...).
Quand un animal meurt, ou qu'un animal est trouvé mort. Ils m'appellent, je juge de l'intérêt de récupérer le corps. On rédige un bon de cession ou une fiche de don. C'est très important pour les espèces protégées, sinon je ne peux pas les conserver au musée. Ensuite dans mon congélateur jusqu'à ce qu'ils aillent chez le taxidermiste.

L'Ardennais, nous l'avons eu par les haras nationaux. Il devait être euthanasié suite à une blessure non soignable. Le bouc est le dernier bouc en race chèvre de Lorraine pure, nous l'avons eu par une éleveuse. Il est mort de vieillesse donc pas super chouette, mais c'était très intéressant pour la conservation du patrimoine local. C'est pour cette raison aussi que nous avons récupéré l'Ardennais.

Alors pour répondre à ta dernière question, il y a plusieurs décennies, les musées cherchaient surtout du sauvage et de l'exotique. Cette vision des choses tend à changer.
Par exemple, la politique d'acquisition de mon muséum est tournée vers les espèces sauvages locales et sur les races domestiques locales. On pense qu'il est primordial de donner une place au patrimoine régional. Surtout vu la perte de biodiversité, autant dans le sauvage que dans le domestique. Si nous, muséum, ne gardons pas de trace de ce patrimoine, qui le fera ?

brax


J'avoue ce n'était pas très s constructif !

Maus du coup justement c'est bien aussi d'avoir l'occasion de s'intéresser à des sujets vers lesquels on ne se serait pas tourné.

Sinon niveau vraie question, je dirais, de quand datent les premières taxidermies ?
Existe t il des espèces disparues qu'on retrouve sous cette forme ?
Qu'est ce que ça apporte comme connaissances sur les espèces, les habitudes des sociétés anciennes (chasse, pratiques religieuses , etc).
Est ce que ça existe dans toutes les sociétés ?

Et bien sûr les principes de réalisation

Questions complètement débiles mais j'ose quand même. Certaines sont plus sérieuses

- Que devient l'intérieur de l'animal ? C'est enterré quelque part ?

- Comment vous choisissez les yeux ? Il y a un stock précis ?

- Est-ce que vous faites des retouches / améliorations ?

- C'est plutôt couture ou colle ?

- Depuis quand on naturalise des animaux ?

Oh ça cause taxidermie ici, et j'aime cet univers. C'est un vrai art pour rendre les animaux réaliste. J'ai parfois était bufflé par certaines pièces, qui donné vraiment l'air du vivant.
Et il y a certains animaux célèbres qui ont étaient naturalisés.
Tiens à Tours il y a l'éléphant Fritz, qui était au cirque Barnum.

mimosin

Ah! bah tu vois que tu as plein de questions intéressantes
Je note d'avoir un bon axe historique dans l'expo

Les premières naturalisations datent du XVIII siècle C'est bien plus récent que les momies.

À ma connaissance, on ne peut pas découvrir des espèces disparues sous cette forme. En effet, la plus part du temps, la naturalisation a un but scientifique et sert à décrire des espèces fraîchement découvertes en en tuant un exemplaire (ou plusieurs...) pour l'utiliser comme témoin.