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Y aurait il une pénurie d’enseignants ?
Posté le 22/03/2022 à 23h23
Pourquoi tant de jeunes bpjeps quittent le métier au bout de 3 ou 4 ans?
Parce qu'ils ont une vision erronée du métier. Certains s'imaginent qu'enseigner c'est dire "redresse-toi, baisse tes talon et raccourcis tes rênes", d'autres s'imaginent qu'ils vont passer tout leur temps à cheval, d'autres encore n'avaient pas prévu qu'il fallait être dehors par tous temps, que les samedis et les dimanches, on doit les passer au boulot alors on ne peut pas aller faire la fête avec les potes. Ils ont vu leurs propres enseignants et ça leur a donné envie mais ils ne voyaient que la partie visible de l'iceberg, le tréfond du métier, ils ne l'avaient pas vu donc bonjour la déception.
Pourquoi certains font cette formation et ne veulent pas enseigner ?
Parce que quand ils font la formation, ils se rendent compte d'une partie de leur futur vie et/ou découvre qu'au fond, l'enseignement ne leur plait pas.
Pourquoi est-ce compliqué de trouver un bon enseignant indépendant pour venir chez des particuliers…
Parce que c'est bcp de contraintes. Il faut se faire une clientèle mais pour pouvoir se faire une clientèle, il faut être bon pour être demandé donc pour être bon, il faut avoir de la volonté, une forte motivation et envie de bien faire et puis après, ben il faut se déplacer chez les gens, ce qui n'est pas toujours évident. Ca n'a rien à voir avec un mono qui est toujours dans son club.
Pourquoi trouve-t-on que les nouveaux enseignants sont moins bons techniciens « qu’avant ». ?
Parce qu'avant, l'équitation n'était pas pratiquée par un si grand nombre donc les enseignants étaient plus rare. Pour la plupart, il s'agissait de militaires ou de vieux instructeurs qui formaient à la dure. Avec la démocratisation, on a vu débarquer des quantités de moniteurs qui n'avaient rien compris à l'équitation et qui ignoraient que pour enseigner, il fallait maitriser le sujet et c'est malheureusement le cas aujourd'hui.
Aujourd'hui, ils sont mal formés par des formateurs pas aussi bons qu'avant et surtout, ils ne sont pas motivés.
Pour aller faire le kéké sur un parcours de cso, il y a du monde. Sauter des barres n'importe comment, du moment qu'on a un cheval qui fait pas trop mal le job, ça va, c'est à la portée des moins bons "ouais, mon cheval il s'arrête mais c'est parce qu'il est pas courageux. Il a fait une barre, c'est parce qu'il n'a pas trop de moyens, il n'aime pas les oxers, il y a un photographe qui lui a fait peur, etc...".
Pour aller dérouler une reprise de dressage propre, là, il y en a bcp moins parce que bon, le dressage, si on ne maitrise pas, c'est pas la peine. C'est clair que les sauteurs qui se la jouent grave, sur un carré, ils sont carrément ridicules parce qu'ils n'ont rien compris à l'équitation, ils ne la maitrisent pas et qu'ils ne savent pas former/travailler leurs chevaux.
Et pour aller sur un cross, il y en a encore moins parce que là, il faut un cheval bossé au top et il faut du courage que les sauteurs/kékés n'ont pas. S'il n'y a pas 4 barrières pour les encadrer, ça crie "Maman!".
La preuve, bcp de clubs n'enseignent pas le cross pour la simple et bonne raison que les enseignants de ces clubs ne crossent pas, il y en a même qui n'ont vu le cross que pendant leur formation et pour passer l'examen. Comment enseigner qq chose que l'on ne maitrise pas? En ski, par exemple, on n'a jamais vu moniteur avec un niveau 3ème étoile.
L'équitation, si on ne la maitrise pas donc si on ne maitrise pas la technique, on ne peut pas l'enseigner correctement.
Quand on donne un coup de pied dans l'arbre, il y a 50 moniteurs qui descendent. Sur les 50, il en a 2 de bons. Forcement, quand on forme en trop grand nombre, on fait du quantitatif mais pas du qualitatif.
Pensez-vous donc qu’il y a une pénurie d’enseignants?
Il y a une pénurie de bons enseignants, en fait.
Bien entendu, tout ceci n'est que mon opinion basée sur mon expérience, mon vécu et mon ressenti. J'ai moi-même fait la formation BEES 1 et je n'ai pas obtenu mon diplôme. Heureusement sinon, je serais venue grossir les rangs des enseignants médiocres donc aucun regrets. Quand je vois la qualité de merde de la formation que j'ai reçue par rapport à d'autres, le résultat était inévitable. En fait, j'ai appris à monter à cheval après cette formation grâce à ma rencontre avec un très bon enseignant.