Y aurait il une pénurie d’enseignants ?

harasstgermain mon coach est jury pour BPJEPS en Seine Maritime. La majorité des candidats lui disent qu'ils veulent passer le BP pour monter à cheval. Ils ne semblent pas comprendre que c'est un diplôme d'enseignant. Et honnêtement, quand je vois la formation des BP... Ça fait pas rêver. Mes écuries ont déposé un dossier pour devenir centre de formation CQPEAE puis BPJEPS à terme, le jury a adoré les installations mais ont tiqué sur les chevaux. Déjà, tout ce qui n'était pas du SF hyper classique, ils n'ont même pas regardé alors qu'on y avait un super petit PRE qui commence le travail de piaffer/passage et enchaîne 105 110. Ils ont dit texto qu'ils auraient préféré voir des chevaux enrennés qu'un poil ouverts. On est plutôt dans l'esprit Firfol / La Cense que "classique". Mais visiblement, ça ne plaît pas pour former du moniteur...

Ba aurait-t-on une pénurie de personnel ne souhaitant plus faire du h24 chez un autre pour finir seul(e) et sur le carreau?

Pourquoi tant de jeunes bpjeps quittent le métier au bout de 3 ou 4 ans?
Parce qu'ils ont une vision erronée du métier. Certains s'imaginent qu'enseigner c'est dire "redresse-toi, baisse tes talon et raccourcis tes rênes", d'autres s'imaginent qu'ils vont passer tout leur temps à cheval, d'autres encore n'avaient pas prévu qu'il fallait être dehors par tous temps, que les samedis et les dimanches, on doit les passer au boulot alors on ne peut pas aller faire la fête avec les potes. Ils ont vu leurs propres enseignants et ça leur a donné envie mais ils ne voyaient que la partie visible de l'iceberg, le tréfond du métier, ils ne l'avaient pas vu donc bonjour la déception.

Pourquoi certains font cette formation et ne veulent pas enseigner ?
Parce que quand ils font la formation, ils se rendent compte d'une partie de leur futur vie et/ou découvre qu'au fond, l'enseignement ne leur plait pas.

Pourquoi est-ce compliqué de trouver un bon enseignant indépendant pour venir chez des particuliers…
Parce que c'est bcp de contraintes. Il faut se faire une clientèle mais pour pouvoir se faire une clientèle, il faut être bon pour être demandé donc pour être bon, il faut avoir de la volonté, une forte motivation et envie de bien faire et puis après, ben il faut se déplacer chez les gens, ce qui n'est pas toujours évident. Ca n'a rien à voir avec un mono qui est toujours dans son club.

Pourquoi trouve-t-on que les nouveaux enseignants sont moins bons techniciens « qu’avant ». ?
Parce qu'avant, l'équitation n'était pas pratiquée par un si grand nombre donc les enseignants étaient plus rare. Pour la plupart, il s'agissait de militaires ou de vieux instructeurs qui formaient à la dure. Avec la démocratisation, on a vu débarquer des quantités de moniteurs qui n'avaient rien compris à l'équitation et qui ignoraient que pour enseigner, il fallait maitriser le sujet et c'est malheureusement le cas aujourd'hui.
Aujourd'hui, ils sont mal formés par des formateurs pas aussi bons qu'avant et surtout, ils ne sont pas motivés.
Pour aller faire le kéké sur un parcours de cso, il y a du monde. Sauter des barres n'importe comment, du moment qu'on a un cheval qui fait pas trop mal le job, ça va, c'est à la portée des moins bons "ouais, mon cheval il s'arrête mais c'est parce qu'il est pas courageux. Il a fait une barre, c'est parce qu'il n'a pas trop de moyens, il n'aime pas les oxers, il y a un photographe qui lui a fait peur, etc...".
Pour aller dérouler une reprise de dressage propre, là, il y en a bcp moins parce que bon, le dressage, si on ne maitrise pas, c'est pas la peine. C'est clair que les sauteurs qui se la jouent grave, sur un carré, ils sont carrément ridicules parce qu'ils n'ont rien compris à l'équitation, ils ne la maitrisent pas et qu'ils ne savent pas former/travailler leurs chevaux.
Et pour aller sur un cross, il y en a encore moins parce que là, il faut un cheval bossé au top et il faut du courage que les sauteurs/kékés n'ont pas. S'il n'y a pas 4 barrières pour les encadrer, ça crie "Maman!".
La preuve, bcp de clubs n'enseignent pas le cross pour la simple et bonne raison que les enseignants de ces clubs ne crossent pas, il y en a même qui n'ont vu le cross que pendant leur formation et pour passer l'examen. Comment enseigner qq chose que l'on ne maitrise pas? En ski, par exemple, on n'a jamais vu moniteur avec un niveau 3ème étoile.
L'équitation, si on ne la maitrise pas donc si on ne maitrise pas la technique, on ne peut pas l'enseigner correctement.
Quand on donne un coup de pied dans l'arbre, il y a 50 moniteurs qui descendent. Sur les 50, il en a 2 de bons. Forcement, quand on forme en trop grand nombre, on fait du quantitatif mais pas du qualitatif.

