Ouais le sexisme interiorisé c'est chaud. Comme les filles qui s'estiment mieux que les autres filles parce qu'elles font des trucs " de garçon".
Mais oui ! Pendant très longtemps, jusqu'à au moins fin du lycée, j'étais comme
groubi. Je me sentais drôlement mieux car je m'en fichais des fringues, je n'accordais aucune importance au maquillage, je préférais la compagnie des garçons aux filles car elles "étaient chiantes". Ma meilleure copine était encore pire que moi là-dessus et on clamait haut et fort qu'on n'aimait pas les filles. Alors qu'on était meilleures amies et qu'on avait plein d'amies maaaais c'était pas vraiment "des filles" quoi, hein.
J'ai tellement honte d'avoir été comme ça, franchement, je me sens vraiment nulle.
Un des premiers trucs qui m'a un peu ouvert l'esprit, c'est une de mes meilleures amies en Seconde : mini-jupe/short au lycée, talons vertigineux, tee-shirts choquants, liner ultra prononcé, rire bruyant ... Pour moi, c'était l'archéotype de la fille que je peux pas blairer. Bah au final, sur un hasard, on a commencé à parler et ... coup de foudre amical ! ça a commencé à me débloquer ... Et peu à peu, je me suis battue pied à pied avec mes clichés.
Comme toi Groubi, il m'a fallu un temps fou pour comprendre qu'on pouvait ET adorer bien se saper et avoir les dernières fringues à la mode tout en étant passionnée par le végétal et tremper ses mains dans la terre.
J'ai si honte en y repensant. Toute cette sororité mise de côté, juste pour être dans le clan des mecs.
Pour les poils, j'ai eu un gros déclic sur un marché, y'a deux ans maintenant. Je servais une vieille dame, d'au moins soixante-dix balais, qui avait des poils super longs sous les aisselles. J'étais en mode "Wah, trop bien comment elle s'assume !" (sachant que j'avais déjà beaucoup réfléchi là-dessus et je n'étais pas du tout à cheval sur ma pilosité, je sortais parfois jambes pas épilées depuis deux mois mais avec un certain malaise si je croisais des connaissances).
Et là, ça a fait tilt : "Attends Marion, t'as vingt-cinq ans. Tu vas pas attendre encore CINQUANTE PUTAIN D'ANNEES pour assumer ce que tu veux, si ?!" J'ai tergiversé encore un peu et puis ... Bah là ça fait un an et demi que je n'ai pas épilé un seul poil de mes aisselles et je m'aime comme ça ! Et ça débloque plein de copines autour en plus, quel plaisir !
Mais n'empêche que ma mère, en les voyant alors qu'elle me massait : "Oh, tu ne t'épiles plus ? ... C'est dommage ..."
Dommage pour qui ? Pas pour moi. Pour les autres ? Je ne suis pas là pour plaire.
aalex_69
Ah ouais, la vieille excuse de la religion ... Faut leur parler des meufs badasse qui portent le voile et qui ne tolèrent pas un propos anti-féministe, ils vont bégayer.
Je suis entrain de dévorer la biographie de Benoîte Groult,
Mon évasion. Quelle fraîcheur, quel chemin parcouru depuis sa naissance, 1920, à sa mort en 2016 ! Je suis épatée, son bouquin est formidable !
Elle y parle justement de ça, l'absence de solidarité féminine.
Citation :
Les jeunes gens que je rencontrais citaient volontiers Montherlant, auteur dont ils croyaient partager la grandeur en adoptant ses obsessions de virilité. La plupart étaient coutumiers de cette "misogynie de salon", bien française, qui les autorisait à se croire spirituels dès lors qu'ils débitaient les plaisanteries plus éculées sur les gonzesses. Ne pas en rire avec eux eût été considéré comme un manque d'humour ... bien féminin. Je riais donc avec les autres ... on n'est pas une pauvre conne pour rien. Et il faut du temps pour comprendre que l'on participe à la misogynie en l'acceptant