Pensez-vous donc qu’il y a une pénurie d’enseignants?
Il y a une pénurie de bons enseignants, en fait.

Bien entendu, tout ceci n'est que mon opinion basée sur mon expérience, mon vécu et mon ressenti. J'ai moi-même fait la formation BEES 1 et je n'ai pas obtenu mon diplôme. Heureusement sinon, je serais venue grossir les rangs des enseignants médiocres donc aucun regrets. Quand je vois la qualité de merde de la formation que j'ai reçue par rapport à d'autres, le résultat était inévitable. En fait, j'ai appris à monter à cheval après cette formation grâce à ma rencontre avec un très bon enseignant.

Parce que c'est pas une vie, en fait.

Je ne suis pas monitrice mais je suis dans une ferme peda ou on fait de la médiation avec les chevaux et les animaux, j'ai un peu le même style de boulot. Dehors H24 par tout temps, des animaux a soigner pas toujours évident ils sont pas tous d'accord, une structure a entretenir (et encore j'apprends à gérer la ferme ma collègue de l'admire), des gens relous à gérer (il y a les bons aussi mais on arrive pas a profiter parce que les relous nous pompe l'énergie)... Sans compter ma DP, mon poney fraîchement arrivé, les cours d'équitation que je fais dans le club du coin, ma maison et ma vie de couple (heureusement je vis sur place avec mon homme qui travaille à mi temps sur le ferme)
Faut le vouloir, même si j'adore je sais que je ne ferais pas ça toute ma vie, le corps prend cher et le mental je t'en parle pas (ostéopathe et psy devraient être gratuit)
Je comprends que beaucoup arrêtent et encore je suis dans une super structure ou on fait tout pour les animaux j'imagine pas là où tu es esclave et ou les chevaux sont malheureux...
Nan vraiment je peux comprendre

Les nouveaux enseignants sont moins bons, je trouve aussi, je ne penses pas avoir toute la réponse, mais je pense qu'aujourd'hui on apprend aux monos a être animateur et non formateurs. L'équitation pure et dure avec de la vraie technique on l'a voit de moins en moins.
Exemple extrêmement bête. Dans le club où je monte il y a deux monos totalement opposé...
J'ai commencé la bas avec une mono a la dure et comme beaucoup de mon âge j'ai vite changé de groupe, parce que pourquoi je payais à me faire disputer ?, pourtant avec le recul même si je finissais en larmes a la fin du cours les exercices ressemblaient à quelques choses.
Maintenant je monte avec un mono ultra gentil de la nouvelle génération de moniteurs (on dirait que je parle de pokémons ahah) bah oui le gars fait des trucs plus ludiques et il dit moins les choses négatives... Mais en attendant je vois bien la différence de niveau entre les deux. Avec lui je pourrai limite aller sur le niveau du dessus alors que l'autre m'aurait bien redescendue en galop 1.
Mais comme je paye pour me faire plaisir comme beaucoup je préfère le côté cool...

La "consommation" de l'équitation a surtout beaucoup changé. Avant il ne restait que les mordus et résistants.

Il n'y avait aussi qu'un seul centre équestre tous les 30/40 km donc plus de population et proportionnellement de clients.

De nos jours, il faut en effet être plus animateur et chouchouter sa clientèle pour la garder et ne surtout pas froisser.

Les nouveaux cavaliers consomment, ne veulent plus être poussés, ne faire que les exercices qu'ils aiment, surtout plus de tape cul, peu de dressage et bcp sauter.
Voir même ne pas préparé son cheval/poney : j'ai malheureusement de plus en plus fréquemment entendu je paye pour que mon gamin monte !!

C'est la suite logique de notre société de consommation kleenex

Et ne trouve t-on pas tout simplement les nouveau enseignants moins bon parce que nous même nous avons évolué ?
Clairement mes exigences ne sont pas celles que j'avais il y a 15 ou 20 ans mais pour autant je suis incapable de dire aujourd'hui comment etait la jeune monitrice de mon club a l'époque, mieux ? Pareille ? Moins bien ? Franchement aucune idée ! Peut etre etait elle la même que ceux d'aujourd'hui mais je ne m'en rendais pas compte a l'époque et ca ne m'a pas empêché d'évoluer. Chaque chose en son temps en fait..

La technique pour des gamins qui apprennent a monter a cheval on s'en moque, on veut de la pédagogie et que ce soit ludique. Il est toujours temps de changer d'enseignant ensuite. D'ailleurs c'est ce qui se passe dans mon écurie. La monitrice donne les cours des petits niveaux jusqu'au g5/6 et ensuite c'est le coach cavalier pro. Lui par contre il ne touche pas aux petits niveaux, c'est pas son truc!

Quant a vouloir changer de job apres qqs années mais pareil, qui voudrais bosser toute sa vie au même poste avec les contraintes inhérentes sans avoir de possibilité d'évolution ?
Dans la grande majorité des cas c'est quand même ce qui se passe, un enseignant salarié il est quand même condamné a faire ca toute sa vie si sa vocation n'est pas d'ouvrir sa propre structure ou d'être mobile! On peut comprendre qu'a un certain age on ait envie de passer a autre chose, d'évoluer, de changer. C'est pas juste un manque de courage ou de volonté au contraire c'est aussi juste parfois que le métier de moniteur c'est une étape de sa vie.

Bah… y’a plein de jeunes qui partent faire le BP alors qu’ils sont très jeunes, ils veulent vivre de leur passion, ils pensent souvent être cavalier pro aussi… et comme dans plein de filières tu te heurtes à la réalité, que tu ne perçois pas forcément entièrement comme tu es ado.

Ça ne me choque pas…

Surtout que oui ce n’est pas un métier facile et que beaucoup ont oublié que quand tu es moniteur il faut surtout aimer les enfants, plus que ce que tu enseignes !


Après je pense que que les élèves soient plus feignants qu’avant, yen a toujours qui veulent apprendre la technique et la rigueur… à chaque club de savoir le présenter aussi. Mais bon faire une heure de tape cul à tourner en rond dans la carrière pendant que le mono est parti fumer une clope, c’est pas non plus le graal

M'enfin harasstgermain franchement faut vraiment penser a faire un thérapie parce que que vous le vouliez ou non, nous sommes en 2022 et le monde évolue.

Y a plus de haras nationaux et c'est le bordel a l'IFCE, les moniteurs sont incompétents, les nouveaux diplômés son fainéants.. mouai.. peut etre juste aussi que vous n'êtes qu'un vieil aigri qui n'arrive pas a passer le cap ?!

Ca c'est comme quand on trouve tous les autres cons, peut etre que la question a se poser c'est est ce que c'est pas plutot nous le con ?

totox
Je pense que tu as exprimé ce que 90% des membres de Cheval Annonce pensent

Merci pour ce moment !

totox tu as oublié la pénurie de chevaux

totox merci ! C'est pile poil ça.

flakiss j'osais pas parce que ca c'est quand meme assez vrai

domipac19 c’est pire que « avoir peur d’aller crosser », c’est ne pas savoir utiliser un cheval à l’extérieur.
Parce que 100% des cavaliers/moniteurs que tu décris ont une vision méprisante de ceux qui sortent de la carrière ou du manège. Et ils sont incapables de bosser dehors avec l’excuse bateau « mon cheval a trop de sang pour sortir ». Non, tu n’as juste pas le niveau pour…

J’en ai l’exemple (adorable) à la maison d’une semi pro BP qui démarre ses jeunes et qui n’avait JAMAIS fait de vrai trotting.
Très peu de connaissances en nutrition, en pathologies diverses, en gestion des récupérations…
Bref, elle sait tenir sur un cheval et elle pilote. Elle le fait bien. Mais elle a une sacrée marge de progression!!! Et c’est inquiétant parce que ce que je considère comme les bases ne sont pas acquises.
Perso, je lui laisserai un cheval à monter mais pas à gérer au quotidien.